La dame de Monsoreau v.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
Aussi n'etait-ce pas pour son plaisir particulier, comme pourraient le croire ceux qui connaissent l'egoisme du
duc d'Anjou, qu'il faisait de si belles cavalcades dans la ville.
Non.
Ces promenades tournaient au plaisir des
gentilshommes parisiens, qui etaient venus le rejoindre, des seigneurs angevins, et surtout des dames
angevines.
Dieu d'abord devait s'en rejouir, puisque la cause de la Ligue etait la cause de Dieu.
Puis le roi devait incontestablement en enrager.
Enfin les dames en etaient heureuses.
Ainsi, la grande Trinite de l'epoque etait representee: Dieu, le roi et les dames.
La joie fut a son comble le jour ou l'on vit arriver, en superbe ordonnance, vingt-deux chevaux de main,
trente chevaux de trait, enfin, quarante mulets, qui, avec les litieres, les chariots et les fourgons, formaient les
equipages de M.
le duc d'Anjou.
Tout cela venait, comme par enchantement, de Tours, pour la modique somme de cinquante mille ecus, que
M.
le duc d'Anjou avait consacree a cet usage.
Il faut dire que ces chevaux etaient selles, mais que les selles etaient dues aux selliers; il faut dire que les
coffres avaient de magnifiques serrures, fermant a clef, mais que les coffres etaient vides; il faut dire que ce
dernier article etait tout a la louange du prince, puisque le prince aurait pu les remplir par des exactions.
Mais ce n'etait pas dans la nature du prince de prendre; il aimait mieux soustraire.
Neanmoins l'entree de ce cortege produisit un magnifique effet dans Angers.
Les chevaux entrerent dans les ecuries, les chariots furent ranges sous les remises.
Les coffres furent portes
par les familiers les plus intimes du prince.
Il fallait des mains bien sures, pour qu'on osat leur confier les
sommes qu'ils ne contenaient pas.
Enfin on ferma les portes du palais au nez d'une foule empressee, qui fut convaincue, grace a cette mesure de
prevoyance, que le prince venait de faire entrer deux millions dans la ville, tandis qu'il ne s'agissait, au
contraire, que de faire sortir de la ville une somme a peu pres pareille, sur laquelle comptaient les coffres
vides.
La reputation d'opulence de M.
le duc d'Anjou fut solidement etablie a partir de ce jour-la; et toute la
province demeura convaincue, d'apres le spectacle qui avait passe sous ses yeux, qu'il etait assez riche pour
guerroyer contre l'Europe entiere, si besoin etait.
Cette confiance devait aider les bourgeois a prendre en patience les nouvelles tailles que le duc, aide des
conseils de ses amis, etait dans l'intention de lever sur les Angevins.
D'ailleurs, les Angevins allaient presque
au-devant des desirs du duc d'Anjou.
On ne regrette jamais l'argent que l'on prete ou que l'on donne aux riches.
Le roi de Navarre, avec sa renommee de misere, n'aurait pas obtenu le quart du succes qu'obtenait le duc
d'Anjou avec sa renommee d'opulence.
Mais revenons au duc.
La dame de Monsoreau v.2
CHAPITRE XXXIV.
ROLAND.
223.
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