Histoire de la Revolution francaise, IV patrouilles qui y circulent; il suffit de voir ce beau spectacle pour decreter que "Paris a bien merite de la patrie!
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
aussitot que la petition soit imprimee, et qu'on delibere sur son contenu, redige en projet par Barrere:
President, s'ecrie Vergniaud, consultez l'assemblee pour savoir si elle veut deliberer dans l'etat ou elle se
trouve!Aux voix le projet de Barrere! s'ecrie-t-on a gauche.Nous protestons, s'ecrie-t-on a droite,
contre toute deliberation.La convention n'est pas libre, dit Doulcet.-Eh bien, reprend Levasseur, que les
membres du cote gauche se portent vers la droite, et alors la convention sera distincte des petitionnaires, et
pourra deliberer. A cette proposition, la Montagne s'empresse de passer a droite.
Pour un moment les deux
cotes se confondent et les bancs de la Montagne sont entierement abandonnes aux petitionnaires.
On met aux
voix l'impression de l'adresse, et elle est decretee.
Aux voix! repete-t-on ensuite, le projet de
Barrere!Nous ne sommes pas libres, repondent plusieurs membres de l'assemblee.Je demande, s'ecrie
Vergniaud, que la convention aille se reunir a la force armee qui l'entoure, pour y chercher protection contre la
violence qu'elle subit. En achevant ces mots, il sort suivi d'un grand nombre de ses collegues.
La Montagne
et les tribunes applaudissent avec ironie au depart du cote droit; la Plaine reste indecise et effrayee.
Je
demande, dit aussitot Chabot, qu'on fasse l'appel nominal pour signaler les absens qui desertent leur poste.
Dans ce moment, Vergniaud et ceux qui l'avaient suivi rentrent avec un air de douleur et comme tout-a-fait
accables; car cette demarche, qui pouvait etre grande, si elle eut ete secondee, devenait petite et ridicule en ne
l'etant pas.
Vergniaud essaie de parler, mais Robespierre ne veut pas lui ceder la tribune qu'il occupait.
Il y
reste, et reclame des mesures promptes et energiques pour satisfaire le peuple; il demande qu'a la suppression
de la commission des douze on joigne des mesures severes contre ses membres; il s'etend ensuite longuement
sur la redaction du projet de Barrere, et s'oppose a l'article qui attribuait la disposition de la force armee a la
convention.
Concluez donc, lui dit Vergniaud impatient.Oui, reprend Robespierre, je vais conclure et
contre vous! Contre vous, qui, apres la revolution du 10 aout, avez voulu conduire a l'echafaud ceux qui l'ont
faite! contre vous, qui n'avez cesse de provoquer la destruction de Paris! contre vous, qui avez voulu sauver le
tyran! contre vous, qui avez conspire avec Dumouriez! Ma conclusion, c'est le decret d'accusation contre tous
les complices de Dumouriez, et contre ceux designes par les petitionnaires.
Apres de longs et nombreux applaudissemens, un decret est redige, mis aux voix, et adopte au milieu d'un
tumulte qui permet a peine de distinguer s'il a reuni un nombre suffisant de suffrages.
Il porte: que la
commission des douze est supprimee; que ses papiers seront saisis pour en etre fait le rapport sous trois jours;
que la force armee est en requisition permanente; que les autorites constituees rendront compte a la
convention des moyens pris pour assurer la tranquillite publique; que les complots denonces seront poursuivis,
et qu'une proclamation sera faite pour donner a la France une juste idee de cette journee, que les malveillans
chercheront sans doute a defigurer.
Il etait dix heures du soir, et deja les jacobins, la commune, se plaignaient de ce que la journee s'ecoulait sans
produire de resultat.
Ce decret rendu, quoiqu'il ne decide encore rien quant a la personne des girondins, est un
premier succes dont on se rejouit, et dont on force la convention opprimee a se rejouir aussi.
La commune
ordonne aussitot d'illuminer la ville entiere; on fait une promenade civique aux flambeaux; les sections
marchent confondues, celle du faubourg Saint-Antoine avec celles de la Butte-des-Moulins et du Mail.
Des
deputes de la Montagne et le president sont obliges d'assister a ce cortege, et les vainqueurs forcent les
vaincus eux-memes a celebrer leur victoire.
Le caractere de la journee etait assez evident.
Les insurges avaient pretendu faire toutes choses avec des
formes.
Ils ne voulaient point dissoudre la convention, mais en obtenir ce qu'ils exigeaient, en paraissant lui
conserver leur respect.
Les faibles membres de la Plaine se pretaient volontiers a ce mensonge, qui tendait a
les faire regarder encore comme libres, quoique en fait ils obeissent.
On avait en effet aboli la commission des
douze, et renvoye l'examen de sa conduite a trois jours, afin de ne pas avoir l'air de ceder.
On n'avait pas
attribue a la convention la disposition de la force armee, mais on avait decide qu'il lui serait rendu compte des
mesures prises, pour lui conserver ainsi les apparences de la souverainete.
On ordonnait enfin une
proclamation, pour repeter officiellement que la convention n'avait pas peur, et qu'elle etait parfaitement libre.
Histoire de la Revolution francaise, IV
CHAPITRE IX.
46.
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