Devoir de Philosophie

Histoire de la Revolution francaise, IV On s'agitait beaucoup a Caen, centre principal de l'insurrection.

Publié le 11/04/2014

Extrait du document

histoire
Histoire de la Revolution francaise, IV On s'agitait beaucoup a Caen, centre principal de l'insurrection. C'etaient les colonnes parties de ce point qui devaient rencontrer les premieres les troupes de la Convention, et ce premier engagement ne pouvait qu'avoir une grande importance. Les deputes proscrits et assembles Autour de Wimpffen se plaignaient de ses lenteurs, et croyaient entrevoir en lui un royaliste. Wimpffen, presse de toutes parts, ordonna enfin a Puisaye de porter, le 13 juillet, son avant-garde a Vernon, et annonca qu'il allait marcher lui-meme avec toutes ses forces. Le 13, en effet, Puisaye s'avanca vers Pacy, et rencontra les levees de Paris, accompagnees de quelques centaines de gendarmes. Quelques coups de fusil furent tires de part et d'autre dans les bois. Le lendemain 14, les federalistes occuperent Pacy et parurent avoir un leger avantage. Mais le jour suivant les troupes de la Convention se montrerent avec du canon. A la premiere decharge, la terreur se repandit dans les rangs des federalistes; ils se disperserent et s'enfuirent confusement a Evreux. Les Bretons, plus fermes, se retirerent avec moins de desordre, mais ils furent entraines dans le mouvement retrograde des autres. A cette nouvelle, la consternation se repandit dans le Calvados, et toutes les administrations commencerent a se repentir de leurs imprudentes demarches. Des qu'on apprit cette deroute a Caen, Wimpffen assembla les deputes, leur proposa de se retrancher dans cette ville, et d'y faire une resistance opiniatre. Wimpffen, s'ouvrant ensuite davantage, leur dit qu'il ne voyait qu'un moyen de soutenir cette lutte, c'etait de se menager un allie puissant, et que, s'ils voulaient, il leur en procurerait un; il leur laissa meme deviner qu'il s'agissait du cabinet anglais. Il ajouta qu'il croyait la republique impossible, et qu'a ses yeux le retour a la monarchie ne serait pas un malheur. Les girondins repousserent avec force toute offre de ce genre, et temoignerent la plus franche indignation. Quelques-uns Commencerent a sentir alors l'imprudence de leur tentative, et le danger de lever un etendard quelconque, puisque toutes les factions venaient s'y rallier pour renverser la republique. Ils ne perdirent cependant pas tout espoir, et songerent a se retirer a Bordeaux, ou quelques-uns croyaient pouvoir operer un mouvement sincerement republicain, et plus heureux que celui du Calvados et de la Bretagne. Il partirent donc avec les bataillons bretons qui retournaient chez eux, et projeterent d'aller s'embarquer a Brest. Ils prirent l'habit de soldat, et se confondirent dans les rangs du bataillon du Finistere. Il avaient besoin de se cacher depuis l'echec de Vernon, parce que toutes les administrations, empressees de se soumettre et de donner des preuves de zele a la convention, auraient pu les faire arreter. Ils parcoururent ainsi une partie de la Normandie et de la Bretagne au milieu de dangers continuels et de souffrances affreuses, et vinrent se cacher aux environs de Brest, pour se rendre ensuite a Bordeaux. Barbaroux, Petion, Salles, Louvet, Meilhan, Guadet, Kervelegan, Gorsas, Girey-Dupre, collaborateur de Brissot, Marchenna, jeune Espagnol qui etait venu chercher la liberte en France, Riouffe, jeune homme attache par enthousiasme aux girondins, composaient cette troupe d'illustres fugitifs, poursuivis