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La fin de Satan Parce que vous l'aimez, parce que Dieu

Publié le 12/04/2014

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dieu
La fin de Satan Parce que vous l'aimez, parce que Dieu vous aime, Parce que sa clarté brille à travers vos os, Parce que vous plongez vos urnes aux ruisseaux, Parce que vous passez vivants dans la nature, Parce que vous avez, pendant que la torture Me tenaille et que j'ai mon âme pour vautour, Dans vos yeux l'espérance et dans vos coeurs l'amour! Hommes, larves, néants, ombres, faces rapides, Vous n'êtes pas contents; ô favoris stupides, Vous vous plaignez d'aller chaque jour vieillissant, De passer, de sentir refroidir votre sang, Et vous accusez Dieu! Quel rêve est donc le vôtre! J'ai perdu plus que vous, moi; J'ai, l'un après l'autre, Vu tomber mes rayons, comme vous vos cheveux! IV Ne pouvoir remonter, même quand je le veux; Quoi! les morts repentants s'envolent de leurs tombes Radieux, les hiboux se changent en colombes, Les démons pardonnés rentrent au firmament, Et moi, le spectre noir, je les vois lentement Blanchir dans la nuit sombre et redevenir anges! Des astres, fleurs du gouffre, éclosent dans les fanges! Quoi! César est parti; Torquemada s'en va; Busiris, dans la cave où le tient Jéhovah, Distingue une lueur et commence à sourire; Nemrod attend; je viens d'entendre Judas dire, Dans la geôle où, son crime et moi, nous le lions: Je n'ai plus maintenant que quatre millions De siècles à rester à la chaîne dans l'ombre. - Que Judas est heureux! il peut compter un nombre. Pour tous, pour tous, pour tous l'horizon blanchira. Caïn, le vieux Caïn, lui-même sortira! Moi seul, je resterai dans les déserts funèbres. Horreur sans fond! Je suis l'éternel des ténèbres. Je suis le misérable à perpétuité. V Mais je me vengerai sur son humanité, Sur l'homme qu'il créa, sur Adam et sur Eve, Sur l'âme qui sourit, sur le jour qui se lève, Sur toi, l'astre! sur toi, l'aile! sur toi, la fleur! Sur la vierge, et la mère, et sur l'enfant! Malheur! Je défigurerai la face universelle. Serpent, je secouerai dans l'ombre ma crécelle. J'inventerai des dieux: Moloch, Vishnou, Baal. HORS DE LA TERRE III. SATAN DANS LA NUIT 107 La fin de Satan Je prendrai le réel pour briser l'idéal, Les pierres des édens pour bâtir les sodomes. A travers les rameaux de la forêt des hommes On verra mes yeux luire, et l'on dira: c'est lui. Plus effaré du mal que du bien ébloui, Le sage doutera de Dieu. Je mordrai l'âme. J'enlaidirai l'amour dans le coeur de la femme. Je mêlerai ma cendre à ces charbons éteints. Et, mauvais, je rirai, rayant tous leurs instincts Et toutes leurs vertus de l'ongle de mes ailes. Je serai si hideux que toutes les prunelles Auront je ne sais quoi de sombre; et les méchants Et les pervers croîtront comme l'herbe des champs, Le fils, devant le juge aux lèvres indignées, Apparaîtra, tenant dans ses mains des poignées De cheveux blancs du père égorgé. Je dirai Au pauvre: vole; au riche: opprime. Je ferai Jeter le nouveau-né par la mère aux latrines. Tremble, ô Dieu! J'ouvrirai de mes mains leurs poitrines, J'arracherai, fumant, et je tordrai leur coeur, Et j'en exprimerai tous les crimes, l'horreur, La trahison, le meurtre, Achab, Tibère, Atrée, Sur ta création rayonnante et sacrée! Tu seras Providence et moi Fatalité. J'ai fait mieux que la Haine; ô vide! ô cécité! J'ai fait l'Envie. En vain ce Dieu bon multiplie Ces colosses dont l'âme est de rayons remplie, Le génie et l'amour et l'héroïsme; moi Par la négation je fais ronger la foi; Je suis Zoïle; autour des Socrates j'excite Anitus, et je mets sur Achille Thersite, Et tout pleure, et j'égale, à force de venins, A l'éclat des géants le gonflement des nains. La matière a mon signe au front. Je la querelle. J'effare l'eau sans fond sous des gouffres de grêle. Je contrains l'océan, que Dieu tient sous sa loi, Et la terre, à créer du chaos avec moi, Je fais de la laideur énorme avec leur force, Un monstre avec l'écume, un monstre avec l'écorce, Sur terre Béhémoth, Léviathan sur mer. Je complète partout le chaos par l'enfer, La bête par l'idole, et les rats, les belettes, La torpille, l'hyène acharnée aux squelettes, La bave du crapaud, la dent du caïman, Par le bonze, l'obi, le fakir et l'iman. Dieu passe dans le coeur des hommes, j'y séjourne. Sa roue avec un bruit sidéral roule et tourne, Mais c'est mon grain lugubre et sanglant qu'elle moud; Jéhovah reculant sent aujourd'hui partout Une création de Satan sous la sienne; Son feu ne peut briller sans que mon souffle vienne. HORS DE LA TERRE III. SATAN DANS LA NUIT 108
dieu

