Jean-Jacques Rousseau, La nouvelle Héloïse, IVe partie, lettre 17
Publié le 26/04/2011
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Ce lieu solitaire formait un réduit sauvage et désert ; mais plein de ces sortes de beautés qui ne plaisent qu'aux âmes sensibles et paraissent horribles aux autres. Un torrent formé par la fonte des neiges roulait à vingt pas de nous une eau bourbeuse, et charriait avec bruit du limon, du sable et des pierres. Derrière nous une chaîne de roches inaccessibles séparait l'esplanade où nous étions de cette partie des Alpes qu'on nomme les glacières, parce que d'énormes sommets de glace qui s'accroissent incessamment les couvrent depuis le commencement du monde. Des forêts de noirs sapins nous ombrageaient tristement à droite. Un grand bois de chênes était à gauche au-delà du torrent, et au-dessous de nous cette immense plaine d'eau que le lac forme au sein des Alpes nous séparait des riches côtes du pays de Vaud, dont la cime du majestueux Jura couronnait le tableau. Au milieu de ces grands et superbes objets, le petit terrain où nous étions étalait les charmes d'un séjour riant et champêtre ; quelques ruisseaux filtraient à travers les rochers, et roulaient sur la verdure en filets de cristal. Quelques arbres fruitiers sauvages penchaient leurs têtes sur les nôtres ; la terre humide et fraîche était couverte d'herbe et de fleurs. En comparant un si doux séjour aux objets qui l'environnaient, il semblait que ce heu désert dût être l'asile de deux amants échappés seuls au bouleversement de la nature. Jean-Jacques Rousseau, La nouvelle Héloïse, IVe partie, lettre 17, 1761. Sous la forme d'un commentaire composé (sans vous limiter nécessairement à la démarche proposée), vous étudierez le paysage évoqué par l'auteur; vous montrerez, par exemple, comment ce cadre crée un climat favorable à l'épanouissement des émotions de deux êtres qui s'aiment, et comment Rousseau illustre cette communion de la nature et des âmes qui annonce les textes romantiques.
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