Il avait fait la guerre en 1870, Zoé.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
suggestion
àdistance, pressentiments véridiques,nesont pasconstatés, laplupart dutemps, d'unemanière assez
rigoureuse poursatisfaire àtoutes lesexigences delacritique scientifique.
Ilsreposent presquetoussurdes témoignages
qui, même sincères, laissentsubsister del'incertitude surlanature duphénomène.
Ces faits sont encore maldéfinis: jete l'accorde.
Maisleurpossibilité nefait plus dedoute pourmoidepuis quej'enai
moi−même constatéUN.Parleplus heureux hasard,ilm'a étédonné deréunir tousleséléments d'observation.
Tupeux
me croire quand jete dis que j'aiprocédé avecméthode etpris soin d'écarter toutecause d'erreur."
En articulant cettephrase, lejeune docteur Laboullée frappaitàdeux mains sapoitrine creuse,rembourrée debrochures,
et avançait versmoi, par−dessus latable, soncrâne agressif etchauve.
"Oui, moncher, ajouta−t−il, parune chance uniqueundeces phénomènes, classésparMyers etPodmore, sousla
désignation defantômes desvivants, s'estdéroulé danstoutes sesphases souslesyeux d'unhomme descience.
J'aitout
constaté, toutnoté.
J'écoute.
Les faits, reprit Laboullée, remontent àl'été de91.
Mon amiPaul Buquet, dontjet'ai souvent parlé,habitait alorsavecsa
femme unpetit appartement danslarue deGrenelle, vis−à−visdelafontaine.
Tun'as pasconnu Buquet?
Je l'ai vudeux outrois fois.Ungros garçon, avecdelabarbe jusque danslesyeux.
Safemme étaitbrune, pâle,lestraits
grands etde longs yeuxgris.
C'est cela:tempérament bilieuxetnerveux, assezbienéquilibré.
Maisunefemme quivitàParis, lesnerfs prennent le
dessus et...vatefaire fiche!...
Tul'as vue, Adrienne?
Je l'ai rencontrée unsoir ruedelaPaix, arrêtée avecsonmari devant laboutique d'unbijoutier, leregard allumé surdes
saphirs.
Unebelle personne, etfichtrement élégante,pourlafemme d'unpauvre diableenfoncé danslessous−sols dela
chimie industrielle.
Iln'avait guèreréussi, Buquet?
Buquet travaillait depuiscinqansdans lamaison Jacob,quivend, boulevard Magenta,desproduits etdes appareils pour
la photographie.
Ils'attendait d'unjouràl'autre àêtre associé.
Sansgagner desmille etdes mille, saposition n'étaitpas
mauvaise.
Ilavait del'avenir.
Unpatient, unsimple, unlaborieux.
Ilétait faitpour réussir àla longue.
Enattendant, sa
femme n'étaitpasunembarras pourlui.Envraie Parisienne, ellesavait s'ingénier etelle trouvait àchaque instantdes
occasions extraordinaires delinge, derobes, dedentelles, debijoux.
Elleétonnait sonmari parson artàs'habiller
merveilleusement pourpresque rien,etPaul était flatté delavoir toujours sibien mise avecdesdessous élégants.
Mais
ce que jete dis làest sans intérêt.
Cela m'intéresse beaucoup,moncherLaboullée.
En tout cas,cebavardage nouséloigne dubut.
J'étais, tulesais, lecamarade decollège dePaul Buquet.
Nous nousétions connus enseconde àLouis−le−Grand, etnous n'avions pascessé denous fréquenter quandàvingt−six
ans, sans position, ilépousa Adrienne paramour, et,comme ondit, avec sachemise.
Cemariage nefitpoint cesser notre
intimité.
Adrienne metémoigna plutôtdelasympathie, etjedînais trèssouvent danslejeune ménage.
Jesuis, comme tu
sais, lemédecin del'acteur Laroche ;je fréquente lesartistes, quime donnent detemps entemps desbillets.
Adrienne et
son mari aimaient beaucoup lethéâtre.
Quandj'avaisuneloge pour lesoir, j'allais manger lasoupe chezeuxetjeles
emmenais ensuiteàla Comédie−Française.
J'étaisADRIENE BUQUET
39
Crainquebille, Putois,Riquetetplusieurs autresrécitsprofitables toujourssûrdetrouver aumoment dudîner Buquet qui
rentrait régulièrement àsix heures etdemie desafabrique, safemme etl'ami Géraud.
Géraud, demandai−je, MarcelGéraud, quiavait unemploi dansunebanque etqui portait desibelles cravates?
Lui−même, c'étaitunfamilier delamaison.
Commeilétait vieux garçon etaimable convive, ilydînait touslesjours.
Il
apportait deshomards, despâtés ettoutes sortesdefriandises.
Ilétait gracieux, aimable,etparlait peu.Buquet ne
pouvait sepasser delui, etnous l'emmenions authéâtre.
Quel âgeavait−il?
Géraud? Jene sais pas.
Entre trente etquarante ans...Unjour donc queLaroche m'avaitdonnéuneloge, j'allai, comme
de coutume, ruedeGrenelle, chezlesamis Buquet.
J'étaisunpeu enretard etquand j'arrivai, ledîner étaitservi.
Paul
criait lafaim ;mais Adrienne nesedécidait pasàse mettre àtable enl'absence deGéraud.
"Mesenfants, m'écriai−je, j'ai
une seconde logepour leFrançais! onjoue Denise! Allons,ditBuquet, mangeons vitelasoupe ettâchons denepas
manquer lepremier acte."Labonne servit.Adrienne semblaitsoucieuse etl'on voyait quelecoeur luilevait àchaque
cuillerée depotage.
Buquetavalaitàgrand bruitlevermicelle dontilrattrapait avecsalangue lesfils pendus àsa
moustache.
"Lesfemmes sontextraordinaires, s'écria−t−il.Figure−toi,Laboullée,qu'Adrienne estinquiète deceque
Géraud n'estpasvenu dîner cesoir.
Ellesefait des idées.
Dis−lui doncquec'est absurde.
Géraudpeutavoir eudes
empêchements.
Il ases affaires.
Ilest garçon ;il n'a àrendre compte deson temps àpersonne.
Cequi m'étonne c'est,aucontraire, qu'il
nous consacre presquetoutessessoirées.
C'estgentil àlui.
Iln'est quejuste deluilaisser unpeu deliberté.
Moi,j'aiun
principe, c'estdenepas m'inquiéter deceque font mesamis.
Maislesfemmes nesont pasdemême." MmeBuquet
répondit d'unevoixaltérée: "Jenesuis pastranquille, Jecrains qu'ilnesoit arrivé quelque choseàM.
Géraud.".
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- BARAOUN° étudiant:22005034 Bilal Séance: Exposé: « La guerre franco-allemande(1870-1871) : un désastre militaire inévitable ?
- HISTOIRE DE LA GUERRE FRANCO-ALLEMANDE DE 1870-1871 (résumé) Helmuth Karl Bernhard von Moltke
- Guerre de 1870 13 juillet 1870 : Dépêche d'Ems.
- La France de 1815 à 1870 par Louis Girard Après une ère de bouleversements politiques et sociaux, de grandes guerres, la France en 1815 entre dans une période de paix qui durera jusqu'à la guerre de Crimée.
- L'ÉNIGME. SOUVENIR DE LA GUERRE DE 1870 de DORE GUSTAVE