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La Legende des Siecles Et que j'étais déjà barbe grise, elle avait Coutume de venir dès l'aube à mon chevet; Parfois, elle voulait m'attacher mon épée, Et, de la dureté d'une boucle occupée, Ou se piquant les doigts aux clous du ceinturon, Elle riait.

Publié le 12/04/2014

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La Legende des Siecles Et que j'étais déjà barbe grise, elle avait Coutume de venir dès l'aube à mon chevet; Parfois, elle voulait m'attacher mon épée, Et, de la dureté d'une boucle occupée, Ou se piquant les doigts aux clous du ceinturon, Elle riait. C'était le temps où mon clairon Sonnait superbement à travers l'Italie. Ma fille est maintenant sous terre, et nous oublie. D'où vient qu'elle a quitté sa tâche, ô dure loi! Et qu'elle dort déjà quand je veille encor, moi? La fille qui grandit sans la mère, chancelle. Oh! c'est triste, et je hais la mort. Pourquoi prend-elle Cette jeune épousée et non mes pas tremblants? Pourquoi ces cheveux noirs et non mes cheveux blancs? Et, pleurant, il offrait à l'enfant des dragées. --Les choses ne sont pas ainsi bien arrangées; Celui qui fait le choix se trompe; il serait mieux Que l'enfant eût la mère et la tombe le vieux. Mais de la mère au moins il sied qu'on se souvienne; Et, puisqu'elle a ma place, hélas! je prends la sienne. --Vois donc le beau soleil et les fleurs dans les prés! C'est par un jour pareil, les Grecs étant rentrés Dans Smyrne, le plus grand de leurs ports maritimes, Que, le bailli de Rhode et moi, nous les battîmes. Mais regarde-moi donc tous ces beaux jouets-là! Vois ce reître, on dirait un archer d'Attila. Mais c'est qu'il est vêtu de soie et non de serge! Et le chapeau d'argent de cette sainte Vierge! Et ce bonhomme en or! Ce n'est pas très hideux. Mais comme nous allons jouer demain tous deux! Si ta mère était là, qu'elle serait contente! Ah! quand on est enfant, ce qui plaît, ce qui tente, C'est un hochet qui sonne un moment dans la main, Peu de chose le soir et rien le lendemain; Plus tard, on a le goût des soldats véritables, Des palefrois battant du pied dans les étables, Des drapeaux, des buccins jetant de longs éclats, Des camps, et c'est toujours la même chose, hélas! Sinon qu'alors on a du sang à ses chimères. Tout est vain. C'est égal, je plains les pauvres mères Qui laissent leurs enfants derrière elles ainsi-- Ainsi parlait l'aïeul, l'oeil de pleurs obscurci, Souriant cependant, car telle est l'ombre humaine. Tout à l'ajustement de son ange de reine, Il habillait l'enfant, et, tandis qu'à genoux Les servantes chaussaient ces pieds charmants et doux Et, les parfumant d'ambre, en lavaient la poussière, Il nouait gauchement la petite brassière, LA CONFIANCE DU MARQUIS FABRICE 77 La Legende des Siecles Ayant plus d'habitude aux chemises d'acier. IX JOIE HORS DU CHÂTEAU Le soir vient, le soleil descend dans son brasier; Et voilà qu'au penchant des mers, sur les collines, Partout, les milans roux, les chouettes félines, L'autour glouton, l'orfraie horrible dont l'oeil luit Avec du sang le jour, qui devient feu la nuit, Tous les tristes oiseaux mangeurs de chair humaine, Fils de ces vieux vautours nés de l'aigle romaine Que la louve d'airain aux cirques appela, Qui suivaient Marius et connaissaient Sylla, S'assemblent; et les uns, laissant un crâne chauve, Les autres, aux gibets essuyant leur bec fauve, D'autres, d'un mât rompu quittant les noirs agrès, D'autres, prenant leur vol du mur des lazarets, Tous, joyeux et criant, en tumulte et sans nombre, Ils se montrent Final, la grande cime sombre Qu'Othon, fils d'Aleram le Saxon, crénela, Et se disent entre eux: Un empereur est là! X SUITE DE LA JOIE Cloche; acclamations; gémissements; fanfares; Feux de joie; et les tours semblent toutes des phares, Tant on a, pour fêter ce jour grand à jamais, De brasiers frissonnants encombré leurs sommets. La table colossale en plein air est dressée. Ce qu'on a sous les yeux répugne à la pensée Et fait peur; c'est la joie effrayante du mal; C'est plus que le démon, c'est moins que l'animal; C'est la cour du donjon tout entière rougie D'une prodigieuse et ténébreuse orgie; C'est Final, mais Final vaincu, tombé, flétri; C'est un chant dans lequel semble se tordre un cri; Un gouffre où les lueurs de l'enfer sont voisines Du rayonnement calme et joyeux des cuisines; Le triomphe de l'ombre, obscène, effronté, cru; Le souper de Satan dans un rêve apparu. A l'angle de la cour, ainsi qu'un témoin sombre, Un squelette de tour, formidable décombre, Sur son faîte vermeil d'où s'enfuit le corbeau, Dresse et secoue aux vents, brûlant comme un flambeau, Tout le branchage et tout le feuillage d'un orme; Valet géant portant un chandelier énorme. LA CONFIANCE DU MARQUIS FABRICE 78

« Ayant plus d'habitude aux chemises d'acier. IX JOIE HORS DU CHÂTEAU Le soir vient, le soleil descend dans son brasier; Et voilà qu'au penchant des mers, sur les collines, Partout, les milans roux, les chouettes félines, L'autour glouton, l'orfraie horrible dont l'oeil luit Avec du sang le jour, qui devient feu la nuit, Tous les tristes oiseaux mangeurs de chair humaine, Fils de ces vieux vautours nés de l'aigle romaine Que la louve d'airain aux cirques appela, Qui suivaient Marius et connaissaient Sylla, S'assemblent; et les uns, laissant un crâne chauve, Les autres, aux gibets essuyant leur bec fauve, D'autres, d'un mât rompu quittant les noirs agrès, D'autres, prenant leur vol du mur des lazarets, Tous, joyeux et criant, en tumulte et sans nombre, Ils se montrent Final, la grande cime sombre Qu'Othon, fils d'Aleram le Saxon, crénela, Et se disent entre eux: Un empereur est là! X SUITE DE LA JOIE Cloche; acclamations; gémissements; fanfares; Feux de joie; et les tours semblent toutes des phares, Tant on a, pour fêter ce jour grand à jamais, De brasiers frissonnants encombré leurs sommets. La table colossale en plein air est dressée. Ce qu'on a sous les yeux répugne à la pensée Et fait peur; c'est la joie effrayante du mal; C'est plus que le démon, c'est moins que l'animal; C'est la cour du donjon tout entière rougie D'une prodigieuse et ténébreuse orgie; C'est Final, mais Final vaincu, tombé, flétri; C'est un chant dans lequel semble se tordre un cri; Un gouffre où les lueurs de l'enfer sont voisines Du rayonnement calme et joyeux des cuisines; Le triomphe de l'ombre, obscène, effronté, cru; Le souper de Satan dans un rêve apparu. A l'angle de la cour, ainsi qu'un témoin sombre, Un squelette de tour, formidable décombre, Sur son faîte vermeil d'où s'enfuit le corbeau, Dresse et secoue aux vents, brûlant comme un flambeau, Tout le branchage et tout le feuillage d'un orme; Valet géant portant un chandelier énorme.

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