La fusée Ariane bientôt opérationnelle : L'Europe de l'espace devient une réalité
Publié le 16/12/2011
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Présentée au public pour la première fois au récent salon aéronautique du Bourget, la fusée Ariane concrétise la mise en place d'une Europe de l'espace, à côté d'une Europe aéronautique dont le succès ne cesse de s'affirmer avec l'Airbus. Plus encore que pour ce dernier, la France y a joué un rôle de leader, en assurant 70 pour cent du financement (suivi par l'Allemagne pour 20 pour cent, la Belgique pour 5 pour cent et huit autres pays européens) et en prenant en charge la plus grande partie des études : sous la direction du Centre National d'Etudes Spatiales ( C.N.E.S. ), la SNIAS était chargée de la conception des 1er et 3e étages et des réservoirs, la Société Européenne de Propulsion (société française) des moteurs, la société Matra de l'électronique et l'Air Liquide des carburants du 3e étage.
«
de revient très inférieur.
Les U.S.A.
ont pris, on le sait, une option très différente face à ce problème
capital du coût des opérations spatiales : la navette
est un vecteur réutilisable (alors que les fusées sont
perdues à l'issue
de leur mission), qui doit per m~ttre de diviser par dix le prix des lancements
spatiaux.
Malheureusement, ils ont rencontré de nombreuses difficultés technologiques, dont toutes
les solutions n'ont pas encore été trouvées, et le dépassement budgétaire est tel qu'il n'est pas
impossible que le Congrès refuse de voter la « ral
longe » nécessaire.
La situation est de ce point de vue assez analogue à celle qui avait conduit à
l'abandon du transport supersonique (SST) alors
que la France et l'Angleterre poursuivaient un pro
jet Concorde moins avance technologiquement
mais qui a pu aboutir effectivement.
L'analogie s'arrête là, toutefois, car
si les conditions d'exploitation du Concorde n'étaient
économiquement justifiées que par une large com
mercialisation sur
l'Atlantique Nord, donc avec
l'accord des u.s.A.
et l'utilisation du supersonique
par les compagnies américaines, la fusée Ariane
n'est pas soumise à ce genre d'impératifs.
L'Europe
est en effet en mesure d'offrir à la fois le lanceur et
les moyens de l'utiliser, avec le centre de Kourou en Guyane.
Le port spatial européen offre même un avantage
considérable : sa situation proche dé l'Equateur
permet
des économies de carburant importantes,
par rapport à Cap Kennedy, de l'ordre de 25 pour
cent, car la vitesse de rotation du globe y est mieux
mise à profit pour donner une vitesse initiale sup
plémentaire au lanceur.
Plusieurs pays ont donc déjà manifesté leur
intérêt pour Ariane et une commercialisation à
quelques
dizaines d'exemplaires n'est pas exclue.
La France·compte d'ailleurs proposer à ses parte
naires européens la création d'une société indus
trielle qui pourrait en assurer la fabrication et la
commercialisation.
La France lance un programme
de satellites opérationnels
Parallèlement à son effort dans le projet Ariane,
la France a pris récemment d'importantes déci
sions qui, selon
le ministre de l'Industrie, M.
Gi
raud,.
doivent « permettre le passage du stock de la
fabrication des prototypes à celui de la constitution
d'une véritable industrie spatiale organisée pour la
conquête des marchés internationaux
».
Ce vaste programme, outre des améliorations
sur la fusée Ariane, prévoit d'ores et déjà la réalisa
tion d'un satellite d'observation de la terre
(SPOT), et surtout le lancement de trois satellites de télé
communications pour l'usage des P.T.T.
(TELECOM 1 }, naturellement tous les quatre lancés par Ariane.
Les satellites de télécommunications sont des
satellites géostationnaires qui servent
de relais pour
des communications à grande distance, par voie de
faisceaux hertziens très directifs : leur avantage
considérable en ce domaine est en effet d'être « à vue » pour une zone très étendue du globe.
Les
Etats-Unis détiennent en ce domaine un monopole
de fait, à la fois par les satellites déjà opérationnels
(Intelsat) et par ceux qu'I.B.M.
mettra en service en 1981 (par sa filiale SBS).
Avec Telecom 1, la France disposera, en 1983, de son propre réseau,
qui permettra aux PTT, d'une part, d'améliorer les liaisons entre la métropole et les départements et
territoires d'Outre-Mer, et d'autre part, à l'intérieur
de nos frontières, d'offrir des nouveaux services
très gourmands en occupation de liaisons : téléco pie, liaisons entre ordinateurs, vidéotexte, etc.
Une autre application des satellites géo
stationnaires avait été envisagée mais elle est
considérée comme non prioritaire, et aucune déci
sion n'avait été envisagée.
Il s'agit du projet
TDFI de satellite de télévision directe : un seul satellite
servant d'émetteur permettrait d'obtenir une cou
verture totale de la France, remplaçant ainsi
les multiples réémetteurs actuellement nécessaires (et
laissant malgré tout des «zones d'ombre»).
Un accord récent entre l'Allemagne et la Chine pour la
fourniture à Pékin de satellites de télévision donne de ce point de vue un certain avantage à la Répu
blique fédérale, avec qui la France pourrait peut
être rechercher un accord
de coopération dans ce
domaine.
Le système Argos a permis
de suivre la transadantique en double
Après quelques essais au début de l'année pour le repérage des voiliers en course de haute mer, le système Argos vient d'être mis à contribution tout
au long de la récente course transatlantique en dou ble, permettant d'avoir en permanence, avec une
excellente précision, la position des navires enga gés.
Le système de localisation utilise les satellites
Tiros-N de la NASA, qui sont des satellites à orbite
polaire héliosynchrone : ils passent ainsi au-dessus
des mêmes points tous les jours, à la même heure
solaire locale.
Développé par le CNES, le système
Argos permet de recueillir, lors des passages des
satellites au-dessus des navires, les messages que
ceux-ci émettent toutes les minutes ; messages
comportant des données météorologiques et éven
tuellement un signal
de détresse que les navigateurs
peuvent déclencher en cas d'urgence.
Ces données
sont enregistrées et rediffusées par le satellite lors
de son passage au-dessus d'une station terrestre de réception : en France, il s'agit de la station de Lan
nion.
Les données sont ensuite dépouillées par
ordinateur, pour obtenir un résultat utilisable,
notamment une localisation du navire émetteur,
environ 6 heures après la réception du message par
le satellite.
Le système Argos sera étendu en 1983, avec
les deux satellites Tiros-N qui seront lancés à cette
époque, sous forme d'un systéme opérationnel
d'alerte et
de recherche en mer, le système Sargos..
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