JEAN RICHEPIN (1849-1926). La plainte du bois.
Publié le 21/06/2011
Extrait du document
Jean Richepin a publié plusieurs recueils de vers : la Chanson des Gueux, la Mer, etc. Il se rattache, par l'éclat de ses images, à l'École romantique, et, par les sujets traités, à l'École parnassienne et réaliste.
La plainte du bois.
Dans l'âtre flamboyant le feu siffle et détone. Et le vieux bois gémit d'une voix monotone. Il dit qu'il était né pour vivre dans l'air pur, Pour se nourrir de terre et s'abreuver d'azur, Pour grandir lentement et pousser chaque année Plus haut, toujours plus haut, sa tête couronnée, Pour parfumer avril de ses grappes de fleurs, Pour abriter les nids et les oiseaux siffleurs, Pour jeter dans le vent mille chansons joyeuses, Pour vêtir tour à tour ses robes merveilleuses, Son manteau de printemps, de fins bourgeons couvert, Et la pourpre en automne, et l'hermine en hiver. Il dit que l'homme est dur, avare et sans entrailles, D'avoir à coups de hache et par d'âpres entailles Tué l'arbre; car l'arbre est un être vivant.... Et dans l'âtre en brasier le bois geint et se tord. — O bois, tu n'es pas sage et tu te plains à tort. Nos mains en te coupant ne sont pas assassines. Enchaîné, subissant l'entrave des racines, Tu végétais au même endroit, sans mouvement, Et conjoint à la terre inséparablement. Toi qui veux être libre et qui proclames l'arbre Vivant, tu demeurais planté là comme un marbre, Captif en ton écorce ainsi qu'en un réseau, Et tu ne devinais l'essor que par l'oiseau. Nous t'avons délivré du sol où tu te rives, Et te voilà flottant sur l'eau, voyant des rives Avec leurs bateliers, leurs maisons, leurs chevaux. O les cieux différents! les horizons nouveaux! Que de biens inconnus tu vas enfin connaître! Quel souffle d'aventure étrange te pénètre! Mais tout cela n'est rien. Car tu rampes encor. Qu'on le fende et le brûle, et qu'il prenne l'essor! Et le feu furieux te dévore la fibre. Ah! tu vis maintenant, tu vis, te voilà libre ! Plus haut que les parfums printaniers de tes fleurs, Plus haut que les chansons de tes oiseaux siffleurs, Plus haut que tes soupirs, plus haut que mes paroles, Dans la nue et l'espace infini tu t'envoles! « Vers ces roses vapeurs où le soleil du soir S'éteint comme une braise au fond d'un encensoir, Vers ce firmament bleu dont la gloire allumée Absorbe avec amour ton âme de fumée, Vers ce mystérieux et sublime lointain Où viendra s'éveiller demain le frais matin, Où luiront, cette nuit, les splendeurs sidérales, Monte, monte toujours, déroule tes spirales, Monte, évanouis-toi, fuis, disparais! Voici Que ton dernier flocon flotte seul, aminci, Et se fond, se dissout, s'en va. Tu perds ton être; Aucun oeil à présent ne peut te reconnaître; Et toi qui regrettais le grand ciel et l'air pur, O vieux bois, tu deviens un morceau de l'azur.
(La Chanson des Gueux, Fasquelle, édit.)
QUESTIONS D'EXAMEN
I. — L'ensemble. — Pièce qui témoigne d'une admirable imagination poétique. — Quelle idée générale est développée dans la première partie ? — dans la seconde ? Montrez que le poète, dans sa réponse, reprend les principaux arguments invoqués par le bois; Ne fait-il pas preuve d'une observation exacte, en parlant du bois qui siffle, détone, gémit et se tord? A quelle faculté laisse-t-il un libre essor dans le reste de la pièce ? Indiquez quelques-unes des belles images de la première partie; Est-il une des parties que vous admiriez plus que l'autre ? Laquelle ? (dire pourquoi); Dites l'impression que laisse en vous la lecture de cette pièce.
II. — L'analyse du morceau. — Les deux parties du morceau sont faciles à distinguer : donnez un titre à l'une et à l'autre; Quel est le bois qui siffle et détone? Que fait le vieux bois ? Indiquez les deux points sur lesquels insiste le bois, dans son langage (Pourquoi il était né, — et l'homme, sans entrailles, l'a tué); Montrez que l'arbre est ainsi personnifié; Pourquoi le poète, dans sa réponse, dit-il à l'arbre : tu te plains à tort ? (indiquez les arguments dont il se sert); Faites remarquer que la réponse est bien adaptée, bien adéquate à la plainte. (Le poète ne se borne pas à examiner les arguments mêmes de l'arbre, il se sert aussi de ses propres expressions : les parfums printaniers de tes fleurs, les chansons de tes oiseaux siffleurs...).
