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Histoire de la Revolution francaise, IV patrouilles qui y circulent; il suffit de voir ce beau spectacle pour decreter que "Paris a bien merite de la patrie!

Publié le 11/04/2014

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Histoire de la Revolution francaise, IV patrouilles qui y circulent; il suffit de voir ce beau spectacle pour decreter que "Paris a bien merite de la patrie!" A ces mots, toute l'assemblee se leve et declare par acclamation que Paris a bien merite de la patrie. La Montagne et les tribunes applaudissent, surprises de voir une telle proposition sortir de la bouche de Vergniaud. Cette motion etait fort adroite sans doute, mais ce n'etait pas avec un temoignage flatteur qu'on pouvait reveiller le zele des sections, rallier celles qui desapprouvaient la commune, et leur donner le courage et l'ensemble necessaires pour resister a l'insurrection. Dans ce moment, la section du faubourg Saint-Antoine, excitee par les emissaires qui etaient venus lui dire que la Butte-des-Moulins avait arbore la cocarde blanche, descend dans l'interieur de Paris avec ses canons, et s'arrete a quelques pas du Palais-Royal, ou la section de la Butte-des-Moulins s'etait retranchee. Celle-ci s'etait mise en bataille dans le jardin, avait ferme toutes les grilles, et se tenait prete, avec ses canons, a soutenir un siege en cas d'attaque. Au dehors on continuait a repandre le bruit qu'elle avait la cocarde et le drapeau blancs, et on excitait la section du faubourg Saint-Antoine a l'attaquer. Cependant quelques officiers de cette derniere representent qu'avant d'en venir a des extremites, il faut s'assurer des faits et tacher de s'entendre. Ils se presentent aux grilles et demandent a parler aux officiers de la Butte-des-Moulins. On les recoit, et ils ne trouvent partout que les couleurs nationales. Alors on s'explique, on s'embrasse de part et d'autre. Les officiers retournent a leurs bataillons, et bientot les deux sections reunies se confondent et parcourent ensemble les rues de Paris. Ainsi la soumission devenait de plus en plus generale, et on laissait la nouvelle commune poursuivre ses debats avec la convention. Dans ce moment, Barrere, toujours pret a fournir les projets moyens, proposait au nom du comite de salut public d'abolir la commission des douze, mais en meme temps de mettre la force armee a la disposition de la convention. Tandis qu'il developpe son projet, une nouvelle deputation vient pour la troisieme fois exprimer ses dernieres intentions a l'assemblee, au nom du departemens, de la commune, et des commissaires des sections extraordinairement reunis a l'Eveche. Le procureur-syndic du departemens, l'Huillier, a la parole. "Legislateurs, dit-il, depuis longtemps la ville et le departemens de Paris sont calomnies aux yeux de l'univers. Les memes hommes qui ont voulu perdre Paris dans l'opinion publique sont les fauteurs des massacres de la Vendee; ce sont eux qui flattent et soutiennent les esperances de nos ennemis; ce sont eux qui avilissent les autorites constituees, qui cherchent a egarer le peuple pour avoir le droit de s'en plaindre; ce sont eux qui vous denoncent des complots imaginaires pour en creer de reels; ce sont eux qui vous ont demande le comite des douze pour opprimer la liberte du peuple; ce sont eux enfin qui, par une fermentation criminelle, par des adresses controuvees, par leur correspondance, entretiennent les haines et les divisions dans votre sein, et privent la patrie du plus grand des bienfaits, d'une bonne constitution qu'elle a achetee par tant de sacrifices." Apres cette vehemente apostrophe, l'Huillier denonce des projets de federalisme, declare que la ville de Paris veut perir pour le maintien de l'unite republicaine; et demande justice des paroles fameuses d'Isnard, Paris sera raye de la liste des cites. "Legislateurs, s'ecrie-t-il, le projet de detruire Paris serait-il bien forme! voudriez-vous dissoudre ce depot sacre des arts et des connaissances humaines!" Apres ces lamentations affectees, il demande vengeance contre Isnard, contre les douze, et contre beaucoup d'autres coupables, tels que Brissot, Guadet, Vergniaud, Gensonne, Buzot, Barbaroux, Roland, Lebrun, Claviere, etc. Le cote droit garde le silence. Le cote gauche et les tribunes applaudissent. Le president Gregoire repond a l'Huillier par des eloges emphatiques de Paris, et invite la deputation aux honneurs de la seance. Les petitionnaires qui la composaient etaient meles a une foule de gens du peuple. Trop nombreux pour rester tous a la barre, ils vont se placer du cote de la Montagne, qui les accueille avec empressement et leur ouvre ses rangs. Alors une multitude inconnue se repand dans la salle, et se confond avec l'assemblee. Les tribunes, a ce spectacle de fraternite entre les representans et le peuple, retentissent d'applaudissemens. Osselin demande CHAPITRE IX. 45 Histoire de la Revolution francaise, IV aussitot que la petition soit imprimee, et qu'on delibere sur son contenu, redige en projet par Barrere: "President, s'ecrie Vergniaud, consultez l'assemblee pour savoir si elle veut deliberer dans l'etat ou elle se trouve!--Aux voix le projet de Barrere! s'ecrie-t-on a gauche.