La Chartreuse de Parme trente paysans, au milieu desquels se trouvait vers la fin du combat le curé du village qui avait fait de vains efforts pour séparer les duellistes.
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
LIVRE SECONDE
Par ses cris continuels, cette république nous empêcherait de jouir de la meilleure des monarchies.
(Chap.
xxiii.)
CHAPITRE XIV
Pendant que Fabrice était à la chasse de l'amour dans un village voisin de Parme, le fiscal général Rassi, qui
ne le savait pas si près de lui, continuait à traiter son affaire comme s'il eût été un libéral: il feignit de ne
pouvoir trouver, ou plutôt intimida les témoins à décharge; et enfin, après un travail fort savant de près d'une
année, et environ deux mois après le dernier retour de Fabrice à Bologne, un certain vendredi, la marquise
Raversi, ivre de joie, dit publiquement dans son salon que, le lendemain, la sentence qui venait d'être rendue
depuis une heure contre le petit del Dongo serait présentée à la signature du prince et approuvée par lui.
Quelques minutes plus tard la duchesse sut ce propos de son ennemie."Il faut que le comte soit bien mal servi
par ses agents! se dit-elle; encore ce matin il croyait que la sentence ne pouvait être rendue avant huit jours.
Peut-être ne serait-il pas fâché d'éloigner de Parme mon jeune grand vicaire; mais, ajouta-t-elle en chantant,
nous le verrons revenir, et un jour il sera notre archevêque."La duchesse sonna:
\24 Réunissez tous les domestiques dans la salle d'attente, dit-elle à son valet de chambre, même les cuisiniers;
allez prendre chez le commandant de la place le permis nécessaire pour avoir quatre chevaux de poste, et
enfin qu'avant une demi-heure ces chevaux soient attelés à mon landau.
Toutes les femmes de la maison
furent occupées à faire des malles, la duchesse prit à la hâte un habit de voyage, le tout sans rien faire dire au
comte; l'idée de se moquer un peu de lui la transportait de joie.
\24 Mes amis, dit-elle aux domestiques rassemblés, j'apprends que mon pauvre neveu va être condamné par
contumace pour avoir eu l'audace de défendre sa vie contre un furieux; c'est Giletti qui voulait le tuer.
Chacun
de vous a pu voir combien le caractère de Fabrice est doux et inoffensif.
Justement indignée de cette injure
atroce, je pars pour Florence: je laisse à chacun de vous ses gages pendant dix ans.
Si vous êtes malheureux,
écrivez-moi, et tant que j'aurai un sequin, il y aura quelque chose pour vous.
La duchesse pensait exactement ce qu'elle disait, et, à ses derniers mots, les domestiques fondirent en larmes;
elle aussi avait les yeux humides; elle ajouta d'une voix émue:
\24 Priez Dieu pour moi et pour Mgr Fabrice del Dongo, premier grand vicaire du diocèse, qui demain matin va
être condamné aux galères, ou, ce qui serait moins bête, à la peine de mort.
Les larmes des domestiques redoublèrent et peu à peu se changèrent en cris à peu près séditieux; la duchesse
monta dans son carrosse et se fit conduire au palais du prince.
Malgré l'heure indue, elle fit solliciter une
audience par le général Fontana, aide de camp de service; elle n'était point en grand habit de cour, ce qui jeta
cet aide de camp dans une stupeur profonde.
Quant au prince, il ne fut point surpris, et encore moins fâché de
cette demande d'audience."Nous allons voir des larmes répandues par de beaux yeux, se dit-il en se frottant
les mains.
Elle vient demander grâce; enfin cette fière beauté va s'humilier! elle était aussi trop insupportable
avec ses petits airs d'indépendance! Ces yeux si parlants semblaient toujours me dire à la moindre chose qui la
choquait: Naples et Milan seraient un séjour bien autrement aimable que votre petite ville de Parme.
A la
LIVRE SECONDE 128.
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