La Legende des Siecles Le drapeau de l'empire, arboré sur ce bruit, Gonfle son aigle immense au souffle de la nuit.
Publié le 12/04/2014
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« Toute lèvre se rue à l'ivresse et s'y plonge; On achève un mourant en perçant un tonneau; L'oeil croit, parmi les os de chevreuil et d'agneau, Aux tremblantes clartés que les flambeaux prolongent, Voir des profils humains dans ce que les chiens rongent; Des chanteurs grecs, portant des images d'étain Sur leurs chapes, selon l'usage byzantin, Chantent Ratbert, césar, roi, vainqueur, dieu, génie; On entend sous les bancs des soupirs d'agonie; Une odeur de tuerie et de cadavres frais Se mêle au vague encens brûlant dans les coffrets Et les boîtes d'argent sur des trépieds de nacre, Les pages, les valets, encor chauds du massacre, Servent dans le banquet leur empereur ravi Et sombre, après l'avoir dans le meurtre servi; Sur le bord des plats d'or on voit des mains sanglantes, Ratbert s'accoude avec des poses indolentes; Au-dessus du festin, dans le ciel blanc du soir, De partout, des hanaps, du buffet, du dressoir, Des plateaux où les paons ouvrent leurs larges queues, Des écuelles où brûle un philtre aux lueurs bleues, Des verres, d'hypocras et de vils écumants, Des bouches des buveurs, des bouches des amants, S'élève une vapeur gaie, ardente, enflammée, Et les âmes des morts sont dans cette fumée. XI TOUTES LES FAIMS SATISFAITES C'est que les noirs oiseaux de l'ombre ont eu raison, C'est que l'orfraie a bien flairé la trahison, C'est qu'un fourbe a surpris le vaillant sans défense, C'est qu'on vient d'écraser la vieillesse et l'enfance. En vain quelques soldats fidèles ont voulu Résister, à l'abri d'un créneau vermoulu; Tous sont morts; et de sang les dalles sont trempées, Et la hache, l'estoc, les masses, les épées N'ont fait grâce à pas un, sur l'ordre que donna Le roi d'Arle au prévôt Sixte Malaspina. Et, quant aux plus mutins, c'est ainsi que les nomme L'aventurier royal fait empereur par Rome, Trente sur les crochets et douze sur le pal Expirent au-dessus du porche principal. Tandis qu'en joyeux chants les vainqueurs se répandent, Auprès de ces poteaux et de ces croix où pendent Ceux que Malaspina vient de supplicier, Corbeaux, hiboux, milans, tout l'essaim carnassier, Venus des monts, des bois, des cavernes, des havres, S'abattent par volée, et font sur les cadavres La Legende des Siecles LA CONFIANCE DU MARQUIS FABRICE 80. »
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