--Nous protestons, s'ecrie-t-on a droite, contre toute deliberation.--La convention n'est pas libre, dit Doulcet.---Eh bien, reprend Levasseur, que les membres du cote gauche se portent vers la droite, et alors la convention sera distincte des petitionnaires, et pourra deliberer." A cette proposition, la Montagne s'empresse de passer a droite. Pour un moment les deux cotes se confondent et les bancs de la Montagne sont entierement abandonnes aux petitionnaires. On met aux voix l'impression de l'adresse, et elle est decretee. "Aux voix! repete-t-on ensuite, le projet de Barrere!--Nous ne sommes pas libres, repondent plusieurs membres de l'assemblee.--Je demande, s'ecrie Vergniaud, que la convention aille se reunir a la force armee qui l'entoure, pour y chercher protection contre la violence qu'elle subit." En achevant ces mots, il sort suivi d'un grand nombre de ses collegues. La Montagne et les tribunes applaudissent avec ironie au depart du cote droit; la Plaine reste indecise et effrayee. "Je demande, dit aussitot Chabot, qu'on fasse l'appel nominal pour signaler les absens qui desertent leur poste." Dans ce moment, Vergniaud et ceux qui l'avaient suivi rentrent avec un air de douleur et comme tout-a-fait accables; car cette demarche, qui pouvait etre grande, si elle eut ete secondee, devenait petite et ridicule en ne l'etant pas. Vergniaud essaie de parler, mais Robespierre ne veut pas lui ceder la tribune qu'il occupait. Il y reste, et reclame des mesures promptes et energiques pour satisfaire le peuple; il demande qu'a la suppression de la commission des douze on joigne des mesures severes contre ses membres; il s'etend ensuite longuement sur la redaction du projet de Barrere, et s'oppose a l'article qui attribuait la disposition de la force armee a la convention. "Concluez donc, lui dit Vergniaud impatient.--Oui, reprend Robespierre, je vais conclure et contre vous! Contre vous, qui, apres la revolution du 10 aout, avez voulu conduire a l'echafaud ceux qui l'ont faite! contre vous, qui n'avez cesse de provoquer la destruction de Paris! contre vous, qui avez voulu sauver le tyran! contre vous, qui avez conspire avec Dumouriez! Ma conclusion, c'est le decret d'accusation contre tous les complices de Dumouriez, et contre ceux designes par les petitionnaires." Apres de longs et nombreux applaudissemens, un decret est redige, mis aux voix, et adopte au milieu d'un tumulte qui permet a peine de distinguer s'il a reuni un nombre suffisant de suffrages. Il porte: que la commission des douze est supprimee; que ses papiers seront saisis pour en etre fait le rapport sous trois jours; que la force armee est en requisition permanente; que les autorites constituees rendront compte a la convention des moyens pris pour assurer la tranquillite publique; que les complots denonces seront poursuivis, et qu'une proclamation sera faite pour donner a la France une juste idee de cette journee, que les malveillans chercheront sans doute a defigurer. Il etait dix heures du soir, et deja les jacobins, la commune, se plaignaient de ce que la journee s'ecoulait sans produire de resultat. Ce decret rendu, quoiqu'il ne decide encore rien quant a la personne des girondins, est un premier succes dont on se rejouit, et dont on force la convention opprimee a se rejouir aussi. La commune ordonne aussitot d'illuminer la ville entiere; on fait une promenade civique aux flambeaux; les sections marchent confondues, celle du faubourg Saint-Antoine avec celles de la Butte-des-Moulins et du Mail. Des deputes de la Montagne et le president sont obliges d'assister a ce cortege, et les vainqueurs forcent les vaincus eux-memes a celebrer leur victoire. Le caractere de la journee etait assez evident. Les insurges avaient pretendu faire toutes choses avec des formes. Ils ne voulaient point dissoudre la convention, mais en obtenir ce qu'ils exigeaient, en paraissant lui conserver leur respect. Les faibles membres de la Plaine se pretaient volontiers a ce mensonge, qui tendait a les faire regarder encore comme libres, quoique en fait ils obeissent. On avait en effet aboli la commission des douze, et renvoye l'examen de sa conduite a trois jours, afin de ne pas avoir l'air de ceder. On n'avait pas attribue a la convention la disposition de la force armee, mais on avait decide qu'il lui serait rendu compte des mesures prises, pour lui conserver ainsi les apparences de la souverainete. On ordonnait enfin une proclamation, pour repeter officiellement que la convention n'avait pas peur, et qu'elle etait parfaitement libre. CHAPITRE IX. 46
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« aussitot que la petition soit imprimee, et qu'on delibere sur son contenu, redige en projet par Barrere: “President, s'ecrie Vergniaud, consultez l'assemblee pour savoir si elle veut deliberer dans l'etat ou elle se trouve!—Aux voix le projet de Barrere! s'ecrie-t-on a gauche.—Nous protestons, s'ecrie-t-on a droite, contre toute deliberation.—La convention n'est pas libre, dit Doulcet.—-Eh bien, reprend Levasseur, que les membres du cote gauche se portent vers la droite, et alors la convention sera distincte des petitionnaires, et pourra deliberer.” A cette proposition, la Montagne s'empresse de passer a droite.