III. — Le style; — les expressions. — Montrez la justesse et la précision des termes (le feu siffle et détone...; le vieux bois gémit..., geint et se tord...); Le style de cette pièce n'est-il pas pittoresque? Relevez quelques images et faites-en remarquer la puissance évocatrice (Exemple :
Pour jeter dans le vent mille chansons joyeuses, Pour vêtir tour à tour ses robes merveilleuses).
Indiquez quelques-unes des belles périodes de la seconde partie (faire ressortir ici l'éloquence du style); Le dernier vers ne renferme-t-il pas une antithèse? (l'indiquer); Par quelle magnifique image ce vers se termine-t-il ?
IV. — La grammaire. — Indiquez la composition de monotone, et aminci; Trouvez un synonyme de vieux (le vieux bois); Quels sont les compléments de : était né? Nature et fonction de chacun des mots suivants : Toi qui veux être libre....
Rédaction. — Faites, en vous inspirant de la poésie de J. Richepin, le tableau d'un arbre aux différentes époques de l'année.
«
I.
— L'ensemble.
— Pièce qui témoigne d'une admirable imagination poétique.
— Quelle idée générale est développéedans la première partie ? — dans la seconde ? Montrez que le poète, dans sa réponse, reprend les principauxarguments invoqués par le bois; Ne fait-il pas preuve d'une observation exacte, en parlant du bois qui siffle, détone,gémit et se tord? A quelle faculté laisse-t-il un libre essor dans le reste de la pièce ? Indiquez quelques-unes desbelles images de la première partie; Est-il une des parties que vous admiriez plus que l'autre ? Laquelle ? (direpourquoi); Dites l'impression que laisse en vous la lecture de cette pièce.
II.
— L'analyse du morceau.
— Les deux parties du morceau sont faciles à distinguer : donnez un titre à l'une et àl'autre; Quel est le bois qui siffle et détone? Que fait le vieux bois ? Indiquez les deux points sur lesquels insiste lebois, dans son langage (Pourquoi il était né, — et l'homme, sans entrailles, l'a tué); Montrez que l'arbre est ainsipersonnifié; Pourquoi le poète, dans sa réponse, dit-il à l'arbre : tu te plains à tort ? (indiquez les arguments dont ilse sert); Faites remarquer que la réponse est bien adaptée, bien adéquate à la plainte.
(Le poète ne se borne pas àexaminer les arguments mêmes de l'arbre, il se sert aussi de ses propres expressions : les parfums printaniers de tesfleurs, les chansons de tes oiseaux siffleurs...).
III.
— Le style; — les expressions.
— Montrez la justesse et la précision des termes (le feu siffle et détone...; levieux bois gémit..., geint et se tord...); Le style de cette pièce n'est-il pas pittoresque? Relevez quelques images etfaites-en remarquer la puissance évocatrice (Exemple :
Pour jeter dans le vent mille chansons joyeuses,Pour vêtir tour à tour ses robes merveilleuses).
Indiquez quelques-unes des belles périodes de la seconde partie (faire ressortir ici l'éloquence du style); Le derniervers ne renferme-t-il pas une antithèse? (l'indiquer); Par quelle magnifique image ce vers se termine-t-il ?
IV.
— La grammaire.
— Indiquez la composition de monotone, et aminci; Trouvez un synonyme de vieux (le vieuxbois); Quels sont les compléments de : était né? Nature et fonction de chacun des mots suivants : Toi qui veuxêtre libre....
Rédaction.
— Faites, en vous inspirant de la poésie de J.
Richepin, le tableau d'un arbre aux différentes époques del'année..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- GLU (La) de Jean Richepin (1849-1926) (résumé)
- Richepin Jean, 1849-1926, né à Médéa (aujourd'hui Lemdiyya, Algérie), écrivain français.
- Richepin Jean, Médéa, Alger 1849 - Paris 1926 (Biographie)
- Richepin Jean, Médéa, Alger 1849 - Paris 1926 (encyclopédie)
- CHANSON DES GUEUX (La) Jean Richepin