La dame de Monsoreau v.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
Cette lettre, monsieur! s'ecria le roi en frappant du pied, ou je vous la fais arracher par quatre Suisses!
Le duc bondit hors de son lit, en tenant la lettre froissee dans ses mains, et avec l'intention manifeste de
gagner la cheminee, afin de la jeter dans le feu.
Vous feriez cela, dit-il, a votre frere?
Henri devina son intention et se placa entre lui et la cheminee.
Non pas a mon frere, dit-il, mais a mon plus mortel ennemi! Non pas a mon frere, mais au duc d'Anjou, qui
a couru toute la soiree les rues de Paris a la queue du cheval de M.
de Guise! a mon frere, qui essaye de me
cacher quelque lettre de l'un ou de l'autre de ses complices, MM.
les princes lorrains.
Pour cette fois, dit le duc, votre police est mal faite.
Je vous dis que j'ai vu sur le cachet ces trois fameuses merlettes de Lorraine, qui ont la pretention d'avaler
les fleurs de lis de France.
Donnez donc, mordieu! donnez, ou....
Henri fit un pas vers le duc et lui posa la main sur l'epaule.
Francois n'eut pas plutot senti s'appesantir sur lui la main royale, il n'eut pas plutot d'un regard oblique
considere l'attitude menacante des quatre mignons, lesquels commencaient a degainer, que, tombant a genoux,
a demi renverse contre son lit, il s'ecria:
A moi! au secours! a l'aide! mon frere veut me tuer.
Ces paroles, empreintes d'un accent de profonde terreur que leur donnait la conviction, firent impression sur le
roi et eteignirent sa colere, par cela meme qu'elles la supposaient plus grande qu'elle n'etait.
Il pensa qu'en
effet Francois pouvait craindre un assassinat, et que ce meurtre eut ete un fratricide.
Alors il lui passa comme
un vertige, a l'idee que sa famille, famille maudite comme toutes celles dans lesquelles doit s'eteindre une
race, il lui passa un vertige en songeant que, dans sa famille, les freres assassinaient les freres par tradition.
Non, dit-il, vous vous trompez, mon frere, et le roi ne vous veut aucun mal du genre de celui que vous
redoutez; du moins vous avez lutte, avouez-vous vaincu.
Vous savez que le roi est le maitre, ou si vous
l'ignoriez, vous le savez maintenant.
Eh bien, dites-le, non-seulement tout bas, mais encore tout haut.
Oh! je le dis, mon frere, je le proclame, s'ecria le duc.
Fort bien.
Cette lettre, alors...
car le roi vous ordonne de lui rendre cette lettre.
Le duc d'Anjou laissa tomber le papier.
Le roi le ramassa, et, sans le lire, le plia et l'enferma dans son aumoniere.
Est-ce tout, sire? dit le duc avec son regard louche.
Non, monsieur, dit Henri, il vous faudra encore pour cette rebellion, qui heureusement n'a point eu de
facheux resultats, il vous faudra, si vous le voulez bien, garder la chambre jusqu'a ce que mes soupcons a
votre egard aient ete completement dissipes.
Vous etes ici, l'appartement vous est familier, commode, et n'a
pas trop l'air d'une prison; restez-y.
Vous aurez bonne compagnie, du moins de l'autre cote de la porte, car,
pour cette nuit, ces quatre messieurs vous garderont; demain matin ils seront releves par un poste de Suisses.
La dame de Monsoreau v.2
CHAPITRE XX.
CHICOT EST DE PLUS EN PLUS ROI DE FRANCE.
141.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La dame de Monsoreau v.
- La dame de Monsoreau v.
- La dame de Monsoreau v.
- La dame de Monsoreau v.
- La dame de Monsoreau v.