- Il est bien dommage aujourd'hui, Joe, que tu n'aies pas un peu plus profité, quand nous apprenions nos leçons ici, n'est-ce pas ?
Publié le 15/12/2013
Extrait du document
«
Je
redis encore unefoisavec chaleur quec’était undes vilains côtésdelanature humaine.
Jeme trompais dans
l’application demon raisonnement, maisplustard, lescirconstances m’ontprouvé sajustesse, etjem’éloignai de
Biddy, encontinuant d’avancerdanslapetite allée,etBiddy rentra danslamaison.
Jesortis parlaporte dujardin, et
j’errai auhasard jusqu’à l’heuredusouper, songeant combienilétait étrange etmalheureux quelaseconde nuitdema
brillante fortunefûtaussi solitaire ettriste quelapremière.
Mais lematin éclaircit encoreunefoismavue etmes idées.
J’étendis maclémence surBiddy, etnous
abandonnâmes cesujet.
Ayant endossé mesmeilleurs habits,jeme rendis àla ville d’aussi bonmatin quejepouvais
espérer trouverlesboutiques ouvertes,etjeme présentai chezM. Trabb, letailleur.
Cepersonnage étaitàdéjeuner
dans sonarrière-boutique ; ilne jugea pasàpropos devenir àmoi, mais ilme fitvenir àlui.
« Eh bien, s’écria M. Trabb, commequelqu’un quifait une bonne rencontre ; commentallez-vous, etque puis-je
faire pour vous ? »
M. Trabb avaitcoupé entrois tranches sonpetit painchaud etavait faittrois litssur lesquels ilavait étendu du
beurre frais,puisilles avait superposés lesuns surlesautres.
C’étaitunbienheureux vieuxgarçon.
Safenêtre donnait
sur unbienheureux petitverger, etilyavait unbienheureux coffrescellédanslemur, àcôté delacheminée, etjene
doutais pasqu’une grandepartiedesafortune n’yfûtenfermée dansdessacs.
« M. Trabb, dis-je,c’estunechose désagréable àannoncer, parcequecela peut paraître delaforfanterie, maisil
m’est survenu unefortune magnifique. »
Un changement s’opéradanstoute lapersonne deM. Trabb.
Iloublia sestartines debeurre, quittalatable et
essuya sesdoigts surlanappe ens’écriant :
« Que Dieuaitpitié demon âme ! »
– Je vais chez mon tuteur, àLondres, dis-jeentirant dema poche etcomme parhasard quelques guinéessur
lesquelles jejetai complaisamment lesyeux, etjedésirerais meprocurer unhabillement fashionable.
Jevais vous payer,
ajoutai-je, craignantqu’ilnevoulût mefaire mesvêtements neufsquecontre argentcomptant.
– Mon chermonsieur, ditM. Trabb ens’inclinant respectueusement eten prenant laliberté des’emparer demes
bras etde me faire toucher lesdeux coudes l’uncontre l’autre, neme faites pasl’injure deme parler delasorte.
Me
risquerai-je àvous féliciter ? Meferez-vous l’honneurdepasser dansmaboutique ? »
Le garçon deM. Trabb étaitbienlegarçon leplus effronté detout lepays.
Quand j’étaisentré, ilétait entrain de
balayer laboutique ; ilavait égayé seslabeurs enbalayant surmoi ; ilbalayait encorequandj’yrevins, accompagné de
M. Trabb, etilcognait lemanche dubalai contre touslescoins ettous lesobstacles possibles, pourexprimer, jene le
comprenais quetrop bien, quel’égalité existaitentreluietn’importe quelforgeron, mortouvif.
« Cessez cebruit, ditM. Trabb avecunegrande sévérité, oujevous casse latête ! Faites-moi lafaveur devous
asseoir, monsieur.
Voyezceci,dit-il enprenant unepièce d’étoffe ; et,ladéployant, illa drapa au-dessus ducomptoir,
en larges plis,afindeme faire admirer sonlustre, c’estunarticle charmant.
Jecrois pouvoir vouslerecommander,
parce qu’ilestréellement extra-supérieur ! Maisjevais vous enfaire voird’autres.
Donnez-moi lenuméro 4 ! »cria-t-il
au garçon, enluilançant unepaire d’yeux desplus sévères, carilprévoyait quelemauvais sujetallaitmeheurter avec
le numéro 4,ou me faire quelque autresignedefamiliarité.
M. Trabb nequitta pasdes yeux legarçon, jusqu’àcequ’il eûtdéposé lenuméro 4sur latable quisetrouvait àune
distance convenable.
Alors,illui ordonna d’apporter lenuméro 5et lenuméro 8.
« Et surtout plusdevos farces, ditM. Trabb, ouvous vousenrepentirez, mauvaisgarnement, toutlerestant devos
jours. »
M. Trabb sepencha ensuite surlenuméro 4,et avec unton confidentiel etrespectueux toutàla fois, ilme le
recommanda commeunarticle d’étéfortenvogue parmila Nobility et
la Gentry, article
qu’ilconsidérait commeun
honneur depouvoir livreràses compatriotes, sitoutefois illui était permis desedire mon compatriote.
« M’apporterez-vous lesnuméros 5et 8,vagabond ! ditalors M. Trabb ; apportez-les desuite, oujevais vous jeter
à la porte etles aller chercher moi-même ! »
Avec l’assistance deM. Trabb, jechoisis lesétoffes nécessaires pourconfectionner unhabillement complet,etje
rentrai dansl’arrière-boutique pourmefaire prendre mesure ; car,bien queM. Trabb eûtdéjà mamesure, etqu’il s’en
fût contenté jusque-là, ilme dit, enmanière d’excuse, qu’ellenepouvait plusconvenir danslescirconstances actuelles,
que c’était même detoute impossibilité.
Ainsidonc, M. Trabb memesura etcalcula dansl’arrière-boutique commesi
j’eusse étéune propriété etlui leplus habile desgéomètres ; ilse donna tantdepeine, quej’emportai laconviction que
la plus ample facture nepourrait ledédommager suffisamment.
Quandileut finietqu’il futconvenu qu’ilenverrait le.
»
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