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HUGO (1802-1885) Les misérables, IIe partie, ch. 10, «Le plateau de Mont Saint-Jean»

Publié le 03/03/2011

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hugo

   Hugo fait ici, en prose, le récit de la bataille de Waterloo. Alors, ce fut effrayant.    Toutes les faces des carrés anglais furent attaquées à la fois. Un tournoiement frénétique les enveloppa. Cette froide infanterie demeura impassible. Le premier rang, genou en 5 terre, recevait les cuirassiers sur les baïonnettes, le second rang les fusillait : derrière le second rang, les canonniers chargeaient les pièces, le front du carré s'ouvrait, laissait passer une éruption de mitraille, et se refermait. Les cuirassiers répondaient par l'écrasement. Leurs grands 10 chevaux se cabraient, enjambaient les rangs, sautaient pardessus les bayonnettes et tombaient, gigantesques, au milieu de ces quatre murs vivants. Les boulets faisaient des trouées dans les cuirassiers, les cuirassiers faisaient des brèches dans les carrés. Des files d'hommes disparaissaient, broyées sous 15 les chevaux. Les baïonnettes s'enfonçaient dans les ventres de ces centaures. De là, une difformité de blessures qu'on n'a pas vue peut-être ailleurs. Les carrés, rongés par cette cavalerie forcenée, se rétrécissaient sans broncher. Inépuisables en mitraille, ils faisaient explosion au milieu des 20 assaillants. La figure de ce combat était monstrueuse. Ces carrés n'étaient plus des bataillons, c'étaient des cratères; ces cuirassiers n'étaient plus une cavalerie, c'était une tempête. Chaque carré était un volcan attaqué par un nuage; la lave combattait la foudre.

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