Histoire de la Revolution francaise, IV venait de l'affaiblir encore en detachant sept a huit mille hommes de son corps pour les joindre a l'armee prussienne.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
secondee et qui degenera en une deroute complete.
Suivant son usage, il se plaignit des subordonnes, et fut
transporte a l'armee du Nord pour rendre l'organisation et le courage aux troupes retranchees au camp de
Cesar.
Ainsi la coalition qui faisait les sieges de Valenciennes et de Mayence, pouvait, apres deux places
prises, avancer sur notre centre, et effectuer sans obstacle l'invasion.
Du Rhin aux Alpes et aux Pyrenees, une chaine de revoltes menacait les derrieres de nos armees et
interrompait leurs communications.
Les Vosges, le Jura, l'Auvergne, la Lozere, forment, du Rhin aux
Pyrenees, une masse presque continue de montagnes de differente etendue et de diverse hauteur.
Les pays de
montagnes sont, pour les institutions, les moeurs et les habitudes, des lieux de conservation.
Dans presque
toutes celles que nous venons de designer, la population gardait un reste d'attachement pour son ancienne
maniere d'etre, et, sans etre aussi fanatisee que la Vendee, elle etait neanmoins assez disposee a s'insurger.
Les
Vosges, a moitie allemandes, etaient travaillees par les nobles, par les pretres, et montraient des dispositions
d'autant plus menacantes, que l'armee du Rhin chancelait davantage.
Le Jura etait tout entier insurge pour la
Gironde; et si dans sa rebellion il montrait plus d'esprit de liberte, il n'en etait pas moins dangereux, car quinze
a vingt mille montagnards se rassemblaient autour de Lons-le-Saulnier, et se liaient aux revoltes de l'Ain et
du Rhone.
On a vu dans quel etat se trouvait Lyon.
Les montagnes de la Lozere, qui separent la Haute-Loire
du Rhone, se remplissaient de revoltes a la maniere des Vendeens.
Commandes par un ex-constituant nomme
Charrier, ils s'elevaient deja au nombre de trente mille, et pouvaient se joindre par la Loire a la Vendee.
Apres,
venaient les insurges federalistes du midi.
Ainsi, de vastes revoltes, differentes de but et de principes, mais
egalement formidables, menacaient les derrieres des armees du Rhin, des Alpes et des Pyrenees.
Le long des Alpes, les Piemontais etaient en armes, et voulaient reprendre sur nous la Savoie et le comte de
Nice.
Les neiges empechaient le commencement des hostilites le long du Saint-Bernard, et chacun gardait ses
postes dans les trois vallees de Sallenche, de la Tarentaise et de la Maurienne.
Aux Alpes maritimes et a
l'armee dite d'Italie, il en etait autrement.
La les hostilites avaient ete reprises de bonne heure, et des le mois
de mai on avait recommence a se disputer le poste si important de Saorgio, duquel dependait la tranquille
possession de Nice.
En effet, ce poste une fois occupe, les Francais etaient maitres du Col de Tende, et
tenaient la clef de la grande chaine.
Aussi les Piemontais avaient mis autant d'energie a le defendre que nous a
l'attaquer.
Ils avaient, tant en Savoie que du cote de Nice, quarante mille hommes, renforces par huit mille
Autrichiens auxiliaires.
Leurs troupes, disseminees en plusieurs corps d'egale force depuis le col de Tende
jusqu'au grand Saint-Bernard, avaient suivi, comme toutes celles de la coalition, le systeme des cordons, et
gardaient toutes les vallees.
L'armee francaise d'Italie etait dans le plus deplorable etat; composee de quinze
mille hommes au plus, denuee de tout, faiblement commandee, il n'etait pas possible d'en obtenir de grands
efforts.
Le general Biron, qui l'avait commandee un instant, l'augmenta de cinq mille hommes, mais il ne put
la pourvoir de tout ce qui lui etait necessaire.
Si une de ces grandes pensees qui nous auraient perdus au Nord
s'etait elevee au Midi, notre ruine n'eut pas ete moins certaine de ce cote.
Les Piemontais pouvaient, a la
faveur des glaces qui paralysaient forcement toute action du cote des grandes Alpes, transporter toutes leurs
forces aux Alpes du Midi, et, debouchant sur Nice avec une masse de trente mille hommes, culbuter notre
armee d'Italie, la refouler sur les departemens insurges, la disperser entierement, favoriser le soulevement des
deux rives du Rhone, s'avancer peut-etre jusqu'a Grenoble et Lyon, prendre la par derriere notre armee
engagee dans les plaines de la Savoie, et envahir ainsi toute une partie de la France.
Mais il n'y avait pas plus
un Amedee chez eux qu'un Eugene chez les Autrichiens, ou qu'un Marlborough chez les Anglais.
Ils s'etaient
donc bornes a la defense de Saorgio.
Brunet, qui succeda a Anselme, avait fait, sur le poste de Saorgio, les memes efforts que Dampierre du cote de
Conde.
Apres plusieurs combats inutiles et sanglans, on en livra enfin un dernier, le 12 juin, qui fut suivi d'une
deroute complete.
Alors encore, si l'ennemi eut puise dans son succes un peu d'audace, il aurait pu nous
disperser, nous faire evacuer Nice et repasser le Var.
Kellermann etait accouru de son quartier-general des
Alpes, avait rallie l'armee au camp de Donjon, fixe des positions defensives, et ordonne, en attendant de
nouvelles forces, une inaction absolue.
Une circonstance rendait encore plus dangereuse la situation de cette
armee, c'etait l'apparition dans la Mediterranee de l'amiral anglais Hood, sorti de Gibraltar avec trente-sept Histoire de la Revolution francaise, IV
CHAPITRE X.
62.
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