comme traitres a la patrie, quoique tout prets cependant a donner leur vie pour elle, et croyant meme encore la servir alors qu'ils la compromettaient par la plus dangereuse diversion. Dans la Bretagne, dans les departemens de l'Ouest et du bassin superieur de la Loire, les administrations s'empresserent de se retracter pour eviter d'etre mises hors la loi. La constitution, transportee en tous lieux, etait le pretexte d'une soumission nouvelle. La convention, disait-on, n'entendait ni s'eterniser, ni s'emparer du pouvoir, puisqu'elle donnait une constitution; cette constitution devait terminer bientot le regne des factions, et paraissait contenir le gouvernement le plus simple qu'on eut jamais vu. Pendant ce temps, les municipalites montagnardes, les clubs jacobins, redoublaient d'energie, et les honnetes partisans de la Gironde cedaient devant une revolution qu'ils n'avaient pas assez de force pour combattre, et qu'ils n'auraient pas eu assez de force pour defendre. Des ce moment, Toulouse chercha a se justifier. Les Bordelais, plus prononces, ne se soumirent pas formellement, mais ils firent rentrer leur avant-garde, et cesserent d'annoncer leur marche sur Paris. Deux autres evenemens importans vinrent terminer les dangers de la Convention, dans l'Ouest et le Midi: ce fut la defense de Nantes, et la dispersion des rebelles de la Lozere. On a vu les Vendeens a Saumur, maitres du cours de la Loire, et pouvant, s'ils avaient apprecie leur position, faire sur Paris une tentative qui eut peut-etre reussi, car la Fleche et le Mans etaient sans aucun moyen de resistance. Le jeune Bonchamps, qui portait seul ses vues au-dela de la Vendee, aurait voulu qu'on fit une incursion en Bretagne, pour se donner un port sur l'Ocean, et marcher ensuite sur Paris. Mais il n'y avait pas assez de genie chez ses compagnons d'armes pour qu'il fut compris. La veritable capitale, sur laquelle il fallait marcher, selon eux, c'etait Nantes: ni leur esprit ni leurs voeux n'allaient au-dela. Il y avait cependant CHAPITRE X. 69 Histoire de la Revolution francaise, IV plusieurs raisons d'en agir ainsi; car Nantes ouvrait les communications avec la mer, assurait la possession de tout le pays, et rien n'empechait les Vendeens, apres la prise de cette ville, de tenter des projets plus hardis: d'ailleurs ils n'arrachaient pas leurs soldats de chez eux, consideration importante avec des paysans qui ne voulaient jamais perdre leur clocher de vue. Charrette, maitre de la Basse-Vendee, apres avoir fait une fausse demonstration sur les Sables, s'etait empare de Machecoul, et se trouvait aux portes de Nantes. Il ne s'etait jamais concerte avec les chefs de la Haute-Vendee, mais il offrait cette fois de s'entendre avec eux. Il promettait d'attaquer Nantes par la rive gauche, tandis que la grande armee l'attaquerait par la rive droite, et il semblait difficile de ne pas reussir avec un tel concours de moyens. Les Vendeens evacuerent donc Saumur, descendirent vers Angers et se disposerent a marcher d'Angers sur Nantes, en filant le long de la rive droite de la Loire. Leur armee etait fort diminuee, parce que beaucoup de paysans ne voulaient pas s'engager dans une expedition aussi longue; cependant elle se composait encore de trente mille hommes a peu pres. Ils nommerent un generalissime, et firent choix du voiturier Cathelineau, pour flatter les paysans et se les attacher davantage. M. de Lescure, blesse, dut rester dans l'interieur du pays pour faire de nouveaux rassemblemens, pour tenir les troupes de Niort en echec, et