Jules Laforgue (1840-1887), Premiers poèmes.
Publié le 27/04/2011
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On les voit chaque jour, filles-mères, souillons, Béquillards mendiant aux porches des églises, Gueux qui vont se vêtir à la halle aux haillons, Crispant leurs pieds bleuis aux morsures des bises ; Mômes pieds nus, morveux, bohèmes loqueteux, Peintres crottés, ratés, rêveurs humanitaires Aux coffres secoués de râles caverneux, Dans leur immense amour oubliant leurs misères : Les rouleurs d'hôpitaux, de souffrance abrutis, Les petits vieux cassés aux jambes grelottantes Dont le soleil jamais n'égayé les taudis, Clignant des yeux éteints aux paupières sanglantes Et traînant un soulier qui renifle aux ruisseaux ; — Tous vaincus d'ici-bas, — quand Paris s'illumine, On les voit se chauffer devant les soupiraux, Humer joyeusement les odeurs de cuisine, Et le passant qui court à ses plaisirs du soir Lit dans ces yeux noyés de lueurs extatiques Brûlant de pleurs de sang un morceau de pain noir : Oh ! les parfums dorés montant des lèchefrites ! Jules Laforgue (1840-1887), Premiers poèmes. Vous ferez de ce poème un commentaire composé. En vous gardant de faire une simple explication juxtalinéaire et de séparer la forme du fond, vous pourriez montrer par exemple comment l'accumulation de figures ainsi mises en scène évoque un univers et des sentiments particuliers.
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