hommes, et non des machines... Il veut fabriquer des révolutionnaires comme Ford fabrique des autos !
Publié le 04/11/2013
Extrait du document


«
mais,
toutdemême, Borodine estlogique : iln’y apas deplace danslecommunisme pourceluiquiveut d’abord…
être lui-même, enfin,exister séparé desautres…
— Le communisme s’opposeàune conscience individuelle ?
— Il exige davantage… L’individualisme estune maladie bourgeoise…
— Mais nousavons bienvu,àla Propagande, queGarine araison : abandonner icil’individualisme, c’estse
préparer àse faire battre.
Ettous ceux quitravaillent avecnous, Russes ounon (exception faite,peut-être, pour
Borodine) sontaussi individualistes quelui !
— Tu saisqu’ils viennent des’engueuler gravement,cequi s’appelle gravement, BorodineetGarine ? Eh !
Borodine… Ilmet sesmains danssespoches etsourit, nonsans hostilité :
« Il yaurait biendeschoses àdire surlui…
— Si lescommunistes dutype romain, sij’ose dire,ceux quidéfendent àMoscou lesacquisitions dela
Révolution, neveulent pasaccepter lesrévolutionnaires dutype… comment dirai-je ?dutype : conquérant, quisont
en train deleur donner laChine, ils…
— Conquérant ? Iltrouverait lemot amer, tonami Garine…
—… limiteront dangereusement…
— Mais peuimporte.
Tun’y comprends rien.Àtort ouàraison, Borodine jouecequi représente icile
prolétariat, danslamesure oùilpeut lefaire.
Ilsert d’abord ce
prolétariat, cettesorte denoyau quidoit prendre
conscience delui-même, grandirpoursaisir lepouvoir.
Borodine estune espèce d’homme debarre qui…
— Garine aussi.Ilne croit pasqu’il afait larévolution toutseul !
— Mais Borodine connaîtsonbateau etGarine neconnaît paslesien.
Comme ditBorodine : « Iln’a pas d’axe. »
Sauf larévolution.
— Tu parles comme ungosse.
Larévolution n’estunaxe qu’aussi longtemps qu’ellen’estpasfaite.
Sinon elle
n’est paslarévolution, elleestunsimple coupd’État, unpronunciamiento.
Ilya des moments oùjeme demande
s’il nefinirait pascomme unmussoliniste… Tuconnais Pareto ?
— Non.
— Lui doitleconnaître…
— Tu n’oublies qu’unechose : c’estquesises sentiments positifssontceque tudis (etc’est faux), ses
sentiments négatifs,eux,sont clairs : sahaine delabourgeoisie etde tout cequ’elle représente estsolide.
Etles
sentiments négatifs,cen’est pasrien.
— Oui, oui :ungénéral blanc—de gauche.
Tout çaira tant qu’il seraenface d’un ennemi commun àtous : l’Angleterre.
(Cen’est paspour rienqu’il estàla
Propagande duKuomintang.) Maisensuite ? Lorsqu’ils’agirad’organiser l’État,s’ilmise surlecommunisme, ilsera
obligé dedevenir semblable àBorodine ; s’ilmise surladémocratie —çam’étonnerait, carlepersonnel du
Kuomintang ledégote —ilest fichu : ilne voudra paspasser savie àfaire delapolitique chinoisedecouloirs, etil
ne peut tenter ladictature.
Là,ilne réussira pas,parce qu’iln’est paschinois.
Donc,autant qu’ilretourne enEurope
et meure enpaix eten gloire.
Letemps deshommes commeluitire àsa fin.
Certes, lecommunisme peutemployer
des révolutionnaires decegenre (ensomme, ici,c’est un« spécialiste ») maisenles faisant… soutenirpardeux
tchékistes résolus.Résolus.
Qu’est-ce quecette police limitée ? Borodine, Garine,toutça… »
D’un geste mou,ilsemble mélanger desliquides.
Depuis quejeconnais Garine,deslogiciens prédisent sonavenir… Nicolaïeff continue :
« Il finira biencomme tonami, Borodine : laconscience individuelle, vois-tu,c’estlamaladie deschefs.
Cequi
manque leplus, ici,c’est unevraie Tchéka…10
heures Clapotis,
sonsdejonques quiseheurtent.
Lalune cachée parletoit anime l’airtiède etsans brouillard.
Contrele
mur, souslavéranda, deuxvalises : Garinearésolu departir demain matin.Depuis longtemps ilréfléchit, assis,le
regard perdu, lesbras ballants.
Aumoment oùjeme lève pour prendre uncrayon rougeetannoter la Gazette
de
Canton que
jeviens delire, ilsort desatorpeur :
« Je pensais encoreàla phrase demon père : Ilne faut jamais lâcherlaterre. » Vivredansunmonde absurde ou
vivre dansunautre… Pasdeforce, même pasde vraie
vie sans
lacertitude, sanslahantise delavanité du
monde… » Jesais qu’à cette idéeestattaché lesens même desavie, que c’est decette sensation profonded’absurdité qu’il
tire saforce : sile monde n’estpasabsurde, c’esttoute savie qui sedisperse engestes vains,nondecette vanité
essentielle qui,aufond, l’exalte, maisd’une vanité désespérée.
D’oùlebesoin qu’ilad’imposer sapensée.
Mais.
»
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