Histoire de la Revolution francaise, tome 1 Les federes, apres avoir
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
quelques denonciations des clubs, il se maintenait dans les faveurs populaires.
La revolte eclata d'abord a Metz.
Les soldats enfermerent leurs officiers, s'emparerent des drapeaux et des
caisses, et voulurent meme faire contribuer la municipalite.
Bouille courut le plus grand danger, et parvint a
reprimer la sedition.
Bientot apres, une revolte semblable se manifesta a Nancy.
Des regimens suisses y
prirent part, et on eut lieu de craindre, si cet exemple etait suivi, que bientot tout le royaume ne se trouvat livre
aux exces reunis de la soldatesque et de la populace.
L'assemblee elle meme en trembla.
Un officier fut charge
de porter le decret rendu contre les rebelles.
Il ne put le faire executer, et Bouille recut ordre de marcher sur
Nancy pour que force restat a la loi.
Il n'avait que peu de soldats sur lesquels il put compter.
Heureusement les
troupes, naguere revoltees a Metz, humiliees de ce qu'il n'osait pas se fier a elles, offrirent de marcher contre
les rebelles.
Les gardes nationales firent la meme offre, et il s'avanca avec ces forces reunies et une cavalerie
assez nombreuse sur Nancy.
Sa position etait embarrassante, parce qu'il ne pouvait faire agir sa cavalerie, et
que son infanterie n'etait pas suffisante pour attaquer les rebelles secondes de la populace.
Neanmoins il parla
a ceux-ci avec la plus grande fermete, et parvint a leur imposer.
Ils allaient meme ceder et sortir de la ville,
conformement a ses ordres, lorsque des coups de fusil furent tires, on ne sait de quel cote.
Des-lors
l'engagement devint inevitable.
Les troupes de Bouille, se croyant trahies, combattirent avec la plus grande
ardeur; mais l'action fut opiniatre, et elles ne penetrerent que pas a pas, a travers un feu meurtrier[9].
Maitre
enfin des principales places, Bouille obtint la soumission des regimens, et les fit sortir de la ville.
Il delivra les
officiers et les autorites emprisonnes, fit choisir les principaux coupables, et les livra a l'assemblee nationale.
Cette victoire repandit une joie generale, et calma les craintes qu'on avait concues pour la tranquillite du
royaume.
Bouille recut du roi et de l'assemblee des felicitations et des eloges.
Plus tard on le calomnia, et on
accusa sa conduite de cruaute.
Cependant elle etait irreprochable, et dans le moment elle fut applaudie comme telle.
Le roi augmenta son
commandement, qui devint fort considerable, car il s'etendait depuis la Suisse jusqu'a la Sambre, et
comprenait la plus grande partie de la frontiere.
Bouille, comptant plus sur la cavalerie que sur l'infanterie,
choisit pour se cantonner les bords de la Seille, qui tombe dans la Moselle; il avait la des plaines pour faire
agir sa cavalerie, des fourrages pour la nourrir, des places assez fortes pour se retrancher, et surtout peu de
population a craindre.
Bouille etait decide a ne rien faire contre la constitution; mais il se defiait des patriotes,
et il prenait des precautions pour venir au secours du roi, si les circonstances le rendaient necessaire.
L'assemblee avait aboli les parlemens, institue les jures, detruit les jurandes, et allait ordonner une nouvelle
emission d'assignats.
Les biens du clerge offrant un capital immense, et les assignats le rendant
continuellement disponible, il etait naturel qu'elle en usat.
Toutes les objections deja faites furent renouvelees
avec plus de violence; l'eveque d'Autun lui-meme se prononca contre cette emission nouvelle, et previt avec
sagacite tous les resultats financiers de cette mesure[10].
Mirabeau, envisageant surtout les resultats
politiques, insista avec opiniatrete, et reussit.
Huit cents millions d'assignats furent decretes; et cette fois il fut
decide qu'ils ne porteraient pas interet.
Il etait inutile en effet d'ajouter un interet a une monnaie.
Qu'on fasse
cela pour un titre qui ne peut circuler et demeure oisif dans les mains de celui qui le possede, rien n'est plus
juste; mais pour une valeur qui devient actuelle par son cours force, c'est une erreur que l'assemblee ne
commit pas une seconde fois.
Necker s'opposa a cette nouvelle emission, et envoya un memoire qu'on
n'ecouta point.
Les temps etaient bien changes pour lui, et il n'etait plus ce ministre a la conservation duquel le
peuple attachait son bonheur, un an auparavant.
Prive de la confiance du roi, brouille avec ses collegues,
excepte Montmorin, il etait neglige par l'assemblee, et n'en obtenait pas tous les egards qu'il eut pu en
attendre.
L'erreur de Necker consistait a croire que la raison suffisait a tout, et que, manifestee avec un
melange de sentiment et de logique, elle devait triompher de l'entetement des aristocrates et de l'irritation des
patriotes.
Necker possedait cette raison un peu fiere qui juge les ecarts des passions et les blame; mais il
manquait de cette autre raison plus elevee et moins orgueilleuse, qui ne se borne pas a les blamer mais qui sait
aussi les conduire.
Aussi, place au milieu d'elles, il ne fut pour toutes qu'une gene et point un frein.
Demeure
sans amis depuis le depart de Mounier et de Lally, il n'avait conserve que l'inutile Malouet.
Il avait blesse Histoire de la Revolution francaise, tome 1
CHAPITRE V.
ETAT POLITIQUE ET DISPOSITIONS DES PUISSANCES ETRANGERES EN 1790.
\24DISCUSSION SUR LE DROIT DE LA PAIX ET DE LA GUERRE.\24PREMIERE INSTITUTION DU PAPIER-MONNAIE OU DES ASSIGNATS.\24ORGANISATION JUDICIAIRE.
\24CONSTITUTION CIVILE DU CLERGE.\24ABOLITION DES TITRES DE NOBLESSE.
\24ANNIVERSAIRE DU 14 JUILLET.\24FETE DE LA PREMIERE FEDERATION.\24REVOLTE DES TROUPES A NANCY.\24RETRAITE DE NECKER.\24PROJETS DE LA COUR ET DE MIRABEAU.\24FORMATION DU CAMP DE JALES.\24SERMENT CIVIQUE IMPOSE AUX ECCLESIASTIQUES.
77.
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