Jean-François Samlong L’Arbre de violence - Sujet non corrigé
Publié le 21/01/2020
Extrait du document
Jean-François Samlong
L’Arbre de violence
Grasset, 1994
Dans ce passage situé au début du roman, le personnage principal, Boaz, se souvient d’un épisode de son enfance.
Les coups, c’était pour moi...
Il1 ne pouvait rien garder pour lui, ni de ce qu’il avait avalé, ni de ce qu’il avait vu, ni de ce qu’il avait entendu ou parfois cru entendre, et dans la minute suivante, le tuyau déversait, pissait, vomissait tout dans l’oreille en entonnoir de mon père. Je n’avais pas bougé le petit doigt qu’il en était déjà informé, et quand je voyais les mains desserrer le ceinturon, je savais à quoi m’attendre. Les coups, c’était pour moi, le geste tendre pour le cadet. Souvent ma révolte donnait de la voix : « C’est pas vrai ! J’ai pas été à la rivière ». Lui répondait, dans l’aigu des mots : « C’est une menterie. Je l’ai vu, moi. Il s’est baigné tout nu avec le fils Robert. C’est à cause de ça que son short n’est pas mouillé. Après, la fille Robert est venue. Héva qu’elle s’appelle. Elle n’est pas rentrée dans l’eau, mais j’ai vu leurs yeux rire ! » Là, je me taisais. Je rassemblais mes forces afin de mieux résister à la brûlure du cuir sur mes jambes.
Mais le plus douloureux, c’était d’entendre le gringalet2 hurler : « Encore, père ! encore... » L’Autre criait autant. Tous deux se gonflaient de suffisance3. Ils me lançaient au visage la violence de leurs mots, en un concert de malignité4, tandis que la morsure du cuir dans ma chair réveillait en moi le goût du désordre. La case entière clabaudaitL Dans le tapage, personne ne prêtait l’oreille au silence de ma mère. Elle lâchait sa marmite sur le feu. Elle se sauvait tête baissée vers la cour où elle allait cueillir du piment tout le temps que durait le châtiment. Ma mère m’abandonnait à mon sort, aux mains rudes de l’Athanase6 qui avait peur de me voir grandir trop vite. Mais chacun de ses coups ruinait l’espoir que je lui pardonne un jour tant d’injustice, et à mon petit frère tant de traîtrise.
Une fois le calme revenu, entre deux larmes de colère, je voyais un fantôme de femme, silhouette grise cassée par la brune, réapparaître dans la cuisine. Dans le creux de sa main, une poignée de piments rouges, du
«
ROMAN • SUJET 1
même rouge que ses yeux dans la lumière du couchant.
Le visage de ma
mère avait l'éclat sombre d'un cimetière aux jours de la Toussaint ; visage
ao ouvert sur la mort, qui s'inquiétait, se détournait, fuyait, si bien qu'à cha
que peine de ma mère le jour me paraissait plus triste, et la lumière un
mensonge.
1.
« Il » désigne le petit frère.
2.
Gringalet : petit homme faible.
3.
Suffisance: fait d'être trop satisfait de soi, de se trouver soi-même très bien.
4.
Malignité: méchanceté.
5.
Clabauder : crier comme aboierait une meute de chiens.
6.
Athanase : nom du père.
• Questions (15 points)
1.
UN SOUVENIR D'ENFANCE 7 POINTS
~ 1.
a) Qui est le héros de l'histoire ? (0,5 point)
b) Qui est le narrateur? à quelle personne s'exprime+il? et quel est donc
le point de vue utilisé ? (1,5 point)
c) Quel intérêt ce choix présente+il pour le lecteur ? (0,5 point)
~ 2.
Quel est le genre du récit? Justifiez votre réponse.
(1 point)
~ 3.
Ligne 1 : Le pronom « il » désigne le petit frère.
Relevez deux autres
termes caractérisant ce personnage.
(1 point)
~ 4.
Ligne 3 « le tuyau déversait, pissait.
..
>>
a) Qu'est-ce que le tuyau ici ? (0,5 point)
b) Comment appelle+on cette figure de style ? (0,5 point)
~ 5.
Quelles sont les deux attitudes différentes adoptées par le héros dans
le premier paragraphe? (1 point)
~ 6.
Quel sentiment éprouve+il envers son petit frère ? (0,5 point)
Il.
LES RELATIONS PARENTS-ENFANTS 8 POINTS
~ 7.
a) Comment le père traire+il ses deux enfants ? (0,5 point)
b) Relevez la phrase qui montre cette différence (1er paragraphe).
(0,5 point)
c) Quel est le temps verbal employé dans cette phrase ? (0,5 point)
d) Pourquoi le narrateur utilise+il précisément ce temps ? (0,5 point)
~ 8.
Relevez les deux types de violence présents dans ce texte ? (0,5 point)
~ 9.
Pourquoi la mère sort-elle ? Quel trait de caractère ce geste traduit-il
chez elle ? (1 point).
»
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