La Legende des Siecles BOOZ ENDORMI Booz s'était couché de fatigue accablé; Il avait tout le jour travaillé dans son aire, Puis avait fait son lit à sa place ordinaire; Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé.
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
Et Booz murmurait avec la voix de l'âme
'Comment se pourrait-il que de moi ceci vînt?
Le chiffre de mes ans a passé quatre vingt,
Et je n'ai pas de fils, et je n'ai plus de femme.
'Voilà longtemps que celle avec qui j'ai dormi,
O Seigneur! a quitté ma couche pour la vôtre;
Et nous sommes encor tout mêlés l'un à l'autre,
Elle à demi vivante et moi mort à demi.
'Une race naîtrait de moi! Comment le croire?
Comment se pourrait-il que j'eusse des enfants?
Quand on est jeune, on a des matins triomphants,
Le jour sort de la nuit comme d'une victoire;
'Mais, vieux, on tremble ainsi qu'à l'hiver le bouleau.
Je suis veuf, je suis seul, et sur moi le soir tombe,
Et je courbe, ô mon Dieu! mon âme vers la tombe,
Comme un boeuf ayant soif penche son front vers l'eau.'
Ainsi parlait Booz dans le rêve et l'extase,
Tournant vers Dieu ses yeux par le sommeil noyés;
Le cèdre ne sent pas une rose à sa base,
Et lui ne sentait pas une femme à ses pieds.
Pendant qu'il sommeillait, Ruth, une moabite,
S'était couchée aux pieds de Booz, le sein nu,
Espérant on ne sait quel rayon inconnu,
Quand viendrait du réveil la lumière subite.
Booz ne savait point qu'une femme était là,
Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d'elle,
Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle;
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.
L'ombre était nuptiale, auguste et solennelle;
Les anges y volaient sans doute obscurément,
Car on voyait passer dans la nuit, par moment,
Quelque chose de bleu qui paraissait une aile.
La respiration de Booz qui dormait,
Se mêlait au bruit sourd des ruisseaux sur la mousse.
On était dans le mois où la nature est douce,
Les collines ayant des lis sur leur sommet.
Ruth songeait et Booz dormait; l'herbe était noire;
Les grelots des troupeaux palpitaient vaguement;
Une immense bonté tombait du firmament;
C'était l'heure tranquille où les lions vont boire.
La Legende des Siecles LA LÉGENDE DES SIECLES 20. »
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La Legende des Siecles Le soir, l'homme qui met de l'huile dans les lampes A son heure ordinaire en descendit les rampes; Là, mangé par les vers dans l'ombre de la mort, Chaque marquis auprès de sa marquise dort, Sans voir cette clarté qu'un vieil esclave apporte.
- La Legende des Siecles Ce monde est mort.
- La Legende des Siecles L'oeil distingue, au milieu du gouffre où l'air sanglote, Quelque chose d'informe et de hideux qui flotte, Un grand cachalot mort à carcasse de fer, On ne sait quel cadavre à vau-l'eau dans la mer, Oeuf de titan dont l'homme aurait fait un navire.
- La Legende des Siecles C'était de la fureur et c'était de l'extase; Un des enfants revint, apportant un pavé Pesant, mais pour le mal aisément soulevé, Et dit:--Nous allons voir comment cela va faire.
- La Legende des Siecles Et d'Harcourt à prendre Turin.