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  Il sort.

Publié le 15/12/2013

Extrait du document

  Il sort.   LE CHOEUR   Ils fuient. L'été s'achève en victoire. Il arrive donc que l'homme triomphe ! Et la victoire alors a le orps de nos femmes sous la pluie de l'amour. Voici la chair heureuse, luisante et chaude, grappe de eptembre où le frelon grésille. Sur l'aire du ventre s'abattent les moissons de la vigne. Les vendanges lambent au sommet des seins ivres. Ô mon amour, le désir crève comme un fruit mûr, la gloire des corps ruisselle enfin. Dans tous les coins du ciel des mains mystérieuses tendent leurs fleurs et un vin jaune coule d'inépuisables fontaines. Ce sont les fêtes de la victoire, allons chercher nos femmes !   On amène dans le silence une civière où est étendue Victoria.   DIEGO, se précipitant.   Oh ! Ceci donne envie de tuer ou de mourir ! (Il arrive prés du corps qui semble inanimé.) Ah ! Magnifique, victorieuse, sauvage comme l'amour, tourne un peu vers moi ton visage ! Reviens, Victoria ! Ne te laisse pas aller de cet autre côte du monde où je ne puis te rejoindre ! Ne me quitte pas, la terre est froide. Mon amour, mon amour ! Tiens ferme, tiens-toi ferme à ce rebord de terre où nous sommes encore ! Ne te laisse pas couler ! Si tu meurs, pendant tous les jours qui me restent à vivre, il fera noir en plein midi !   LE CHOEUR DES FEMMES   Maintenant, nous sommes dans la vérité. Jusqu'à présent ce n'était pas sérieux. Mais à cette heure il 'agit d'un corps qui souffre et se tord. Tant de cris, le plus beau des langages, vive la mort et puis la ort elle-même déchire la gorge de celle qu'on aime ! Alors revient l'amour quand justement il n'est plus emps.   Victoria gémit.   DIEGO   Il est temps, elle va se redresser. Tu vas me faire face à nouveau, droite comme une torche, avec les flammes noires de tes cheveux et ce visage étincelant d'amour dont j'emportais l'éblouissement dans la nuit du combat. Car, je t'y emportais, mon coeur suffisait à tout.   VICTORIA   Tu m'oublieras, Diego, cela est sûr. Ton coeur ne suffira pas à l'absence. Il n'a pas suffi au malheur. Ah ! C'est un affreux tourment de mourir en sachant qu'on sera oubliée.   Elle se détourne.   DIEGO   Je ne t'oublierai pas. Ma mémoire sera plus longue que ma vie.   LE CHOEUR DES FEMMES   Ô corps souffrant, jadis si désirable, beauté royale, reflet du jour ! L'homme crie vers l'impossible, la femme souffre tout ce qui est possible. Penche-toi, Diego ! Crie ta peine, accuse-toi, c'est l'instant du repentir ! Déserteur ! Ce corps était ta patrie sans laquelle tu n'es plus rien ! Ta mémoire ne rachètera rien !   La Peste est arrivée doucement près de Diego. Seul le corps de Victoria les sépare.   LA PESTE   Alors, on renonce ?   Diego regarde le corps de Victoria avec désespoir.   Tu n'as pas de force ! Tes yeux sont égarés. Moi, j'ai l'oeil fixe de la puissance.   DIEGO, après un silence.   Laisse-la vivre et tue-moi.   LA PESTE   Quoi ?   DIEGO   Je te propose l'échange.   LA PESTE   Quel échange ?   DIEGO   Je veux mourir à sa place.   LA PESTE   C'est une de ces idées qu'on a lorsqu'on est fatigué. Allons, ce n'est pas agréable de mourir et le plus ros est fait pour elle. Restons-en là !   DIEGO   C'est une idée qu'on a lorsqu'on est le plus fort !   LA PESTE   Regarde-moi, je suis la force elle-même !   DIEGO   Quitte ton uniforme.   LA PESTE   Tu es fou !   DIEGO   Déshabille-toi ! Quand les hommes de la force quittent leur uniforme,. ils ne sont pas beaux à voir !   LA PESTE   Peut-être. Mais leur force est d'avoir inventé l'uniforme !   DIEGO   La mienne est de le refuser. Je maintiens mon marché.

«   DIEGO  Il est temps, ellevase redresser.

Tuvas mefaire faceànouveau, droitecomme unetorche, avecles flammes noiresdetes cheveux etce visage étincelant d'amourdontj'emportais l'éblouissement dansla nuit ducombat.

Car,jet'y emportais, moncœur suffisait àtout.   VICTORIA   Tu m'oublieras, Diego,celaestsûr.

Toncœur nesuffira pasàl'absence.

Iln'a pas suffi aumalheur. Ah ! C'est unaffreux tourment demourir ensachant qu'onseraoubliée.   Ellesedétourne.   DIEGO   Je net'oublierai pas.Mamémoire serapluslongue quemavie.   LE CHŒUR DESFEMMES  Ô corps souffrant, jadissidésirable, beautéroyale,refletdujour ! L'homme crievers l'impossible, la femme souffre toutcequi est possible.

Penche-toi, Diego !Crietapeine, accuse-toi, c'estl'instant du repentir ! Déserteur ! Cecorps étaittapatrie sanslaquelle tun'es plusrien ! Tamémoire nerachètera rien !   LaPeste estarrivée doucement prèsdeDiego.

Seullecorps deVictoria lessépare.   LA PESTE  Alors, onrenonce ?   Diegoregarde lecorps deVictoria avecdésespoir.   Tu n'as pasdeforce ! Tesyeux sontégarés.

Moi,j'ail'œil fixedelapuissance.   DIEGO, aprèsunsilence.. »

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