La dame de Monsoreau v.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
Ceux qui viendront le verront, repondit le roi.
Les mignons assurerent leurs epees, agraferent leurs manteaux et suivirent le roi, qui, un falot a la main, les
conduisit par le corridor secret que nous connaissons, et par lequel, plus d'une fois deja, nous avons vu la reine
mere et le roi Charles IX se rendre chez leur fille et chez leur soeur, cette bonne Margot dont le duc d'Anjou,
nous l'avons deja dit, avait repris les appartements.
Un valet de chambre veillait dans ce corridor; mais, avant qu'il eut eu le temps de se replier pour avertir son
maitre, Henri l'avait saisi de sa main en lui ordonnant de se taire, et l'avait passe a ses compagnons, lesquels
l'avaient pousse et enferme dans un cabinet.
Ce fut donc le roi qui tourna lui-meme le bouton de la chambre ou couchait monseigneur le duc d'Anjou.
Le duc venait de se mettre au lit, berce par les reves d'ambition qu'avaient fait naitre en lui tous les
evenements de la soiree: il avait vu son nom exalte et le nom du roi fletri.
Conduit par le duc de Guise, il avait
vu le peuple parisien s'ouvrir devant lui et ses gentilshommes, tandis que les gentilshommes du roi etaient
hues, bafoues, insultes.
Jamais, depuis le commencement de cette longue carriere, si pleine de sourdes
menees, de timides complots et de mines souterraines, il n'avait encore ete si avant dans la popularite, et par
consequent dans l'esperance.
Il venait de deposer sur sa table une lettre que M.
de Monsoreau lui avait remise de la part du duc de Guise,
lequel lui faisait en meme temps recommander de ne pas manquer de se trouver le lendemain au lever du roi.
Le duc d'Anjou n'avait pas besoin d'une pareille recommandation, et s'etait bien promis de ne pas se manquer
a lui-meme a l'heure du triomphe.
Mais sa surprise fut grande quand il vit la porte du couloir secret s'ouvrir, et sa terreur fut au comble lorsqu'il
reconnut que c'etait sous la main du roi qu'elle s'etait ouverte ainsi.
Henri fit signe a ses compagnons de demeurer sur le seuil de la porte, et s'avanca vers le lit de Francois, grave,
le sourcil fronce, et sans prononcer une parole.
Sire, balbutia le duc, l'honneur que me fait Votre Majeste est si imprevu....
Qu'il vous effraye, n'est-ce pas? dit le roi, je comprends cela; mais non, non, demeurez, mon frere, ne vous
levez pas.
Mais, sire, cependant...
permettez, fit le duc tremblant et attirant a lui la lettre du duc de Guise qu'il venait
d'achever de lire.
Vous lisiez? demanda le roi.
Oui, sire.
Lecture interessante, sans doute, puisqu'elle vous tenait eveille a cette heure avancee de la nuit?
Oh! sire, repondit le duc avec un sourire glace, rien de bien important, le petit courrier du soir.
Oui, fit Henri, je comprends cela, courrier du soir, courrier de Venus; mais non, je me trompe, on ne
cachette point avec des sceaux d'une pareille dimension les billets qu'on fait porter par Iris ou par Mercure.
La dame de Monsoreau v.2
CHAPITRE XX.
CHICOT EST DE PLUS EN PLUS ROI DE FRANCE.
139.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La dame de Monsoreau v.
- La dame de Monsoreau v.
- La dame de Monsoreau v.
- La dame de Monsoreau v.
- La dame de Monsoreau v.