Pour un moment les deux cotes se confondent et les bancs de la Montagne sont entierement abandonnes aux petitionnaires.

On met aux voix l'impression de l'adresse, et elle est decretee.

“Aux voix! repete-t-on ensuite, le projet de Barrere!—Nous ne sommes pas libres, repondent plusieurs membres de l'assemblee.—Je demande, s'ecrie Vergniaud, que la convention aille se reunir a la force armee qui l'entoure, pour y chercher protection contre la violence qu'elle subit.” En achevant ces mots, il sort suivi d'un grand nombre de ses collegues.

La Montagne et les tribunes applaudissent avec ironie au depart du cote droit; la Plaine reste indecise et effrayee.

“Je demande, dit aussitot Chabot, qu'on fasse l'appel nominal pour signaler les absens qui desertent leur poste.” Dans ce moment, Vergniaud et ceux qui l'avaient suivi rentrent avec un air de douleur et comme tout-a-fait accables; car cette demarche, qui pouvait etre grande, si elle eut ete secondee, devenait petite et ridicule en ne l'etant pas.

Vergniaud essaie de parler, mais Robespierre ne veut pas lui ceder la tribune qu'il occupait.

Il y reste, et reclame des mesures promptes et energiques pour satisfaire le peuple; il demande qu'a la suppression de la commission des douze on joigne des mesures severes contre ses membres; il s'etend ensuite longuement sur la redaction du projet de Barrere, et s'oppose a l'article qui attribuait la disposition de la force armee a la convention.

“Concluez donc, lui dit Vergniaud impatient.—Oui, reprend Robespierre, je vais conclure et contre vous! Contre vous, qui, apres la revolution du 10 aout, avez voulu conduire a l'echafaud ceux qui l'ont faite! contre vous, qui n'avez cesse de provoquer la destruction de Paris! contre vous, qui avez voulu sauver le tyran! contre vous, qui avez conspire avec Dumouriez! Ma conclusion, c'est le decret d'accusation contre tous les complices de Dumouriez, et contre ceux designes par les petitionnaires.” Apres de longs et nombreux applaudissemens, un decret est redige, mis aux voix, et adopte au milieu d'un tumulte qui permet a peine de distinguer s'il a reuni un nombre suffisant de suffrages.

Il porte: que la commission des douze est supprimee; que ses papiers seront saisis pour en etre fait le rapport sous trois jours; que la force armee est en requisition permanente; que les autorites constituees rendront compte a la convention des moyens pris pour assurer la tranquillite publique; que les complots denonces seront poursuivis, et qu'une proclamation sera faite pour donner a la France une juste idee de cette journee, que les malveillans chercheront sans doute a defigurer. Il etait dix heures du soir, et deja les jacobins, la commune, se plaignaient de ce que la journee s'ecoulait sans produire de resultat.

Ce decret rendu, quoiqu'il ne decide encore rien quant a la personne des girondins, est un premier succes dont on se rejouit, et dont on force la convention opprimee a se rejouir aussi.

La commune ordonne aussitot d'illuminer la ville entiere; on fait une promenade civique aux flambeaux; les sections marchent confondues, celle du faubourg Saint-Antoine avec celles de la Butte-des-Moulins et du Mail.

Des deputes de la Montagne et le president sont obliges d'assister a ce cortege, et les vainqueurs forcent les vaincus eux-memes a celebrer leur victoire. Le caractere de la journee etait assez evident.

Les insurges avaient pretendu faire toutes choses avec des formes.

Ils ne voulaient point dissoudre la convention, mais en obtenir ce qu'ils exigeaient, en paraissant lui conserver leur respect.

Les faibles membres de la Plaine se pretaient volontiers a ce mensonge, qui tendait a les faire regarder encore comme libres, quoique en fait ils obeissent.

On avait en effet aboli la commission des douze, et renvoye l'examen de sa conduite a trois jours, afin de ne pas avoir l'air de ceder.

On n'avait pas attribue a la convention la disposition de la force armee, mais on avait decide qu'il lui serait rendu compte des mesures prises, pour lui conserver ainsi les apparences de la souverainete.

On ordonnait enfin une proclamation, pour repeter officiellement que la convention n'avait pas peur, et qu'elle etait parfaitement libre.

Histoire de la Revolution francaise, IV CHAPITRE IX.

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