La Legende des Siecles Ce monde est mort.
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
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Venu des profondeurs aurorales du dôme;
Ni le rayonnement d'un ange qui s'en va,
Hors de quelque tombeau béant, vers Jéhovah;
Ni rien de ce qu'en songe ou dans la fièvre on nomme.
Qu'est-ce que ce navire impossible? C'est l'homme.
C'est la grande révolte obéissante à Dieu!
La sainte fausse clef du fatal gouffre bleu!
C'est Isis qui déchire éperdument son voile!
C'est du métal, du bois, du chanvre et de la toile,
C'est de la pesanteur délivrée, et volant;
C'est la force alliée à l'homme étincelant,
Fière, arrachant l'argile à sa chaîne éternelle;
C'est la matière, heureuse, altière, ayant en elle
De l'ouragan humain, et planant à travers
L'immense étonnement des cieux enfin ouverts!
Audace humaine! effort du captif! sainte rage!
Effraction enfin plus forte que la cage!
Que faut-il à cet être, atome au large front,
Pour vaincre ce qui n'a ni fin, ni bord, ni fond,
Pour dompter le vent, trombe, et l'écume, avalanche?
Dans le ciel une toile et sur mer une planche.
Jadis des quatre vents la fureur triomphait;
De ces quatre chevaux échappés l'homme a fait
L'attelage de son quadrige;
Génie, il les tient tous dans sa main, fier cocher
Du char aérien que l'éther voit marcher;
Miracle, il gouverne un prodige.
Char merveilleux! son nom est Délivrance.
Il court
Près de lui le ramier est lent, le flocon lourd;
Le daim, l'épervier, la panthère
Sont encor là, qu'au loin son ombre a déjà fui;
Et la locomotive est reptile, et, sous lui,
L'hydre de flamme est ver de terre.
Une musique, un chant, sort de son tourbillon.
Ses cordages vibrants et remplis d'aquilon
Semblent, dans le vide où tout sombre,
Une lyre à travers laquelle par moment
Passe quelque âme en fuite au fond du firmament
Et mêlée aux souffles de l'ombre.
Car l'air, c'est l'hymne épars; l'air, parmi les récifs
Des nuages roulant en groupes convulsifs,
Jette mille voix étouffées;
Les fluides, l'azur, l'effluve, l'élément,
Sont toute une harmonie où flottent vaguement
On ne sait quels sombres Orphées.
La Legende des Siecles
LE CRAPAUD 112.
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