La cause de Dieu, défendue par sa justice
Publié le 16/01/2020
Extrait du document
1. L'étude apologétique de la cause de Dieu n’intéresse pas seulement la gloire divine ; nous avons tout autant intérêt à honorer la grandeur de Dieu, c’est-à-dire sa puissance et sa sagesse, qu’à aimer sa bonté, avec la justice et la sainteté qui en découlent, et à l’imiter autant qu’il nous est donné de le faire. Cette étude comporte deux parties : on peut juger la première davantage comme préparatoire, la seconde étant principale. La première envisage la grandeur ét la bonté divines séparément, la seconde envisage ce qui a trait aux deux à la fois, à savoir, la providence par rapport à toutes les créatures, et le gouvernement par rapport aux créatures douées d’entendement, principalement en matière de piété et de salut.
2. La prise en compte de la grandeur divine au détriment de sa bonté a été le fait de théologiens trop rigoristes ; de plus laxistes ont agi à l’inverse ; les vrais orthodoxes ont un égal souci de l’une et l’autre perfection. On peut appeler anthropomorphisme l’erreur de ceux qui minimisent la grandeur de Dieu, et despotisme l’erreur de ceux qui ne tiennent pas compte de sa bonté.
3. Il faut défendre avec soin la grandeur de Dieu, surtout contre les Sociniens1 et contre certains semi-Sociniens, comme Conradus Vorstius 1 qui, en l’occurrence, a commis l’erreur la plus grande. Cette perfection peut être ramenée à deux points capitaux : l’omnipotence et l’omniscience.
4. L’omnipotence comprend, d’une part, l’indépendance de Dieu par rapport aux autres choses, et, d’autre part, la dépendance à toutes ces autres choses par rapport à lui.
5. L’indépendance de Dieu se manifeste dans le fait qu’il existe et qu’il agit : dans le fait d’exister, puisqu’il est nécessaire et éternel et, comme on le dit couramment, un être par soi. De là, il s’ensuit logiquement aussi qu’il est immense.
6. Du point de vue de l’action, il est indépendant naturelle-
ment et moralement. C’est vrai naturellement, puisqu’il est parfaitement libre et n’est déterminé à agir que par lui-même ; à coup sûr, moralement, puisqu’il est anupeuphunos, c’est-à-dire qu’il n’a pas de supérieur.
7. La dépendance des choses par rapport à Dieu s’étend à tous les possibles, c’est-à-dire à tout ce qui n’implique pas contradiction, et aussi à toutes les choses actuelles.
8. La possibilité même des choses, quand elles n’existent pas en acte, a une réalité fondée dans l’existence divine ; car, si Dieu n’existait pas, rien ne serait possible, et les possibles sont de toute éternité dans les idées de l’intelligence divine.
9. Les choses actuelles dépendent de Dieu pour leur existence comme pour leur action, dépendant non seulement de son intelligence, mais aussi de sa volonté. Cela est vrai de leur existence, puisque toutes les choses ont été créées librement par Dieu et lui doivent aussi leur continuité ; et l’on n’a pas tort d’enseigner que leur conservation par Dieu est une création continuée, de la même manière qu’un rayon procède du soleil de façon continue, encore que les créatures n’émanent pas de l’essence de Dieu et ne relèvent pas d’une nécessité.'
10. Du point de vue de l'action, les choses dépendent de Dieu puisqu’il concourt à leurs actions dans la mesure où elles possèdent quelque chose de la perfection qui doit de toute façon provenir de Dieu.
11. Quant au concours de Dieu (même ordinaire, c’est-à-dire non miraculeux), il est à la fois immédiat et spécial. Il est immédiat, puisque l’effet dépend non seulement de Dieu en ce que sa cause a tiré son origine de Dieu, mais encore parce que Dieu ne concourt pas moins, ni plus indirectement à produire l’effet lui-même que sa cause.
12. Mais son concours est spécial, parce qu’il a pour visée non seulement l’existence de la chose et ses actions, mais aussi sa modalité et ses manières d’être, dans la mesure où celles-ci recèlent en elles quelque chose de la perfection qui découle toujours de Dieu, père des lumières et dispensateur de tout bien.
13. Jusqu’ici il s’est agi de la puissance de Dieu : parlons maintenant de sa sagesse, qu’en raison de son immensité, on appelle omniscience. Puisqu’elle est elle-même tout à fait parfaite (tout autant que l’omnipotence), elle embrasse toute idée et toute vérité, c’est-à-dire toutes les choses, les simples et les complexes, qui peuvent être objets de connaissance. De même, elle s’exerce autant sur les choses possibles que sur les choses existantes.
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1.
L'étude apologétique de la cause de Dieu n'intéresse pas
seulement la gloire divine ; nous avons tout autant intérêt à
honorer la grandeur de Dieu, c'est-à-dire sa puissance,et sa
sagesse, qu'à aimer sa bonté, avec la justice et la sainteté qui
en découlent, et à l'imiter autant qu'il nous est donné de le
faire.
Cette étude comporte deux parties : on peut juger la
première davantage comme préparatoire, la seconde étant
principale.
La première envisage la grandeur ét la bonté divines
séparément, la seconde envisage ce qui a trait aux deux à la
fois, à savoir, la providence par rapport à toutes les créatures,
et le gouvernement par rapport aux créatures douées d'enten
dement, principalement en matière de piété et de salut.
2.
La prise en compte de la grandeur divine au détriment de sa
bonté a été le fait de théologiens trop rigoristes ; de plus
laxistes ont agi à l'inverse ; les vrais orthodoxes ont un égal
souci de l'une et l'autre perfection.
On peut appeler
anthropomorphisme l'erreur de ceux qui minimisent la
grandeur de Dieu, et despotisme l'erreur de ceux qui ne
tiennent pas compte de sa bonté.
3.
Il faut défendre avec soin la grandeur de Dieu, surtout
contre les Sociniens ' et contre certains semi-Sociniens,
comme Conradus Vorstius 2 qui, en l'occurrence, a commis
l'erreur la plus grande.
Cette perfection peut être ramenée à
deux points capitaux : l'omnipotence et l'omniscience.
4.
L'omnipotence comprend, d'une part, l'indépendance de
Dieu par rapport aux autres choses, et, d'autre part, la
dépendance à toutes ces autres choses par rapport à lui.
5.
L'indépendance de Dieu se manifeste dans le fait qu'il
existe et qu'il agit : dans le fait d'exister, puisqu'il est
nécessaire et éternel et, comme on le dit couramment, un être
par soi.
De là, il s'ensuit logiquement aussi qu'il est immense.
6.
Du point de vue de l'action, il est indépendant naturelle
ment et moralement.
C'est vrai naturellement, puisqu'il est
parfaitement libre et n'est déterminé à agir que par lui-même ;
à coup sûr, moralement, puisqu'il est anupeuphunos, c'est-à
dire qu'il n'a pas de supérieur.
1.
Les Sociniens ne croient ni à la 2.
Théologien du xv1• siècle qui niait divinité du Christ ni à la Trinité.
la prescience divine.
52.
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