La Curée Il faut attendre, monsieur, répondit avec colère le domestique effaré, perdant la tête, oubliant qu'il n'était pas à l'office.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
\24 M.
de Mussy ne veut pas, disait une dame.
Il jure qu'il ne le conduit plus...
Voyons, une fois encore,
monsieur de Mussy, rien qu'une petite fois.
Faites cela pour nous.
Mais le jeune attaché d'ambassade restait gourmé dans son col cassé.
C'était vraiment impossible, il avait
juré.
Il y eut un désappointement.
Maxime refusa aussi, disant qu'il ne le pourrait, qu'il était brisé.
M.
Hupel
de la Noue n'osa s'offrir; il ne descendait que jusqu'à la poésie.
Une dame ayant parlé de M.
Simpson, on la fit
taire:
M.
Simpson était le plus étrange conducteur de cotillon qu'on pût voir; il se livrait à des imaginations
fantasques et malicieuses; dans un salon où l'on avait eu l'imprudence de le choisir, on racontait qu'il avait
forcé les dames à sauter pardessus des chaises, et qu'une de ses figures favorites était de faire marcher tout le
monde à quatre pattes autour de la pièce.
\24 Est-ce que M.
de Saffré est parti? demanda une voix d'enfant.
Il partait, il faisait ses adieux à la belle madame Saccard, avec laquelle il était au mieux, depuis qu'elle ne
voulait pas de lui.
Ce sceptique aimable avait l'admiration des caprices des autres.
On le ramena
triomphalement du vestibule.
Il se défendait, il disait avec un sourire qu'on le compromettait, qu'il était un
homme sérieux.
Puis, devant toutes les mains blanches qui se tendaient vers lui:
\24 Allons, dit-il, prenez vos places...
Mais je vous préviens que je suis classique.
Je n'ai pas deux liards
d'imagination.
Les couples s'assirent autour du salon, sur tous les sièges qu'on put réunir; des jeunes gens allèrent chercher
jusqu'aux chaises de fonte de la serre.
C'était un cotillon monstre.
M.
de Saffré, qui avait l'air recueilli d'un
prêtre officiant, choisit pour dame la comtesse Vanska, dont le costume de Corail le préoccupait.
Quand tout
le monde fut en place, il jeta un long regard sur cette file circulaire de jupes flanquées chacune d'un habit
noir.
Et il fit signe à l'orchestre, dont les cuivres sonnèrent.
Des têtes se penchaient le long du cordon souriant
des visages.
Renée avait refusé de prendre part au cotillon.
Elle était d'une gaieté nerveuse, depuis le commencement du
bal, dansant à peine, se mêlant aux groupes, ne pouvant rester en place.
Ses amies la trouvaient singulière.
Elle avait parlé, dans la soirée, de faire un voyage en ballon avec un célèbre aéronaute dont tout Paris
s'occupait.
Quand le cotillon commença, elle fut ennuyée de ne plus marcher à l'aise, elle se tint à la porte du
vestibule, donnant des poignées de main aux hommes qui se retiraient, causant avec les intimes de son mari.
Le baron Gouraud, qu'un laquais emportait dans sa pelisse de fourrure, trouva un dernier éloge sur son
costume d'Otaïtienne.
Cependant M.
Toutin-Laroche serrait la main de Saccard.
\24 Maxime compte sur vous, dit ce dernier.
\24 Parfaitement, dit le nouveau sénateur.
Et, se tournant vers Renée:
\24 Madame, je ne vous ai pas complimentée...
Voilà donc ce cher enfant casé!
Et, comme elle avait un sourire étonné: La Curée
PARTIE VI 138.
»
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