empecher que le siege de Nantes ne fut trouble. Pendant ce temps, la commission des representans, seant a Tours, demandait des secours a tout le monde, et pressait Biron, qui visitait la cote, de se porter en toute hate sur les derrieres des Vendeens. Ne se contentant meme pas de rappeler Biron, elle ordonnait des mouvemens en son absence, et faisait marcher vers Nantes toutes les troupes qu'on avait pu reunir a Saumur. Biron repondit aussitot aux instances de la commission. Il consentait, disait-il, au mouvement execute sans ses ordres, mais il etait oblige de garder les Sables et la Rochelle, villes plus importantes a ses yeux que Nantes; les bataillons de la Gironde, les meilleurs de l'armee, allaient le quitter, et il fallait qu'il les remplacat; il lui etait impossible de mouvoir son armee sans la voir se debander et se livrer au pillage, tant elle etait indisciplinee: il pouvait donc tout au plus en detacher trois mille hommes organises, et il y aurait de la folie, ajoutait-il, a marcher sur Saumur, et a s'enfoncer dans le pays avec des forces si peu considerables. Biron ecrivit en meme temps au comite de salut public qu'il donnait sa demission, puisque les representans voulaient ainsi s'arroger le commandement. Le comite lui repondit qu'il avait toute raison, que les representans pouvaient conseiller ou proposer certaines operations, mais ne devaient pas les ordonner, et que c'etait a lui seul a prendre les mesures qu'il croirait convenables pour conserver Nantes, la Rochelle et Niort. Biron n'en fit pas moins tous ses efforts pour se composer une petite armee plus mobile, et avec laquelle il put aller au secours de la ville assiegee. Les Vendeens, dans cet intervalle, quitterent Angers le 27, et se trouverent le 28 en vue de Nantes. Ils firent une sommation menacante qui ne fut pas meme ecoutee, et se preparerent a l'attaque. Elle devait avoir lieu sur les deux rives le 29, a deux heures du matin. Canclaux n'avait, pour garder un espace immense, coupe par plusieurs bras de la Loire, que cinq mille hommes de troupes reglees, et a peu pres autant de gardes nationales. Il fit les meilleures dispositions, et communiqua le plus grand courage a la garnison. Le 29, Charette attaqua, a l'heure convenue, du cote des ponts; mais Cathelineau, qui agissait par la rive droite, et avait la partie la plus difficile de l'entreprise, fut arretee par le poste de Nort, ou quelques cents hommes firent la resistance la plus heroique. L'attaque retardee de ce cote en devint plus difficile. Cependant les Vendeens se repandirent derriere les haies et les jardins, et serrerent la ville de tres pres. Canclaux, general en chef, et Beysser, commandant de la place, maintinrent partout les troupes republicaines. De son cote, Cathelineau redoubla d'efforts; deja il s'etait fort avance dans un faubourg, lorsqu'une balle vint le frapper mortellement. Ses soldats se retirerent consternes en l'emportant sur leurs epaules. Des ce moment, l'attaque se ralentit. Apres dix-huit heures de combat, les Vendeens se disperserent, et la place fut sauvee. Tout le monde dans cette journee avait fait son devoir. La garde nationale avait rivalise avec les troupes de ligne, et le maire lui-meme recut une blessure. Le lendemain, les Vendeens se jeterent dans des barques, et rentrerent dans l'interieur du pays. Des ce moment, l'occasion des grandes entreprises fut perdue pour eux; ils ne devaient plus aspirer a executer rien d'important, et ne pouvaient esperer tout au plus que d'occuper leur CHAPITRE X. 70
histoire

