Jean GUÉHENNO. Enseigner : éveiller la curiosité, (Sur le chemin des hommes.)
Publié le 22/03/2011
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Il n'est pas vrai qu'on devienne un homme rien qu'en s'amusant. Il y faut un effort propre. Il n'y eut jamais de vraie culture que par la rencontre de la difficulté. Ni grammaire, ni calcul, ni latin, ni vertu, ni rien sans au moins quelques larmes. Il faut monter de partout et se donner quelque peine pour s'établir sur les hauts lieux. « Mais, pédagogues, nous prenons sans doute trop souvent nos moyens pour des fins et nous nous comportons comme si les petits enfants, devenus des hommes, ne devaient jamais savoir que ce que nous leur aurons appris. Nous les enfermons avec nous dans nos abstractions et nos explications savantes. Cela peut n'engendrer que du dégoût. Ainsi Racine, Corneille et Molière ne sont-ils si peu lus en France que parce qu'on les y explique trop. Il nous arrive d'user tout, et les plus grands chefs-d'œuvre, jusqu'à la corde. « Une pédagogie ouverte serait d'abord préoccupée de ne jamais rien tuer et ne se proposerait rien avec plus de souci que de faire naître ou d'entretenir le plus merveilleux de l'homme, sa curiosité. Diderot disait que nous avons seulement à disposer tous les hommes à devenir avec le temps des hommes profonds. Le temps, la vie s'en chargeront, mais il nous faut les disposer à tirer bon parti du temps et de la vie. Il est si clair que notre propre misérable petite science, tout ce que nous pouvons leur apprendre n'est véritablement rien par rapport à ce qu'ils devront apprendre seuls et savoir! L'éducation n'est jamais finie. Nous aurions fait tout notre devoir de pédagogues si nous avions donné aux jeunes gens quelques clés de la vie; la curiosité est la principale, celle qui ouvre le plus de portes. Tout cela qui fut vrai toujours l'est bien davantage aujourd'hui. Il faut préparer les hommes à leurs loisirs, à ce temps libre qu'ils auront, le travail fini, pour devenir vraiment des hommes. Il ne s'agit jamais que d'apprendre aux enfants et aux hommes à lire et de leur faire, le plus tôt possible, de la lecture, un besoin, une habitude, une manie. Préparons modestement des hommes qui soient pour toute leur vie des autodidactes. On imagine telle méthode d'enseignement qui serait toute fondée sur la lecture, telle classe qui ne se développerait que par rapport à une bibliothèque attenante. Toute heure d'enseignement ne serait qu'une provocation, une invitation pour chaque esprit, aux voyages et aux découvertes que seul il peut faire. Un enfant ne peut savoir ni même sentir à quel point il ne sait pas et à quel point il a à apprendre. Mais un vrai maître le sait pour lui et, alors, le conduit au bord de tous les mystères et lui donne le désir de s'embarquer. Il ne s'agit pas d'imposer aux adolescents, ni ensuite aux hommes, la lecture, mais de la leur rendre nécessaire et de leur donner idée qu'en tel ou tel livre ils trouveront tel compagnon qui a vraiment vécu, pensé pour eux et de leur faire désirer cette prodigieuse rencontre. Selon votre préférence vous résumerez ce texte en respectant son mouvement, ou vous l'analyserez en distinguant et en ordonnant les thèmes qu'il comporte, de façon à mettre en évidence leur importance relative sans vous astreindre nécessairement à suivre le fil du développement Vous inscrirez très nettement en tête de cette première partie de votre copie le mot « résumé « ou « analyse «. Après ce résumé ou cette analyse, vous dégagerez du texte un problème auquel vous attachez un intérêt particulier, vous en préciserez les données, vous les discuterez s'il y a lieu, et vous exposerez, en les justifiant, vos propres vues sur la question.
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