Histoire de la Revolution francaise, tome 1 et la commune entre les individus.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
suivies de repos, et ces repos de petites crises, jusqu'a des crises plus grandes.
On accusait de ces troubles le
clerge, la noblesse, la cour, l'Angleterre meme, qui chargea son ambassadeur de la justifier.
Les compagnies
soldees de la garde nationale furent elles-memes atteintes de cette inquietude generale.
Quelques soldats
reunis aux Champs-Elysees demanderent une augmentation de paye.
Lafayette, present partout, accourut, les
dispersa, les punit, et retablit le calme dans sa troupe toujours fidele, malgre ces legeres interruptions de
discipline.
On parlait surtout d'un complot contre l'assemblee et la municipalite, dont le chef suppose etait le marquis de
Favras.
Il fut arrete avec eclat, et livre au Chatelet.
On repandit aussitot que Bailly et Lafayette avaient du etre
assassines; que douze cents chevaux etaient prets a Versailles pour enlever le roi; qu'une armee, composee de
Suisses et de Piemontais, devait le recevoir, et marcher sur Paris.
L'alarme se repandit; on ajouta que Favras
etait l'agent secret des personnages les plus eleves.
Les soupcons se dirigerent sur Monsieur, frere du roi.
Favras avait ete dans ses gardes, et avait de plus negocie un emprunt pour son compte.
Monsieur, effraye de
l'agitation des esprits, se presenta a l'Hotel-de-Ville, protesta contre les insinuations dont il etait l'objet,
expliqua ses rapports avec Favras, rappela ses dispositions populaires, manifestees autrefois dans l'assemblee
des notables, et demanda a etre juge, non sur les bruits publics, mais sur son patriotisme connu et point
dementi[11].
Des applaudissemens universels couvrirent son discours, et il fut reconduit par la foule jusqu'a sa
demeure.
Le proces de Favras fut continue.
Ce Favras avait couru l'Europe, epouse une princesse etrangere, et faisait
des projets pour retablir sa fortune.
Il en avait fait au 14 juillet, aux 5 et 6 octobre, et dans les premiers mois
de 1790.
Les temoins qui l'accusaient precisaient son dernier plan.
L'assassinat de Bailly et de Lafayette,
l'enlevement du roi, paraissaient faire partie de ce plan; mais on n'avait aucune preuve que les douze cents
chevaux fussent prepares, ni que l'armee suisse ou piemontaise fut en mouvement.
Les circonstances etaient
peu favorables a Favras.
Le Chatelet venait d'elargir Besenval et autres impliques dans le complot du 14
juillet; l'opinion etait mecontente.
Neanmoins Lafayette rassura les messieurs du Chatelet, leur demanda d'etre
justes, et leur promit que leur jugement, quel qu'il fut, serait execute.
Ce proces fit renaitre les soupcons contre la cour.
Ces nouveaux projets la faisaient paraitre incorrigible; car,
au milieu meme de Paris, on la voyait conspirer encore.
On conseilla donc au roi une demarche eclatante qui
put satisfaire l'opinion publique.
Le 4 fevrier 1790, l'assemblee fut etonnee de voir quelques changemens dans la disposition de la salle.
Un
tapis a fleurs de lis recouvrait les marches du bureau.
Le fauteuil des secretaires etait rabaisse: le president
etait debout a cote du siege ou il etait ordinairement assis.
\34Voici le roi,\35 s'ecrient tout-a-coup les huissiers;
et Louis XVI entre aussitot dans la salle.
L'assemblee se leve a son aspect, et il est recu au milieu des
applaudissemens.
Une foule de spectateurs rapidement accourus occupent les tribunes, envahissent toutes les
parties de la salle, et attendent avec la plus grande impatience les paroles royales.
Louis XVI parle debout a
l'assemblee assise: il rappelle d'abord les troubles auxquels la France s'est trouvee en proie, les efforts qu'il a
faits pour les calmer, et pour assurer la subsistance du peuple; il recapitule les travaux des representans, en
declarant qu'il avait tente les memes choses dans les assemblees provinciales; il montre enfin qu'il avait jadis
manifeste lui-meme les voeux qui viennent d'etre realises.
Il ajoute qu'il croit devoir plus specialement s'unir
aux representans de la nation, dans un moment ou on lui a soumis les decrets destines a etablir dans le
royaume une organisation nouvelle.
Il favorisera, dit-il, de tout son pouvoir le succes de cette vaste
organisation; toute tentative contraire serait coupable et poursuivie par tous les moyens.
A ces mots, des
applaudissemens retentissent.
Le roi poursuit; et, rappelant ses propres sacrifices, il engage tous ceux qui ont
perdu quelque chose a imiter sa resignation, et a se dedommager de leurs pertes par les biens que la
constitution nouvelle promet a la France.
Mais, lorsque, apres avoir promis de defendre cette constitution, il
ajoute qu'il fera davantage encore, et que, de concert avec la reine, il preparera de bonne heure l'esprit et le
coeur de son fils au nouvel ordre de choses, et l'habituera a etre heureux du bonheur des Francais, des cris
d'amour s'echappent de toutes parts, toutes les mains sont tendues vers le monarque, tous les yeux cherchent la Histoire de la Revolution francaise, tome 1
CHAPITRE IV.
INTRIGUES DE LA COUR.\24REPAS DES GARDES-DU-CORPS ET DES OFFICIERS DU REGIMENT DE FLANDRE A VERSAILLES.\24JOURNEES DES 4, 5, ET 6 OCTOBRE; SCENES TUMULTUEUSES ET SANGLANTES.
ATTAQUE DU CHATEAU DE VERSAILLES PAR LA MULTITUDE.\24LE ROI VIENT DEMEURER A PARIS.\24ETAT DES PARTIS.\24LE DUC D'ORLEANS QUITTE LA FRANCE.\24NEGOCIATION DE MIRABEAU AVEC LA COUR.
\24L'ASSEMBLEE SE TRANSPORTE A PARIS.\24LOI SUR LES BIENS DU CLERGE.
\24SERMENT CIVIQUE,\24TRAITE DE MIRABEAU AVEC LA COUR.\24BOUILLE.
\24AFFAIRE FAVRAS.\24PLANS CONTRE-REVOLUTIONNAIRES.\24CLUBS DES JACOBINS ET DES FEUILLANTS.
63.
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