« plusieurs raisons d'en agir ainsi; car Nantes ouvrait les communications avec la mer, assurait la possession de tout le pays, et rien n'empechait les Vendeens, apres la prise de cette ville, de tenter des projets plus hardis: d'ailleurs ils n'arrachaient pas leurs soldats de chez eux, consideration importante avec des paysans qui ne voulaient jamais perdre leur clocher de vue.

Charrette, maitre de la Basse-Vendee, apres avoir fait une fausse demonstration sur les Sables, s'etait empare de Machecoul, et se trouvait aux portes de Nantes.

Il ne s'etait jamais concerte avec les chefs de la Haute-Vendee, mais il offrait cette fois de s'entendre avec eux.

Il promettait d'attaquer Nantes par la rive gauche, tandis que la grande armee l'attaquerait par la rive droite, et il semblait difficile de ne pas reussir avec un tel concours de moyens. Les Vendeens evacuerent donc Saumur, descendirent vers Angers et se disposerent a marcher d'Angers sur Nantes, en filant le long de la rive droite de la Loire.

Leur armee etait fort diminuee, parce que beaucoup de paysans ne voulaient pas s'engager dans une expedition aussi longue; cependant elle se composait encore de trente mille hommes a peu pres.

Ils nommerent un generalissime, et firent choix du voiturier Cathelineau, pour flatter les paysans et se les attacher davantage.

M.

de Lescure, blesse, dut rester dans l'interieur du pays pour faire de nouveaux rassemblemens, pour tenir les troupes de Niort en echec, et empecher que le siege de Nantes ne fut trouble. Pendant ce temps, la commission des representans, seant a Tours, demandait des secours a tout le monde, et pressait Biron, qui visitait la cote, de se porter en toute hate sur les derrieres des Vendeens.

Ne se contentant meme pas de rappeler Biron, elle ordonnait des mouvemens en son absence, et faisait marcher vers Nantes toutes les troupes qu'on avait pu reunir a Saumur.

Biron repondit aussitot aux instances de la commission.

Il consentait, disait-il, au mouvement execute sans ses ordres, mais il etait oblige de garder les Sables et la Rochelle, villes plus importantes a ses yeux que Nantes; les bataillons de la Gironde, les meilleurs de l'armee, allaient le quitter, et il fallait qu'il les remplacat; il lui etait impossible de mouvoir son armee sans la voir se debander et se livrer au pillage, tant elle etait indisciplinee: il pouvait donc tout au plus en detacher trois mille hommes organises, et il y aurait de la folie, ajoutait-il, a marcher sur Saumur, et a s'enfoncer dans le pays avec des forces si peu considerables.

Biron ecrivit en meme temps au comite de salut public qu'il donnait sa demission, puisque les representans voulaient ainsi s'arroger le commandement.

Le comite lui repondit qu'il avait toute raison, que les representans pouvaient conseiller ou proposer certaines operations, mais ne devaient pas les ordonner, et que c'etait a lui seul a prendre les mesures qu'il croirait convenables pour conserver Nantes, la Rochelle et Niort.

Biron n'en fit pas moins tous ses efforts pour se composer une petite armee plus mobile, et avec laquelle il put aller au secours de la ville assiegee. Les Vendeens, dans cet intervalle, quitterent Angers le 27, et se trouverent le 28 en vue de Nantes.

Ils firent une sommation menacante qui ne fut pas meme ecoutee, et se preparerent a l'attaque.

Elle devait avoir lieu sur les deux rives le 29, a deux heures du matin.

Canclaux n'avait, pour garder un espace immense, coupe par plusieurs bras de la Loire, que cinq mille hommes de troupes reglees, et a peu pres autant de gardes nationales. Il fit les meilleures dispositions, et communiqua le plus grand courage a la garnison.

Le 29, Charette attaqua, a l'heure convenue, du cote des ponts; mais Cathelineau, qui agissait par la rive droite, et avait la partie la plus difficile de l'entreprise, fut arretee par le poste de Nort, ou quelques cents hommes firent la resistance la plus heroique.

L'attaque retardee de ce cote en devint plus difficile.

Cependant les Vendeens se repandirent derriere les haies et les jardins, et serrerent la ville de tres pres.

Canclaux, general en chef, et Beysser, commandant de la place, maintinrent partout les troupes republicaines.

De son cote, Cathelineau redoubla d'efforts; deja il s'etait fort avance dans un faubourg, lorsqu'une balle vint le frapper mortellement.

Ses soldats se retirerent consternes en l'emportant sur leurs epaules.

Des ce moment, l'attaque se ralentit.

Apres dix-huit heures de combat, les Vendeens se disperserent, et la place fut sauvee. Tout le monde dans cette journee avait fait son devoir.

La garde nationale avait rivalise avec les troupes de ligne, et le maire lui-meme recut une blessure.

Le lendemain, les Vendeens se jeterent dans des barques, et rentrerent dans l'interieur du pays.

Des ce moment, l'occasion des grandes entreprises fut perdue pour eux; ils ne devaient plus aspirer a executer rien d'important, et ne pouvaient esperer tout au plus que d'occuper leur Histoire de la Revolution francaise, IV CHAPITRE X.

70. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles