HUGO - Chansons des rues et des bois
Publié le 04/03/2011
Extrait du document
Je ne me mets pas en peine
Du clocher ni du beffroi;
Je ne sais rien de la reine,
Et je ne sais rien du roi; 5 J'ignore, je le confesse,
Si le seigneur est hautain,
Si le curé dit la messe
En grec ou bien en latin, S'il faut qu'on pleure ou qu'on danse,
10 Si les nids jasent entre eux;
Mais sais-tu ce que je pense?
C'est que je suis amoureux. Sais-tu, Jeanne, à quoi je rêve?
C'est au mouvement d'oiseau
15 De ton pied blanc qui se lève
Quand tu passes le ruisseau. Et sais-tu ce qui me gêne?
C'est qu'à travers l'horizon,
Jeanne, une invisible chaîne
20 Me tire vers ta maison. Et sais-tu ce qui m'ennuie?
C'est l'air charmant et vainqueur,
Jeanne, dont tu fais la pluie
Et le beau temps dans mon cœur. 25 Et sais-tu ce qui m'occupe, Jeanne?
C'est que j'aime mieux
La moindre fleur de ta jupe
Que tous les astres des cieux. Chansons des rues et des bois, Livre I, «Pour Jeanne seule«, Poème I
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