intolérable.
Publié le 15/12/2013
Extrait du document
«
VI
J’agrandis
lecercle demes connaissances Je
menais cetteviedepuis unmois environ, lorsquel’homme àla jambe debois semit àparcourir lamaison avec
un balai etun seau d’eau ; j’enconclus qu’onpréparait toutpour recevoir M. Creakle etses élèves.
Jene me trompais
pas, carbientôt lebalai envahit lasalle d’étude etnous enchassa M. Mell etmoi.
Nous allâmes vivrejene sais oùetje
ne sais comment ; ceque jesais bien, c’estque,pendant plusieurs jours,nousrencontrions partoutdeuxoutrois
femmes, quejen’avais qu’àpeine entrevues jusqu’alors, etque j’avalai unetelle quantité depoussière quej’éternuais
aussi souvent quesiSalem-House avaitétéune vaste tabatière.
Un jour M. Mell m’annonça queM. Creakle arriveraitlesoir.
Après lethé, j’appris qu’ilétait arrivé ; avantl’heure
de me coucher, l’homme àla jambe debois vintmechercher pourcomparaître devantlui.
M. Creakle habitaituneportion delamaison beaucoup plusconfortable quelanôtre ; ilavait unpetit jardin qui
paraissait charmant àcôté delarécréation, sortededésert enminiature, oùunchameau etun dromadaire seseraient
trouvés commechezeux.Jeme trouvai bienhardi d’oser remarquer qu’iln’yavait pasjusqu’au corridorquin’eût l’air
confortable, tandisquejeme rendais touttremblant chezM. Creakle.
J’étaistellement abasourdi enentrant, quejevis
à peine mistress Creakleoumiss Creakle quiétaient toutesdeuxdanslesalon.
Jene voyais queM. Creakle, cebon et
gros monsieur quiportait unpaquet debreloques àsa montre : ilétait assis dans unfauteuil, avecunebouteille etun
verre àcôté delui.
« Ah ! ditM. Creakle, voilàlejeune homme dontilfaut limer lesdents.
Faites-le retourner. »
L’homme àla jambe debois meretourna defaçon àmontrer leplacard, puislorsque M. Creakle euteutout le
temps delelire, ilme replaça enface dumaître depension, etse mit àcôté delui.
M. Creakle avaitl’airféroce, sesyeux
étaient petitsettrès enfoncés ; ilavait degrosses veinessurlefront, unpetit nezetun menton trèslarge.
Ilétait
chauve etn’avait quequelques petitscheveux grasetgris, qu’il lissait surses tempes, defaçon àleur donner rendez-
vous aumilieu dufront.
Maiscequi chez luime fitleplus d’impression, c’estqu’iln’avait presque pasdevoix etparlait
toujours toutbas.Jene sais sic’est qu’ilavait delapeine àparler même ainsi,ousile sentiment deson infirmité
l’irritait, mais,toutes lesfois qu’il disait unmot, sonvisage prenait uneexpression encoreplusméchante, sesveines se
gonflaient, etquand j’yréfléchis, jecomprends quecesoit làce qui me frappa d’abord, commecequ’il yavait chezlui
de plus remarquable.
« Voyons, ditM. Creakle.
Qu’avez-vous àm’apprendre surcetenfant ?
– Rien encore, répartit l’homme àla jambe debois.
Iln’y apas eud’occasion. »
Il me sembla queM. Creakle étaitdésappointé.
Ilme sembla quemistress Creakleetsa fille (que jevenais de
regarder pourlapremière fois,etqui étaient maigres etsilencieuses àl’envi l’unedel’autre), n’étaient pas
désappointées.
« Venez ici,monsieur ! ditM. Creakle enme faisant signedelamain.
– Venez ici !ditl’homme àla jambe debois enrépétant legeste deM. Creakle.
– J’ai l’honneur deconnaître votrebeau-père, murmuraM. Creakle enm’empoignant parl’oreille.
C’estundigne
homme, unhomme énergique.
Ilme connaît, etmoi jeleconnais.
Meconnaissez-vous, vous ?hein !ditM. Creakle en
me pinçant l’oreilleavecunenjouement féroce.
– Pas encore, monsieur ! dis-jetoutengémissant.
– Pas encore ? hein ?répéta M. Creakle.
Celaviendra, hein ?
– Cela viendra ! hein ? »répétal’homme àla jambe debois.
Je découvris plustard quesontimbre retentissant luiprocurait l’honneur deservir d’interprète àM. Creakle auprès
de ses élèves..
»
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