intérêt.
Publié le 15/12/2013
Extrait du document
«
4.
Ce
nefut pas avant minuit quedeux gardes vinrent rechercher Trevizedanscequi était – il devaitbien
l’admettre – une chambrefortluxueuse, auquartier généraldelasécurité.
Luxueuse maisverrouillée.
En
d’autres termes,unecellule.
Trevize avaiteuplus dequatre heures pourfaireundouloureux examendeconscience, toutenarpentant la
pièce delong enlarge.
Pourquoi avoirfaitconfiance àCompor ?
Et pourquoi pas ?Ilavait tellement sembléconvaincu.
Non,pasexactement : ilavait semblé tellement prêtà
se laisser convaincre.
Non.Pasçanon plus.
Ilavait semblé sistupide, sifacile àdominer, siclairement dénué
d’opinion personnelle queTrevize avaitprisunmalin plaisir àl’utiliser commeunebien confortable chambrede
résonance.
ComporavaitaidéTrevize àaméliorer etàpeaufiner sesopinions.
Illui avait étéutile etTrevize lui
avait faitconfiance pourlasimple etbonne raison quec’était pluspratique ainsi.
Mais pourl’heure, illui était bieninutile desavoir s’ilaurait ounon dûvoir clair enlui.
Ilaurait mieux faitde
suivre cesimple précepte : nesefier àpersonne.
Oui, mais peut-on passertoutesavie àne sefier àpersonne ?
Évidemment non.
Et puis, quiaurait songéqueBranno auraitl’audace devirer enpleine séance unmembre duConseil – et sans
qu’un conseiller bougelepetit doigt pourdéfendre l’undeses pairs ! Mêmesidans leurintime conviction, ils
n’étaient pasd’accord avecTrevize, mêmes’ilsétaient prêtsàparier surchaque gouttedeleur sang queBranno
avait raison, ilsauraient quandmêmedû,par principe, s’éleverdevantcetteviolation deleurs prérogatives.
Branno deBronze, lasurnommait-on parfoisetcertes, elleagissait avecl’inflexibilité dumétal.
A moins qu’elle nefût elle aussi entre lesmains de...
Non ! C’était tomber danslaparanoïa.
Et pourtant...
Son esprit tournait enrond etn’était toujours passorti deces ornières répétitives lorsqu’entrèrent lesdeux
gardes.
« Vous allezdevoir noussuivre, conseiller », ditlesupérieur hiérarchique surunton defroide gravité.
Son
insigne indiquait legrade delieutenant.
Ilavait unepetite cicatrice surlajoue droite etsemblait fatigué,comme
s’il était àla tâche depuis bientroplongtemps, sansavoir eul’occasion defaire grand-chose – ainsi qu’ilest
prévisible danslecas d’un soldat dontlepays estenpaix depuis plusd’un siècle.
Trevize nebougea pas :« Votre nom,lieutenant.
— Je suislelieutenant EvanderSopellor, conseiller.
— Vous vousrendez compte quevous enfreignez laloi, lieutenant Sopellor ?Vousn’avez pasledroit d’arrêter
un conseiller.
— Nous avonsreçudesordres, monsieur.
— Peu importe.
Onnepeut pasvous avoir ordonné d’arrêter unconseiller.
Vousdevez êtrebien conscient que
vous risquez lacour martiale.
— Vous n’êtespasarrêté, conseiller, remarqualelieutenant.
— Dans cecas, jen’ai pasàvous suivre, n’est-ce pas ?
— Nous avonsreçul’ordre devous escorter jusquechezvous.
— Je connais lechemin.
— ...
etde vous protéger durantletrajet.
— De quoi ?...
oudequi ?
— D’un éventuel rassemblement.
— A minuit ?
— C’est bienpourquoi nousavons attendu jusqu’àminuit, monsieur.
Etàprésent, dansl’intérêt mêmede
votre protection, nousdevons vousdemander denous suivre.
Puis-je ajouter (nonpasàtitre demenace mais
simplement d’information) quenous avons l’autorisation d’userdelaforce, sinécessaire. »
Trevize avaitcertes remarqué lesfouets neuroniques dontilsétaient armés.Ilse leva, avecdignité, dumoins
l’espérait-il.
« Ehbien, allons chezmoi – à moinsquejene découvre aubout ducompte quevous m’amenez en
prison ? — Nous n’avonspasreçu instruction devous mentir, monsieur », ditlelieutenant, dansunsursaut d’amour-
propre.
Trevizecomprit qu’ilétait enface d’un vraiprofessionnel quinementirait qu’aprèsenavoir
explicitement reçul’ordre – et quemême alors,sonexpression commesonintonation letrahiraient.
Trevize sereprit : « Jevous priedem’excuser, lieutenant.
Jen’avais certespasl’intention demettre votre
parole endoute. ».
»
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