JOINVILLE (1224-1317). Les Bédouins
Publié le 22/06/2011
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Comme Villehardouin, Jean, sire de Joinville, sénéchal de Champagne, nous a laissé un récit de croisade. Son livre a un intérêt supérieur à celui de son devancier; car Joinville s'occupe non seulement de nous faire connaître le roi saint Louis, dont il avait été un des amis les plus intimes, mais il y ajoute des impressions personnelles et pittoresques sur la croisade de 1248. — Le style de Joinville charme par sa naïveté, sa sincérité, et souvent par son réalisme. Joinville accompagna saint Louis dans sa croisade d'Égypte. Il rapporte naïvement ses impressions sur les habitants du pays; et l'on peut juger de son exactitude, puisque les Arabes de nos jours ressemblent encore aux Bédouins de Joinville. Les Bédouins ne demeurent ni dans des villes, ni dans des châteaux, mais restent toujours aux champs; et leur ménage, leurs femmes, leurs enfants logent, le, soir, de nuit, ou de jour quand il fait mauvais temps, en une sorte de campement qu'ils font de cercles de tonneaux liés à des perches, comme les chars des dames sont ; et sur ces cercles ils jettent des peaux de moutons que l'on appelle peaux de Damas, corroyées dans l'alun. Les Bédouins eux-mêmes en ont de grandes pelisses qui leur couvrent tout le corps, leurs jambes et leurs pieds. Quand il pleut le soir, et qu'il fait mauvais temps pendant la nuit, ils s'enferment dans leurs pelisses, et ôtent les freins à leurs chevaux et les laissent paître auprès d'eux. Quand vient le lendemain, ils étendent de nouveau leurs pelisses au soleil et les corroyent, et bientôt il n'y paraît pas qu'elles aient été mouillées le soir. Leur croyance est telle que nul ne peut mourir qu'à son jour, et à cause de cela ils ne se veulent pas armer; et quand ils maudissent leurs enfants, ils leur disent ainsi : « Ainsi sois-tu maudit, comme le Franc qui s'arme par peur de la mort. s En bataille, ils ne portent rien que l'épée et le glaive. Presque tous sont vêtus de surplis, comme les prêtres; leurs têtes sont enveloppées de toiles qui leur vont par-dessous le menton, à cause de quoi ils sont gens laids et hideux à regarder; car les cheveux de leurs têtes et leurs barbes sont tout noirs. Ils vivent du lait de leurs bêtes et achètent les pâturages dans les prairies aux riches hommes, pâturages dont leurs bêtes vivent-. Nul ne saurait dire leur nombre; car il y en a au royaume d'Égypte, au royaume de Jérusalem et dans toutes les autres terres des Sarrasins et des mécréants, à qui ils payent de grands tributs chaque année.
(Vie de saint Louis, § 628-630.)
Liens utiles
- Joinville (Jean, sire de ), vers 1224-1317, né au château de Joinville (HauteMarne), sénéchal de Champagne, chroniqueur français.
- JOINVILLE, Jean, sire de (1224-24 décembre 1317) Chroniqueur Il est le fils du sénéchal des comtes de Champagne, Simon de Joinville, et de la fille d'Etienne III, comte d'Auxonne, Béatrix, elle-même cousine de l'empereur Frédéric II.
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