La fin de Satan Parce que vous l'aimez, parce que Dieu
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
Je prendrai le réel pour briser l'idéal,
Les pierres des édens pour bâtir les sodomes.
A travers les rameaux de la forêt des hommes
On verra mes yeux luire, et l'on dira: c'est lui.
Plus effaré du mal que du bien ébloui,
Le sage doutera de Dieu.
Je mordrai l'âme.
J'enlaidirai l'amour dans le coeur de la femme.
Je mêlerai ma cendre à ces charbons éteints.
Et, mauvais, je rirai, rayant tous leurs instincts
Et toutes leurs vertus de l'ongle de mes ailes.
Je serai si hideux que toutes les prunelles
Auront je ne sais quoi de sombre; et les méchants
Et les pervers croîtront comme l'herbe des champs,
Le fils, devant le juge aux lèvres indignées,
Apparaîtra, tenant dans ses mains des poignées
De cheveux blancs du père égorgé.
Je dirai
Au pauvre: vole; au riche: opprime.
Je ferai
Jeter le nouveau-né par la mère aux latrines.
Tremble, ô Dieu! J'ouvrirai de mes mains leurs poitrines,
J'arracherai, fumant, et je tordrai leur coeur,
Et j'en exprimerai tous les crimes, l'horreur,
La trahison, le meurtre, Achab, Tibère, Atrée,
Sur ta création rayonnante et sacrée!
Tu seras Providence et moi Fatalité.
J'ai fait mieux que la Haine; ô vide! ô cécité!
J'ai fait l'Envie.
En vain ce Dieu bon multiplie
Ces colosses dont l'âme est de rayons remplie,
Le génie et l'amour et l'héroïsme; moi
Par la négation je fais ronger la foi;
Je suis Zoïle; autour des Socrates j'excite
Anitus, et je mets sur Achille Thersite,
Et tout pleure, et j'égale, à force de venins,
A l'éclat des géants le gonflement des nains.
La matière a mon signe au front.
Je la querelle.
J'effare l'eau sans fond sous des gouffres de grêle.
Je contrains l'océan, que Dieu tient sous sa loi,
Et la terre, à créer du chaos avec moi,
Je fais de la laideur énorme avec leur force,
Un monstre avec l'écume, un monstre avec l'écorce,
Sur terre Béhémoth, Léviathan sur mer.
Je complète partout le chaos par l'enfer,
La bête par l'idole, et les rats, les belettes,
La torpille, l'hyène acharnée aux squelettes,
La bave du crapaud, la dent du caïman,
Par le bonze, l'obi, le fakir et l'iman.
Dieu passe dans le coeur des hommes, j'y séjourne.
Sa roue avec un bruit sidéral roule et tourne,
Mais c'est mon grain lugubre et sanglant qu'elle moud;
Jéhovah reculant sent aujourd'hui partout
Une création de Satan sous la sienne;
Son feu ne peut briller sans que mon souffle vienne.
La fin de Satan
HORS DE LA TERRE III.
SATAN DANS LA NUIT 108.
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