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J. M. G. LE CLÉZIO (1940...). Désert (extrait, Gallimard)

Publié le 22/03/2011

Extrait du document

   Une jeune fille maure, Lalla, s'est enfuie du bidonville où elle habite pour retrouver au désert son ami le jeune berger muet, Hartani. Ils ont marché longtemps et sont arrivés à une petite oasis où ils font halte.    Lentement, au-dessus d'eux, l'espace se peuple d'étoiles, de milliers d'étoiles. Elles jettent des éclats blancs, elles palpitent, elles dessinent leurs figures secrètes. Les deux fugitifs les regardent, presque sans respirer, les yeux grands ouverts. Ils sentent sur leurs visages se poser le dessin des constellations, comme s'ils n'étaient plus que par leur regard, comme s'ils buvaient la lumière douce de la nuit. Ils ne pensent plus à rien, ni au chemin du désert, ni à la souffrance du lendemain, ni aux autres jours ; ils ne sentent plus leurs blessures, ni la soif et la faim, ni rien de terrestre ; ils ont même oublié la brûlure du soleil qui a noirci leurs visages et leurs corps, qui a dévoré l'intérieur de leurs yeux.    La lumière des étoiles tombe doucement comme une pluie. Elle ne fait pas de bruit, elle ne soulève pas de poussière, elle ne creuse aucun vent. Elle éclaire maintenant le champ de pierres, et près de la bouche du puits, l'arbre calciné devient léger et faible comme une fumée. La terre n'est plus très plate, elle s'est allongée comme l'avant d'une barque, et maintenant elle avance doucement, elle glisse en tanguant et roulant, elle va lentement au milieu des belles étoiles, tandis que les deux enfants, serrés l'un contre l'autre, le corps léger, font les gestes d'amour.    Dans un commentaire composé que vous organiserez à votre gré, vous pourrez montrer, en particulier, pourquoi et comment ce moment privilégié transfigure le réel

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