IV - La soirée du 24 août 1572 Notre lecteur n'a pas oublié que dans le chapitre précédent il a été question d'un gentilhomme nommé La ole, attendu avec quelque impatience par Henri de Navarre.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
prie.
–Oh ! monsieur, surmon âme, jen’en ferai rien, carjene suis quevotre humble serviteur, lecomte Annibal
de Coconnas.
– Et moi, monsieur, jene suis quelecomte Joseph-Hyacinthe-Boniface deLerac delaMole, toutàvotre
service.
–En cecas, monsieur, prenons-nous parlebras etentrons ensemble.
Le résultat decette proposition conciliatrice futque lesdeux jeunes gensquidescendirent deleurs chevaux
en jetèrent labride auxmains d’unpalefrenier, seprirent parlebras, et,ajustant leursépées, sedirigèrent vers
la porte del’hôtellerie, surleseuil delaquelle setenait l’hôte.
Mais,contre l’habitude deces sortes degens, le
digne propriétaire n’avaitparufaireaucune attention àeux, occupé qu’ilétait deconférer trèsattentivement
avec ungrand gaillard secetjaune enfoui dansunmanteau couleurd’amadou, commeunhibou sousses
plumes.
Les deux gentilshommes étaientarrivéssiprès del’hôte etde l’homme aumanteau amadouaveclequel il
causait, queCoconnas, impatienté decepeu d’importance qu’onaccordait àlui etàson compagnon, tirala
manche del’hôte.
Celui-ci parutalorsseréveiller ensursaut etcongédia soninterlocuteur parun« Au revoir.
Venez tantôt, etsurtout tenez-moi aucourant del’heure. »
– Eh ! monsieur ledrôle, ditCoconnas, nevoyez-vous pasque l’on aaffaire àvous ?
– Ah ! pardon, messieurs, ditl’hôte ; jene vous voyais pas.
– Eh ! mordi ! ilfallait nousvoir ; etmaintenant quevous nous avezvus,aulieu dedire « monsieur » tout
court, dites« monsieur lecomte », s’ilvous plaît.
La Mole setenait derrière, laissantparlerCoconnas, quiparaissait avoirprisl’affaire àson compte.
Cependant ilétait facile devoir àses sourcils froncésqu’ilétait prêtàlui venir enaide quand lemoment
d’agir seraitarrivé.
– Eh bien, quedésirez-vous, monsieurlecomte ? demanda l’hôteduton leplus calme.
– Bien… c’estdéjàmieux, n’est-ce pas ?ditCoconnas enseretournant versLaMole, quifitde latête unsigne
affirmatif.
Nousdésirons, M. lecomte etmoi, attirés quenous sommes parvotre enseigne, trouveràsouper età
coucher dansvotre hôtellerie.
– Messieurs, ditl’hôte, jesuis audésespoir ; maisiln’y aqu’une chambre, etjecrains quecela nepuisse vous
convenir.
–Eh bien, mafoi, tant mieux, ditLaMole ; nousirons logerailleurs.
– Ah ! mais non,mais non,ditCoconnas.
Jedemeure, moi ;moncheval estharassé.
Jeprends doncla
chambre, puisquevousn’envoulez pas.
– Ah ! c’est autre chose, répondit l’hôteenconservant toujourslemême flegme impertinent.
Sivous n’êtes
qu’un, jene puis pasvous loger dutout.
– Mordi ! s’écriaCoconnas, voici,surmafoi ! unplaisant animal.Toutàl’heure nousétions tropdedeux,
maintenant nousnesommes pasassez d’un ! Tuneveux donc pasnous loger, drôle ?
– Ma foi,messieurs, puisquevousleprenez surceton, jevous répondrai avecfranchise.
– Réponds, alors,maisréponds vite.
– Eh bien, j’aime mieux nepas avoir l’honneur devous loger.
– Parce que ?… demanda Coconnas blêmissant decolère.
– Parce quevous n’avez pasdelaquais, etque, pour unechambre demaître pleine, celameferait deux
chambres delaquais vides.Or,sije vous donne lachambre demaître, jerisque fortdene pas louer lesautres.
– Monsieur deLa Mole, ditCoconnas enseretournant, nevous semble-t-il pascomme àmoi quenous allons
massacrer cegaillard-là ?
– Mais c’estfaisable, ditLaMole ensepréparant commesoncompagnon àrouer l’hôtelier decoups defouet.
Mais malgré cettedouble démonstration, quin’avait riendebien rassurant delapart dedeux gentilshommes
qui paraissaient sidéterminés, l’hôteliernes’étonna point,etse contentant dereculer d’unpasafin d’être chez
lui : –On voit, dit-il engoguenardant, quecesmessieurs arriventdeprovince.
ÀParis, lamode estpassée de
massacrer lesaubergistes quirefusent delouer leurschambres.
Cesont lesgrands seigneurs qu’onmassacre et
non lesbourgeois, etsivous criez tropfort, jevais appeler mesvoisins ; desorte quecesera vous quiserez roués
de coups, traitement toutàfait indigne dedeux gentilshommes.
– Mais ilse moque denous, s’écria Coconnas exaspéré,mordi !
– Grégoire, monarquebuse ! ditl’hôte ens’adressant àson valet, dumême tonqu’il eûtdit : « Un siège àces
messieurs. » – Trippe
delpapa !
hurla Coconnas entirant sonépée ; maiséchauffez-vous donc,monsieur deLa Mole !
– Non pas,s’ilvous plaît, nonpas ; cartandis quenous nouséchaufferons, lesouper refroidira, lui.
– Comment ! voustrouvez ? s’écriaCoconnas.
– Je trouve queM. de la Belle-Étoile araison ; seulement ilsait mal prendre sesvoyageurs, surtoutquandces
voyageurs sontdesgentilshommes.
Aulieu denous direbrutalement : Messieurs,jene veux pasdevous, il
aurait mieux faitdenous direavec politesse : Entrez,messieurs, quitteàmettre surson mémoire : chambre
de.
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