« Je prendrai le réel pour briser l'idéal, Les pierres des édens pour bâtir les sodomes.

A travers les rameaux de la forêt des hommes On verra mes yeux luire, et l'on dira: c'est lui.

Plus effaré du mal que du bien ébloui, Le sage doutera de Dieu.

Je mordrai l'âme.

J'enlaidirai l'amour dans le coeur de la femme.

Je mêlerai ma cendre à ces charbons éteints.

Et, mauvais, je rirai, rayant tous leurs instincts Et toutes leurs vertus de l'ongle de mes ailes.

Je serai si hideux que toutes les prunelles Auront je ne sais quoi de sombre; et les méchants Et les pervers croîtront comme l'herbe des champs, Le fils, devant le juge aux lèvres indignées, Apparaîtra, tenant dans ses mains des poignées De cheveux blancs du père égorgé.

Je dirai Au pauvre: vole; au riche: opprime.

Je ferai Jeter le nouveau-né par la mère aux latrines.

Tremble, ô Dieu! J'ouvrirai de mes mains leurs poitrines, J'arracherai, fumant, et je tordrai leur coeur, Et j'en exprimerai tous les crimes, l'horreur, La trahison, le meurtre, Achab, Tibère, Atrée, Sur ta création rayonnante et sacrée! Tu seras Providence et moi Fatalité.

J'ai fait mieux que la Haine; ô vide! ô cécité! J'ai fait l'Envie.

En vain ce Dieu bon multiplie Ces colosses dont l'âme est de rayons remplie, Le génie et l'amour et l'héroïsme; moi Par la négation je fais ronger la foi; Je suis Zoïle; autour des Socrates j'excite Anitus, et je mets sur Achille Thersite, Et tout pleure, et j'égale, à force de venins, A l'éclat des géants le gonflement des nains.

La matière a mon signe au front.

Je la querelle.

J'effare l'eau sans fond sous des gouffres de grêle.

Je contrains l'océan, que Dieu tient sous sa loi, Et la terre, à créer du chaos avec moi, Je fais de la laideur énorme avec leur force, Un monstre avec l'écume, un monstre avec l'écorce, Sur terre Béhémoth, Léviathan sur mer.

Je complète partout le chaos par l'enfer, La bête par l'idole, et les rats, les belettes, La torpille, l'hyène acharnée aux squelettes, La bave du crapaud, la dent du caïman, Par le bonze, l'obi, le fakir et l'iman.

Dieu passe dans le coeur des hommes, j'y séjourne.

Sa roue avec un bruit sidéral roule et tourne, Mais c'est mon grain lugubre et sanglant qu'elle moud; Jéhovah reculant sent aujourd'hui partout Une création de Satan sous la sienne; Son feu ne peut briller sans que mon souffle vienne.

La fin de Satan HORS DE LA TERRE III.

SATAN DANS LA NUIT 108. »

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