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Iphigénie en Aulide IPHIGÉNIE Calchas, dit-on, prépare un pompeux sacrifice.

Publié le 12/04/2014

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Iphigénie en Aulide IPHIGÉNIE Calchas, dit-on, prépare un pompeux sacrifice. AGAMEMNON Puissé-je auparavant fléchir leur injustice ! IPHIGÉNIE L'offrira-t-on bientôt ? AGAMEMNON Plus tôt que je ne veux. IPHIGÉNIE Me sera-t-il permis de me joindre à vos voeux ? Verra-t-on à l'autel votre heureuse famille ? AGAMEMNON Hélas ! IPHIGÉNIE Vous vous taisez ? AGAMEMNON Vous y serez, ma fille. Adieu. SCÈNE IIIIPHIGÉNIE, ÉRIPHILE, DORIS SCÈNE IIIIPHIGÉNIE, ÉRIPHILE, DORIS 21 Iphigénie en Aulide IPHIGÉNIE De cet accueil que dois-je soupçonner ? D'une secrète horreur je me sens frissonner. Je crains, malgré moi-même, un malheur que j'ignore. Justes Dieux, vous savez pour qui je vous implore. ÉRIPHILE Quoi ! parmi tous les soins qui doivent l'accabler, Quelque froideur suffît pour vous faire trembler ? Hélas ! à quels soupirs suis-je donc condamnée, Moi, qui de mes parents toujours abandonnée, Étrangère partout, n'ai pas, même en naissant, Peut-être reçu d'eux un regard caressant ! Du moins, si vos respects sont rejetés d'un père, Vous en pouvez gémir dans le sein d'une mère, Et de quelque disgrâce enfin que vous pleuriez, Quels pleurs par un amant ne sont point essuyés ? IPHIGÉNIE Je ne m'en défends point. Mes pleurs, belle Ériphile, Ne tiendraient pas longtemps contre les soins d'Achille ; Sa gloire, son amour, mon père, mon devoir, Lui donnent sur mon âme un trop juste pouvoir. Mais de lui-même ici que faut-il que je pense ? Cet amant, pour me voir brûlant d'impatience, Que les Grecs de ces bords ne pouvaient arracher, Qu'un père de si loin m'ordonne de chercher, S'empresse-t-il assez pour jouir d'une vue Qu'avec tant de transports je croyais attendue ? Pour moi, depuis deux jours qu'approchant de ces lieux Leur aspect souhaité se découvre à nos yeux, Je l'attendais partout, et d'un regard timide Sans cesse parcourant les chemins de l'Aulide, Mon coeur pour le chercher volait loin devant moi, Et je demande Achille à tout ce que je voi. Je viens, j'arrive enfin sans qu'il m'ait prévenue. Je n'ai percé qu'à peine une foule inconnue ; Lui seul ne paraît point. Le triste Agamemnon Semble craindre à mes yeux de prononcer son nom. Que fait-il ? Qui pourra m'expliquer ce mystère ? Trouverai-je l'amant glacé comme le père ? Et les soins de la guerre auraient-ils en un jour Éteint dans tous les coeurs la tendresse et l'amour ? Mais non : c'est l'offenser par d'injustes alarmes. C'est à moi que l'on doit le secours de ses armes. SCÈNE IIIIPHIGÉNIE, ÉRIPHILE, DORIS 22

« IPHIGÉNIE De cet accueil que dois-je soupçonner ? D'une secrète horreur je me sens frissonner.

Je crains, malgré moi-même, un malheur que j'ignore.

Justes Dieux, vous savez pour qui je vous implore.

ÉRIPHILE Quoi ! parmi tous les soins qui doivent l'accabler, Quelque froideur suffît pour vous faire trembler ? Hélas ! à quels soupirs suis-je donc condamnée, Moi, qui de mes parents toujours abandonnée, Étrangère partout, n'ai pas, même en naissant, Peut-être reçu d'eux un regard caressant ! Du moins, si vos respects sont rejetés d'un père, Vous en pouvez gémir dans le sein d'une mère, Et de quelque disgrâce enfin que vous pleuriez, Quels pleurs par un amant ne sont point essuyés ? IPHIGÉNIE Je ne m'en défends point.

Mes pleurs, belle Ériphile, Ne tiendraient pas longtemps contre les soins d'Achille ; Sa gloire, son amour, mon père, mon devoir, Lui donnent sur mon âme un trop juste pouvoir.

Mais de lui-même ici que faut-il que je pense ? Cet amant, pour me voir brûlant d'impatience, Que les Grecs de ces bords ne pouvaient arracher, Qu'un père de si loin m'ordonne de chercher, S'empresse-t-il assez pour jouir d'une vue Qu'avec tant de transports je croyais attendue ? Pour moi, depuis deux jours qu'approchant de ces lieux Leur aspect souhaité se découvre à nos yeux, Je l'attendais partout, et d'un regard timide Sans cesse parcourant les chemins de l'Aulide, Mon coeur pour le chercher volait loin devant moi, Et je demande Achille à tout ce que je voi.

Je viens, j'arrive enfin sans qu'il m'ait prévenue.

Je n'ai percé qu'à peine une foule inconnue ; Lui seul ne paraît point.

Le triste Agamemnon Semble craindre à mes yeux de prononcer son nom.

Que fait-il ? Qui pourra m'expliquer ce mystère ? Trouverai-je l'amant glacé comme le père ? Et les soins de la guerre auraient-ils en un jour Éteint dans tous les coeurs la tendresse et l'amour ? Mais non : c'est l'offenser par d'injustes alarmes.

C'est à moi que l'on doit le secours de ses armes.

Iphigénie en Aulide SCÈNE III\24IPHIGÉNIE, ÉRIPHILE, DORIS 22. »

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