Insistons encore sur la méthode : il s'agit de s'obstiner.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
s'épuiser.
L'absurde estsatension laplus extrême, cellequ'ilmaintient constamment d'uneffort
solitaire, carilsait quedans cette conscience etdans cette révolte aujour lejour, iltémoigne desaseule
vérité quiest ledéfi.
Ceciestune première conséquence.
*
Si jeme maintiens danscette position concertée quiconsiste àtirer toutes lesconséquences (etrien
qu'elles) qu'unenotiondécouverte entraîne,jeme trouve enface d'unsecond paradoxe.
Pourrester
fidèle àcette méthode, jen'ai rien àfaire avecleproblème delaliberté métaphysique.
Savoirsil'homme
est libre nem'intéresse pas.Jenepuis éprouver quemapropre liberté.
Surelle, jene puis avoir de
notions générales, maisquelques aperçusclairs.Leproblème de« la liberté ensoi » n'apas desens.
Caril
est liéd'une toutautre façon àcelui deDieu.
Savoir sil'homme estlibre commande qu'onsache s'ilpeut
avoir unmaître.
L'absurdité particulière àce problème vientdeceque lanotion mêmequirend possible le
problème delaliberté luiretire enmême temps toutsonsens.
Cardevant Dieu,ilyamoins unproblème
de laliberté qu'unproblème dumal.
Onconnaît l'alternative : ounous nesommes paslibres etDieu tout-
puissant estresponsable dumal.
Ounous sommes libresetresponsables maisDieu n'est pastout-puissant.
Toutes lessubtilités d'écolesn'ontrienajouté nisoustrait autranchant deceparadoxe.
C'est pourquoi jene puis pasmeperdre dansl'exaltation oulasimple définition d'unenotion qui
m'échappe etperd sonsens àpartir dumoment oùelle déborde lecadre demon expérience individuelle.
Je nepuis comprendre ceque peut êtreuneliberté quime serait donnée parunêtre supérieur.
J'aiperdu
le sens delahiérarchie.
Jenepuis avoir delaliberté quelaconception duprisonnier oude l'individu
moderne ausein del'État.
Laseule quejeconnaisse, c'estlaliberté d'esprit etd'action.
Orsil'absurde
annihile toutesmeschances deliberté éternelle, ilme rend etexalte aucontraire maliberté d'action.
Cette privation d'espoiretd'avenir signifieunaccroissement dansladisponibilité del'homme.
Avant derencontrer l'absurde,l'hommequotidien vitavec desbuts, unsouci d'avenir oude
justification (àl'égard dequi oude quoi, cen'est paslaquestion).
Ilévalue seschances, ilcompte surle
plus tard, sursaretraite ouletravail deses fils.
Ilcroit encore quequelque chosedanssavie peut se
diriger.
Auvrai, ilagit comme s'ilétait libre, même sitous lesfaits sechargent decontredire cette
liberté.
Aprèsl'absurde, toutsetrouve ébranlé.
Cetteidéeque« je suis », mafaçon d'agir comme sitout
a un sens (même si,àl'occasion, jedisais querien n'en a)tout celasetrouve démenti d'unefaçon
vertigineuse parl'absurdité d'unemortpossible.
Penseraulendemain, sefixer unbut, avoir des
préférences, toutcelasuppose lacroyance àla liberté, mêmesil'on s'assure parfoisdenepas la
ressentir.
Maisàce moment, cetteliberté supérieure, cetteliberté d' être qui
seule peutfonder une
vérité, jesais bien alors qu'elle n'estpas.Lamort estlàcomme seuleréalité.
Aprèselle,lesjeux sont
faits.
Jesuis nonplus libre deme perpétuer maisesclave, etsurtout esclavesansespoir derévolution
éternelle, sansrecours aumépris.
Etqui sans révolution etsans mépris peutdemeurer esclave ?Quelle
liberté peutexister ausens plein, sansassurance d'éternité ?
Mais enmême temps, l'homme absurdecomprend quejusqu'ici, ilétait liéàce postulat deliberté sur
l'illusion dequoi ilvivait.
Dansuncertain sens,celal'entravait.
Danslamesure oùilimaginait unbut àsa
vie, ilse conformait auxexigences d'unbutàatteindre etdevenait esclavedesaliberté.
Ainsi,jene
saurais plusagirautrement quecomme lepère defamille (oul'ingénieur ouleconducteur depeuples, oule
surnuméraire auxP.T.T.) quejeme prépare àêtre.
Jecrois quejepuis choisir d'êtrecelaplutôt qu'autre
chose.
Jelecrois inconsciemment, ilest vrai.
Mais jesoutiens enmême temps monpostulat descroyances
de ceux quim'entourent, despréjugés demon milieu humain (lesautres sontsisûrs d'être libresetcette
bonne humeur estsicontagieuse !).
Siloin qu'on puisse setenir detout préjugé, moralousocial, onles
subit enpartie etmême, pourlesmeilleurs d'entreeux(ilyade bons etde mauvais préjugés), onleur
conforme savie.
Ainsi l'homme absurdecomprend qu'iln'était réellement paslibre.
Pourparler clair,dans
la mesure oùj'espère, oùjem'inquiète d'unevérité quime soit propre, d'unefaçon d'être oude créer,
dans lamesure enfinoùj'ordonne mavie etoù jeprouve parlàque j'admets qu'elleaitunsens, jeme
crée desbarrières entrequoijeresserre mavie.
Jefais comme tantdefonctionnaires del'esprit etdu.
»
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