La Legende des Siecles L'oeil distingue, au milieu du gouffre où l'air sanglote, Quelque chose d'informe et de hideux qui flotte, Un grand cachalot mort à carcasse de fer, On ne sait quel cadavre à vau-l'eau dans la mer, Oeuf de titan dont l'homme aurait fait un navire.
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
« Léviathan; c'est là tout le vieux monde, Apre et démesuré dans sa fauve laideur; Léviathan, c'est là tout le passé: grandeur, Horreur. Le dernier siècle a vu sur la Tamise Croître un monstre à qui l'eau sans bornes fut promise, Et qui longtemps, Babel des mers, eut Londre entier Levant les yeux dans l'ombre au pied de son chantier. Effroyable, à sept mâts mêlant cinq cheminées Qui hennissaient au choc des vagues effrénées, Emportant, dans le bruit des aquilons sifflants, Dix mille hommes, fourmis éparses dans ses flancs, Ce titan se rua, joyeux, dans la tempête; Du dôme de Saint-Paul son mât passait le faîte; Le sombre esprit humain, debout sur son tillac, Stupéfiait la mer qui n'était plus qu'un lac; Le vieillard Océan, qu'effarouche la sonde, Inquiet, à travers le verre de son onde, Regardait le vaisseau de l'homme grossissant; Ce vaisseau fut sur l'onde un terrible passant; Les vagues frémissaient de l'avoir sur leurs croupes; Ses sabords mugissaient; en guise de chaloupes, Deux navires pendaient à ses portemanteaux; Son armure était faite avec tous les métaux; Un prodigieux câble ourlait sa grande voile; Quand il marchait, fumant, grondant, couvert de toile, Il jetait un tel râle à l'air épouvanté Que toute l'eau tremblait, et que l'immensité Comptait parmi ses bruits ce grand frisson sonore. La nuit, il passait rouge ainsi qu'un météore; Sa voilure, où l'oreille entendait le débat Des souffles, subissant ce gréement comme un bât, Ses hunes, ses grelins, ses palans, ses amures, Étaient une prison de vents et de murmures; Son ancre avait le poids d'une tour; ses parois Voulaient les flots, trouvant tous les ports trop étroits; Son ombre humiliait au loin toutes les proues; Un télégraphe était son porte-voix; ses roues Forgeaient la sombre mer comme deux grands marteaux; Les flots se le passaient comme des piédestaux Où, calme, ondulerait un triomphal colosse: L'abîme s'abrégeait sous sa lourdeur véloce; Pas de lointain pays qui pour lui ne fût près; Madère apercevait ses mâts, trois jours après L'Hékla l'entrevoyait dans la lueur polaire. La bataille montait sur lui dans sa colère. La guerre était sacrée et sainte en ce temps-là; Rien n'égalait Nemrod si ce n'est Attila; Et les hommes, depuis les premiers jours du monde, Sentant peser sur eux la misère inféconde, La Legende des Siecles LE CRAPAUD 108. »
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La Legende des Siecles Le soir, l'homme qui met de l'huile dans les lampes A son heure ordinaire en descendit les rampes; Là, mangé par les vers dans l'ombre de la mort, Chaque marquis auprès de sa marquise dort, Sans voir cette clarté qu'un vieil esclave apporte.
- gr ammair e : la ponctuation Tu sépares les quatre phrases du texte suivant : Quand venait la nuit j'étais mort de fatigue je réduisais la voilure de ma grand voile je préparais mon deuxième repas de la journée l'air marin me donnait un appétit féroce.
- « Il me semble que nous soyons parvenus à cette époque prédite par Descartes où les hommes em-ploieraient la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres et de tous les autres corps, en même façon que les métiers d'artisan et se rendraient ainsi, maitres de la nature. Mais, par un renversement étrange, cette domination collective se transforme en asservissement dès que l'on descend à l'échelle de l'individu et en un asservissement assez proche de celui que comporte la vi
- La Legende des Siecles Ce monde est mort.
- Nogaret (Guillaume de), milieu du XIII e siècle-1313, né à Saint-Félix-de-Caraman (dans l'actuelle Haute-Garonne), légiste et homme d'État français, garde du Grand Sceau en 1307.