La justice et la loi

« Les obsèques de l'adolescent qui a trouvé la mort le 23 novembre , après avoir absorbé une trop forte dose de barbituriques, ont été célébrées à Saint-Michel.

près d'Hirson (Aisne) .

Ce drame a connu un grand retentissement depuis deux jours, car la mère de Thierry, M- Hurler, trent&-deux ans , se trouvait en prison au moment de la mort de son enfant, pour une faute que l'on peut qualifier de vénielle.

A ce propos , M.

Paul Duraffour, député de Saône-et-Loire (non-inscrit).

a déposé dimanche soir au bureau de !'Assemblée nationale une question d'actualité.

Il demande à M.

René Pleven, ministre de la justice, • si les conditions dans lesquelles l'lnt611ess6e a été Incarcérée en sep11embre 1972 , suivant le mécanisme du cours inexo­ rable de la justice, n'engagent pas la responsabilité des pouvoirs publics, srnon celle de la société, et s'Il n'y a pae en France la justice des riches, Indulgente et celles dn pauvres, Implacable.

• Article publié dans le journal • Le Monde •, 27-10-72 .

• Force est restée à la loi • Puisqu'il y avait faute -et quelle faute : chèque sans provision de 75 francs pour acheter des lunettes , - il fallait condamner .

La délinquante n'avait probablement rien compris à sa convocation, non plus sans doute qu'à sa condamnation ; elle ignorait ce qu'était un appel, et l'huissier risquait de ne pas le lui avoir appris .

Qu'Importait ? IOu'lmportalt aussi que la délinquante sorte d'un milieu modeste, que son instruction soit sommaire, qu'elle ait eu, à l'époque, neuf enfants ? Le dossier ne l'indiquait sans doute pas, et même si ces précisions y figuraient, pourquoi les juges auraient-ils fait une exception pour un cas si semblable à l'énorme majorité de ceux qui sont évoqués devant les tribunaux correctionnels .

Force est donc restée, comme on dit, à la loi.

Il y a donc eu une femme de plus en prison .

Puis un de ses enfants, même s'il était d'une fragilité psychique qui l'y prédisposait, parce que sa mère lui manquait, a un peu joué avec la mort, comme le font quelquefois les adolescents ; ainsi qu'Il arrive aussi quelquefois , il en est mort.

Et sa mère est sortie de prison .

On observera que ce n'est qu'une de ces inévitables • bavures • de la loi qui, comme on l'a écrit, • Interdit, dans sa majestueuse égalité, au riche comme au I*M'8 de coucher sous les ponts •• ( ...

) Philippe BOUCHER -• Le Monde • 27 novembre 1972 .

• •• e Travail de groupe, avec , si possible, liaison interdisciplinaire avec un profes­ seur d'histoire ou de droit.

Denis Langlois, dans • Les dossiers noirs de la police française • (Ed.

Seuil) écrit : • SI les petits délits, et notamment les atteintes à la propriété, sont poursuivis sans pitié lorsqu'ils sont commis par des pauvres, on constate une impunité à peu près totale dans les affaires économiques et fiscales lorsqu'elles mettent en cause des gens en place.

Ce n'est pas une boutade de dire qu'il vaut mieux voler des milliards qu'une boite de pâté de foie dans un Uni prix • (p.

17) .

- Cette affirmation est une accusation traditionnelle .

- La Raison du plus fort est toujours la meilleure .

1.

10.

- Selon que vous serez puissant ou misérable Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

VIl .

1.

LA FONTAINE.

- (la justice) : Indulgente aux grands , dure aux petits.

Le Mariage de Figaro.

Ill.

5.

--+ Travail de groupe : la peinture de la Justice dans la Littérature et l'Art.

(Daumier Rouault).

- Est-elle encore justifiée de nos jours ? --+ Trvall de groupe : e expoa6 : cas précis de délinquance à partir du livre de R.

Mucchielll • Comment ils deviennent délinquants.

• e enquttas auprès de magistrats, d'avocats, d'assitantes sociales.

etc . ..

e Recherche dans la presse : choisir un ou deux délits graves (spéculations Immobilières - fraude fiscale) et un ou deux délits relativement moins Importants du type, • une boite de pâté de foie dans un Uniprix • et suivez • l'affaire • jusqu'au jugement et aux condamnations éventuelles.

- e Préparation d'un d6bat sur le thème : Justice et loi .. »