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JÉROME et JEAN THARAUD: Les ânes au Maroc - Rabat ou les heures marocaines

Publié le 21/06/2011

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maroc

Les deux frères Tharaud ont débuté en 1906, avec Dingley, l'illustre écrivain, qui obtint le prix Goncourt, et où ils avaient pour héros le célèbre Kipling. Ils donnèrent ensuite des romans très documentés, véritables études sociales et politiques, tels que : l'Ombre de la croix, Quand Israël est roi, Marrakech, etc. Ils sont actuellement les maîtres du roman exotique.

Les ânes au Maroc (1919).

La résignation (plus apparente que réelle de) l'âne, a touché le coeur de plus d'un poète et d'un romancier. Avant J. et J. Tharaud, Alphonse Daudet, dans Tartarin, avait pris en pitié le petit âne des pays chauds. De tous côtés, les petits ânes, entravés par leurs pattes de devant, se roulaient dans le fumier, ou bien sautaient comiquement, avec des gestes saccadés de jouets mécaniques, pour disputer aux poules les grains d'orge ou de paille hachée qui avaient glissé des couffins. Les pauvres, comme ils étaient pelés, teigneux, galeux, saignants! Vraiment le destin les accable. Un mot aimable du Prophète, et leur sort eût été changé. Mais le Prophète a dit que leur braiement est le bruit le plus laid de la nature. Et les malheureux braient sans cesse! Tandis qu'ils vont la tête basse, ne pensant qu'à leur misère, un malicieux génie s'approche et leur souffle tout bas : « Patience! Ne t'irrite pas! Sous peu, tu seras nommé sultan! « Un instant, la bête étonnée agite les oreilles, les pointé en avant, les retourne, hésitant à prêter foi à ce discours incroyable; puis brusquement sa joie éclate, et dans l'air s'échappent des cris que le plus vigoureux bâton n'arrive pas à calmer.... Ane charmant, toujours déçu, toujours frappé, toujours meurtri, et pourtant si résigné, si gracieux dans son martyre! Si j'étais riche Marocain, je voudrais avoir un âne, mais un âne pour ne rien faire, un âne qui n'irait pas au marché, un âne qui ne tournerait pas la noria, un âne qui ne connaîtrait pas la lourdeur des couffins chargés de bois, de chaux, de légumes, de moellons ; un âne que j'abandonnerais à son caprice, à ses plaisirs, un âne enfin pour réparer en lui tout le malheur qui pèse sur les baudets d'Islam, et pour qu'on puisse dire : « Il y a quelque part au Maroc, un âne qui n'est pas malheureux. «

(Rabat ou les heures marocaines, Plon, édit.).

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble. — L'auteur nous montre, dans un croquis pittoresque, les petits ânes au Maroc, et, avec un humour où se mêle une affectueuse pitié, font des réflexions sur leur triste sort : Quel est le ton de ce morceau? Où se passe la petite scène évoquée dans les premières lignes ? Quels sont les traits de couleur locale qui contribuent à la situer? Connaissez-vous d'autres textes où le malheureux sort des ânes a été pris en pitié ? (La Fontaine, Buffon, A. Daudet, Francis Jammes).... II. — L'analyse du morceau. — a) Les petits ânes au Maroc : Quel est le terme qui, dans ce texte, indique leur multiplicité ? Leur petite taille ne contribue-t-elle pas à l'apitoiement de l'auteur? Pourquoi ? L'attitude et les gestes des petits ânes ne sont-ils pas évoqués avec vérité et de façon amusante? (à développer); Par quelle épithète s'exprime dans cette première partie du texte, la pitié de l'auteur? Quels mauvais traitements pensez-vous que les malheureux ânes ont dû subir pour être ainsi pelés, teigneux, galeux, saignants? Comment l'auteur explique-t-il le discrédit dont souffrent les ânes? — b) L'interprétation humoristique du braiement de l'âne : Qu'a de plaisant la prétendue révélation du malicieux génie à l'âne ? Quelle est la réaction de l'âne à l'annonce de cette magnifique nouvelle ? Son attitude n'est-elle pas admirablement rendue et ne semble-t-il pas éprouver tout à fait les sentiments que lui prête l'auteur ? (à développer); Comment l'âne subit-il son martyre? — c) Le souhait de l'auteur : Formulez ce souhait ? Qu'a-t-il de généreux? de plaisant? Pour montrer tout ce que ce voeu a d'étrange et d'irréalisable, il détaille complaisamment toutes les corvées dont son âne serait dispensé (un âne gui...; un âne qui...).

III. — Le style; — les expressions. — Faites ressortir, par des exemples, le pittoresque du style, sa précision, son mouvement...; Expliquez : entravés, gestes saccadés, teigneux, galeux, moellons; Comment s'appelle le cri du cheval, du lion, du cerf, de l'éléphant?

IV. — Grammaire. — Indiquez quelques mots de la famille de chaux, de génie; Citez un homonyme de Marocain, et donnez sa signification; Justifiez l'orthographe de glissé (1re phrase du morceau); A quel temps est voudrais? (dernier paragraphe). Conjuguez le verbe vouloir au passé simple et au présent du subjonctif.

Rédaction. — Un petit âne de France, de retour du marché à la ville voisine, conte sa journée à ses compagnons de ferme.

 

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