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Je n'ai point fui le monde

Publié le 20/06/2012

Extrait du document

 

L'histoire d'Heinrich von Ofterdingen est tout entière allégorique :

le voyage qu'entreprend le héros de Novalis est, comme les pérégrinations

des chevaliers de la Table Ronde, une quête mystique.

Mais le Graal est ici une mystérieuse fleur bleue, qui symbolise la

poésie pure (commencement et fin de la création) et l'amour parfait.

Car le Dieu que cherche Novalis est le Dieu du vieux mystique

rhénan Maître Eckart, un Dieu caché au fond du coeur de tout

homme. On ne s'étonnera donc pas que, à une étape de ce« chemin

mystérieux vers l'intérieur «, ce soit un vieux mineur qui fasse

découvrir au jeune Henri, au bout de longues galeries souterraines,

un ermite. Celui -ci a trouvé en cette grotte, dans les entrailles de

la terre, sa vraie patrie; il y médite au milieu de manuscrits

d'  « histoires et de poèmes antiques «. «Heinrich ne pouvait se rassasier

de les voir, et son voeu le plus cher eût été de rester auprès

de l'ermite, qui l'attirait d'une manière irrésistible, et de parvenir,

grâce à lui, à la connaissance de ces livres. «

« JE N'AI POINT FUI LE MONDE 51 c'était un homme dont on ne pouvait deviner l'âge; ni vieux, ni jeune; aucune autre marque du temps qu'une chevelure lisse et argentée, séparée en deux sur le front.

[ ...

] Une indicible béatitude se lisait dans ses yeux comme s'il contemplait du haut d'un clair sommet un printemps sans fin.

Il portait des sandales et ne semblait avoir pour tout vêtement qu'un large manteau qui l'enveloppait et faisait ainsi ressortir sa noble et haute stature.

Leur arrivée insolite ne sembla nullement le surprendre et il les accueillit comme des hôtes attendus.

- Que c'est aimable à vous de venir me voir.

dit-il.

Vous êtes les premiers amis que je voie ici.

bien que j'y habite depuis longtemps.

[ ...

] Le vieux mineur lui répondit : - Nous ne pensions pas trouver ici un hôte aussi affable.

On ne nous avait parlé que de bêtes fauves et de fantômes.

[ ...

/ Nous voici détrompés de la plus agréable façon.

Mais si nous vous avons dérangé dans votre recueillement et dans vos profondes méditations, pardonnez à notre curiosité.

- Pourrait-il y avoir méditation plus salutaire, dit l'Inconnu, que la vue de visages humains, gais et sympathiques? Ne me prenez pas pour un misanthrope parce que vous me trouvez dans cette solitude.

Je n'ai point fui le monde, j'ai simplement cherché un lieu tranquille où je puisse me livrer en paix à mes réflexions.

- N'avez-vous jamais regretté votre décision? N'y a-t-il pas des heures où l'angoisse vous étreint.

où votre cœur a soif d'une voix humaine? - Plus maintenant.

Il fut un temps, dans ma jeunesse, où une exaltation délirante me portait à me faire ermite.

D'obscurs pressentiments s'emparaient de ma juvénile imagination; j'espérais trouver dans la solitude quelque aliment pour mon cceur.

Intarissable me paraissait la source de ma vie intérieure! Mais je compris bientôt qu'il y fallait apporter une masse d'expérience, qu'un jeune cœur ne peut demeurer seul et enfin qu'un homme n'acquiert une certaine indépendance que par des rapports fréquents avec ses semblables.

- Je croirais même, répondit le vieux mineur, qu'il y a une certaine vocation naturelle pour chaque mode de vie et que ce sont les expériences accumulées au cours de notre existence qui nous conduisent.

d'elles-mêmes, à nous retirer de la sociét(·. »

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