Histoire de la Revolution francaise, tome 1 allies, avaient cede en
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
Ce meme jour, 28 fevrier, il exercait, presque pour la derniere fois, son empire, signalait sa haine contre les
Lameth, et deployait contre eux sa redoutable puissance.
La loi sur l'emigration allait etre discutee.
Chapelier la presenta au nom du comite.
Il partageait, disait-il,
l'indignation generale contre ces Francais qui abandonnaient leur patrie; mais il declarait qu'apres plusieurs
jours de reflexions, le comite avait reconnu l'impossibilite de faire une loi sur l'emigration.
Il etait difficile en
effet d'en faire une.
Il fallait se demander d'abord si on avait le droit de fixer l'homme au sol.
On l'avait sans
doute, si le salut de la patrie l'exigeait; mais il fallait distinguer les motifs des voyageurs, ce qui devenait
inquisitorial; il fallait distinguer leur qualite de Francais ou d'etrangers, d'emigrans ou de simples
commercans.
La loi etait donc tres difficile, si elle n'etait pas impossible.
Chapelier ajouta que le comite, pour
obeir a l'assemblee, en avait redige une; que, si on le voulait, il allait la lire; mais qu'il avertissait d'avance
qu'elle violait tous les principes.
\34Lisez....
Ne lisez pas....\35 s'ecrie-t-on de toutes parts.
Une foule de deputes
veulent prendre la parole.
Mirabeau la demande a son tour, l'obtient, et, ce qui est mieux, commande le
silence.
Il lit une lettre fort eloquente, adressee autrefois a Frederic-Guillaume, dans laquelle il reclamait la
liberte d'emigration, comme un des droits les plus sacres de l'homme, qui, n'etant point attache par des racines
a la terre, n'y devait rester attache que par le bonheur.
Mirabeau, peut-etre pour satisfaire la cour, mais surtout
par conviction, repoussait comme tyrannique toute mesure contre la liberte d'aller et de venir.
Sans doute on
abusait de cette liberte dans le moment; mais l'assemblee, s'appuyant sur sa force, avait tolere tant d'exces de
la presse commis contre elle-meme, elle avait souffert tant de vaines tentatives, et les avait si victorieusement
repoussees par le mepris, qu'on pouvait lui conseiller de persister dans le meme systeme.
Mirabeau est
applaudi dans son opinion, mais on s'obstine a demander la lecture du projet de loi.
Chapelier le lit enfin: ce
projet propose, pour les cas de troubles, d'instituer une commission dictatoriale, composee de trois membres,
qui designeront nommement et a leur gre ceux qui auront la liberte de circuler hors du royaume.
A cette ironie
sanglante, qui denoncait l'impossibilite d'une loi, des murmures s'elevent.
\34Vos murmures m'ont soulage,
s'ecrie Mirabeau, vos coeurs repondent au mien, et repoussent cette absurde tyrannie.
Pour moi, je me crois
delie de tout serment envers ceux qui auront l'infamie d'admettre une commission dictatoriale.\35 Des cris
s'elevent du cote gauche.
\34Oui, repete-t-il, je jure....\35 Il est interrompu de nouveau....
\34Cette popularite,
reprend-il avec une voix tonnante, que j'ai ambitionnee, et dont j'ai joui comme un autre, n'est pas un faible
roseau; je l'enfoncerai profondement en terre ...
et je le ferai germer sur le terrain de la justice et de la
raison....\35 Les applaudissemens eclatent de toutes parts.
\34Je jure, ajoute l'orateur, si une loi d'emigration est
votee, je jure de vous desobeir.\35
Il descend de la tribune apres avoir etonne l'assemblee et impose a ses ennemis.
Cependant la discussion se
prolonge encore; les uns veulent l'ajournement, pour avoir le temps de faire une loi meilleure; les autres
exigent qu'il soit declare de suite qu'on n'en fera pas, afin de calmer le peuple et de terminer ses agitations.
On
murmure, on crie, on applaudit.
Mirabeau demande encore la parole, et semble l'exiger.
\34Quel est, s'ecrie M.
Goupil, le titre de la dictature qu'exerce ici M.
de Mirabeau?\35 Mirabeau, sans l'ecouter, s'elance a la tribune.
\34Je n'ai pas accorde la parole, dit le president; que l'assemblee decide.\35 Mais, sans rien decider, l'assemblee
ecoute.
\34Je prie les interrupteurs, dit Mirabeau, de se souvenir que j'ai toute ma vie combattu la tyrannie, et
que je la combattrai partout ou elle sera assise;\35 et en prononcant ces mots, il promene ses regards de droite a
gauche.
Des applaudissemens nombreux accompagnent sa voix; il reprend: \34Je prie M.
Goupil de se souvenir
qu'il s'est mepris jadis sur un Catilina dont il repousse aujourd'hui la dictature[3]; je prie l'assemblee de
remarquer que la question de l'ajournement, simple en apparence, en renferme d'autres, et, par exemple,
qu'elle suppose qu'une loi est a faire.\35 De nouveaux murmures s'elevent a Gauche.
\34Silence aux trente voix!
s'ecrie l'orateur en fixant ses regards sur la place de Barnave et des Lameth.
Enfin, ajoute-t-il, si l'on veut, je
vote aussi l'ajournement, mais a condition qu'il soit decrete que d'ici a l'expiration de l'ajournement il n'y aura
pas de sedition.\35 Des acclamations unanimes couvrent ces derniers mots.
Neanmoins l'ajournement l'emporte,
mais a une si petite majorite, que l'on conteste le resultat, et qu'une seconde epreuve est exigee.
Mirabeau dans cette occasion frappa surtout par son audace; jamais peut-etre il n'avait plus imperieusement
subjugue l'assemblee.
Mais sa fin approchait, et c'etaient la ses derniers triomphes.
Des pressentimens de mort Histoire de la Revolution francaise, tome 1
CHAPITRE VI.
PROGRES DE L'EMIGRATION.\24LE PEUPLE SOULEVE ATTAQUE LE DONJON DE VINCENNES.
\24CONSPIRATION DES Chevaliers du Poignard.\24DISCUSSION SUR LA LOI CONTRE LES EMIGRES.\24MORT DE MIRABEAU.\24INTRIGUES CONTRE-REVOLUTIONNAIRES.\24FUITE DU ROI ET DE SA FAMILLE; IL EST ARRETE A VARENNES ET RAMENE A PARIS.
\24DISPOSITION DES PUISSANCES ETRANGERES; PREPARATIFS DES EMIGRES.
\24DECLARATIONS DE PILNITZ.\24PROCLAMATION DE LA LOI MARTIALE AU CHAMP-DE-MARS.\24LE ROI ACCEPTE LA CONSTITUTION.\24CLOTURE DE L'ASSEMBLEE CONSTITUANTE.
83.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Histoire de la Revolution francaise, tome 1 infames inventions du despotisme.
- Histoire de la Revolution francaise, tome 1 Les federes, apres avoir
- Histoire de la Revolution francaise, tome 1 eux-memes.
- Histoire de la Revolution francaise, tome 1 et la commune entre les individus.
- Histoire de la Revolution francaise, tome 1 les serra dans ses bras, en les nommant ses enfans.