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Jacques Lacarrière L’Été grec - Sujet non corrigé

Publié le 21/01/2020

Extrait du document

Jacques Lacarrière

L’Été grec, 1975

Plon, 1976

Jacques Lacarrière, raconte dans L’Été grec sa découverte de la Grèce en 1947 ; ce pays vit alors une guerre civile meurtrière, il a fait le voyage avec une troupe de théâtre française qui joue des pièces de /'Antiquité grecque. Il souhaite visiter Delphes, célèbre site antique, qui est alors un village aux mains des partisans opposés au gouvernement en place.

Le temps était radieux, le ciel transparent. La route étant minée, nous n’avancions que très prudemment. À chaque bosse ou taupinière suspecte, le chauffeur coupait par les champs, ce qui n’arrangeait guère la suspension de la voiture, mais à part ces quelques détours, aucun incident ne survint. Nous traversâmes le village d’Arachova sans voir âme qui vive et arrivâmes à Delphes au début de l’après-midi. Le village était silencieux, comme mort. Pas un seul habitant visible, à l’exception du garde-champêtre et du gardien de l’École française, installé dans les ruines du sanctuaire1. Les partisans tenaient le Parnasse2 juste au-dessus de nous et descendaient parfois la nuit pour se ravitailler mais, durant les vingt-quatre heures que nous restâmes à Delphes, aucun d’entre eux ne se montra.

Ainsi, tout l’après-midi, je pus errer seul dans les ruines. Silence. Solitude. Pas un seul bruit vivant, si ce n’est par moment le cri des gypaètes traçant des cercles dans le ciel ou sur le flanc des Phaedriades2. Plus bas, dans la vallée du Pleistos, un chemin serpentait jusqu’à la mer parmi les oliviers, un chemin désert, sans un seul être humain. Delphes était vide, abandonné, livré à tous les fantômes de l’histoire. On était à la mi-septembre et l’automne se faisait sentir à la mordorure3des feuillages, au froid et à l’ombre plus denses de la nuit. Sur le stade4, au-dessus du sanctuaire, le vent faisait tourbillonner des trombes de poussières comme des fantômes affolés. Et sur la Voie Sacrée4, laissée à l’abandon depuis des années, les herbes folles recouvraient le chemin. Que retrouver ici ? Le passé mort, véritablement mort, ou le présent, [...] où se devinaient les forces silencieuses, tapies, sournoises de la guerre ? Je me souviens m’être rendu compte — alors que j’étais assis sur le théâtre4, juste à la tombée de la nuit, ne pouvant détacher mes yeux de ce paysage inouï — de l’étrangeté de ce voyage en Grèce. J’étais venu ici, poussé par les fantômes et les mirages du passé, pour jouer devant les Grecs d’aujourd’hui les drames et les horreurs de la guerre de Troie alors qu’une autre guerre se déroulait en ces 30 lieux mêmes. Une guerre civile, plus lourde et meurtrière que celle des

Grecs et des Troyens. Ce jour-là, dans cette nuit de Delphes et ce silence des montagnes où nous épiaient, sans aucun doute, les partisans, je sentis qu’une Grèce mourait en moi et qu’une autre naissait.

1. Le sanctuaire : Delphes abrite les ruines d’un lieu sacré de l’Antiquité, dédié au dieu Apollon, qui a été fouillé par les archéologues de « l'Êcole française ».

2. Parnasse, Phaedriades : noms de montagnes entourant Delphes.

3. Mordorure : couleur d’un brun chaud à reflets dorés.

4. Stade, Voie sacrée, théâtre : il s’agit de lieux en ruines datant de F Antiquité grecque.

■ Questions (15 points)

I. UNE VISITE RISQUÉE ? 4,5 POINTS

1. Relevez toutes les indications qui permettent de situer la date et les moments de la journée de cette visite à Delphes. (1 point)

2. Dans le premier paragraphe :

a) Quelles menaces pèsent sur les voyageurs ? (1 point)

b) Le narrateur installe-il un suspense concernant le danger que les voyageurs courent ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur des extraits précis du texte. (1 point)

3. « La route étant minée, nous n’avancions que très prudemment. » (lignes 1-2) :

a) Quelle est la construction grammaticale de cette phrase ? (0,5 point)

b) Quel est le rapport logique entre les deux propositions de cette phrase ? (0,5 point)

c) Reformulez cette phrase à l’aide d’un autre type de proposition subordonnée exprimant ce rapport logique. (0,5point)

« AUTOBIOGRAPHIE • SUJET ne pouvant détacher mes yeux de ce paysage inouï -de l'étrangeté de ce voyage en Grèce.

J'étais venu ici, poussé par les fantômes et les mirages du passé, pour jouer devant les Grecs d'aujourd'hui les drames et les hor­ reurs de la guerre de Troie alors qu'une autre guerre se déroulait en ces 30 lieux mêmes.

Une guerre civile, plus lourde et meurtrière que celle des Grecs et des Troyens.

Ce jour-là, dans cette nuit de Delphes et ce silence des montagnes où nous épiaient, sans aucun doute, les partisans, je sentis qu'une Grèce mourait en moi et qu'une autre naissait.

1.

Le sanctuaire : Delphes abrite les ruines d'un lieu sacré de !'Antiquité, dédié au dieu Apollon, qui a été fouillé par les archéologues de « l'.Ëcole française"· 2.

Parnasse, Phaedriades : noms de monragnes entourant Delphes.

3.

Mordorure : couleur d'un brun chaud à reflets dorés.

4.

Stade, Voie sacrée, théâtre : il s'agit de lieux en ruines datant de l' Antiquité grecque.

• Questions (15 points) 1.

UNE VISITE RISQUÉE ? 4,5 POINTS pi..

1.

Relevez routes les indications qui permettent de situer la date et les moments de la journée de cette visite à Delphes.

(1 point) ~ 2.

Dans le premier paragraphe : a) Quelles menaces pèsent sur les voyageurs ? (1 point) b) Le narrateur installe-il un suspense concernant le danger que les voya­ geurs courent? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur des extraits précis du texte.

(1 point) ~ 3.

«La route étant minée, nous n'avancions que très prudemment.

» (lignes 1-2) : a) Quelle est la construction grammaticale de cette phrase ? (0,5 point) b) Quel est le rapport logique entre les deux propositions de cette phrase ? (0,5 point) c) Reformulez cette phrase à l'aide d'un autre type de proposition subor­ donnée exprimant ce rapport logique.

(0,5 point). »

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