Histoire de la Revolution francaise, IV et sublime, des ennemis lents, routiniers, decousus, et etouffer des factions qui voulaient de l'ancien regime a tous les degres, de la revolution a tous les degres, et qui n'avaient ni accord ni but determine.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
On se souvient du jeune Varlet, perorant sur les places publiques, du jeune Lyonnais Leclerc, si violent dans
ses discours aux Jacobins, et suspect meme a Marat par ses emportements; de ce Jacques Roux, si dur envers
l'infortune Louis XVI qui voulait lui remettre son testament; tous ces hommes s'etaient signales dans la
derniere insurrection, et avaient une grande influence au comite de l'Eveche et aux Cordeliers.
Ils trouverent
mauvais que la constitution ne renfermat rien contre les accapareurs; ils redigerent une petition, la firent
signer dans les rues, et coururent soulever les cordeliers, en disant que la constitution etait incomplete,
puisqu'elle ne contenait aucune disposition contre les plus grands ennemis du peuple.
Legendre voulut en vain
resister a ce mouvement; on le traita de modere, et la petition, adoptee par la societe, fut presentee par elle a la
convention.
A cette nouvelle, toute la Montagne fut indignee.
Robespierre, Collot-d'Herbois, s'emporterent,
firent repousser la petition, et se rendirent aux jacobins pour montrer le danger de ces exagerations perfides,
qui ne tendaient, disaient-ils, qu'a egarer le peuple, et ne pouvaient etre que l'ouvrage d'hommes payes par les
ennemis de la republique.
La constitution la plus populaire qui ait jamais ete, dit Robespierre, vient de sortir
d'une assemblee jadis contre-revolutionnaire, mais purgee maintenant des hommes qui contrariaient sa
marche et mettaient obstacle a ses operations.
Aujourd'hui pure, cette assemblee a produit le plus bel ouvrage,
le plus populaire qui ait jamais ete donne aux hommes; et un individu couvert du manteau du patriotisme, qui
se vante d'aimer le peuple plus que nous, ameute des citoyens de tout etat, et veut prouver qu'une constitution,
qui doit rallier toute la France, ne leur convient pas! Defiez-vous de telles manoeuvres, defiez-vous de ces
ci-devant pretres coalises avec les Autrichiens! Prenez garde au nouveau masque dont les aristocrates vont se
couvrir! J'entrevois un nouveau crime dans l'avenir, qui n'est peut-etre pas loin d'eclater; mais nous le
devoilerons, et nous ecraserons les ennemis du peuple sous quelque forme qu'ils puissent se presenter.
Collot-d'Herbois parla aussi vivement que Robespierre; il soutint que les ennemis de la republique voulaient
pouvoir dire aux departements: Vous voyez, Paris approuve le langage de Jacques Roux!
Des acclamations unanimes accueillirent les deux orateurs.
Les jacobins, qui se piquaient de reunir la
politique a la passion revolutionnaire, la prudence a l'energie, envoyerent une deputation aux cordeliers.
Collot-d'Herbois en etait l'orateur.
Il fut recu aux Cordeliers avec la consideration qui etait due a l'un des
membres les plus renommes des Jacobins et de la montagne.
On professa pour la societe qui l'envoyait un
respect profond.
La petition fut retractee, Jacques Roux et Leclerc furent exclus.
Varlet n'obtint son pardon
qu'en raison de son age, et Legendre recut des excuses pour les paroles peu convenables qu'on lui avait
adressees dans la seance precedente.
La constitution ainsi vengee fut envoyee a la France pour etre
sanctionnee par toutes les assemblees Primaires.
Ainsi la Convention presentait aux departements, d'une main la Constitution, de l'autre le decret qui ne leur
donnait que trois jours pour se decider.
La Constitution justifiait la Montagne de tout projet d'usurpation,
fournissait un pretexte de se rallier a une autorite justifiee; et le decret des trois jours ne donnait pas le temps
d'hesiter, et obligeait a preferer le parti de l'obeissance.
Beaucoup de departements en effet cederent, et d'autres persisterent dans leurs premieres demarches.
Mais
ceux-ci, echangeant des adresses, s'envoyant des deputations, semblaient s'attendre les uns les autres pour
agir.
Les distances ne permettaient pas de correspondre rapidement et de former un ensemble.
En outre, le
defaut de genie revolutionnaire empechait de trouver les ressources necessaires pour reussir.
Quelque bien
disposees que soient les masses, elles ne sont jamais pretes a tous les sacrifices, si des hommes passionnes ne
les y obligent pas.
Il aurait fallu des moyens violents pour soulever les bourgeois moderes des villes, pour les
obliger a marcher, a contribuer, a se hater.
Mais les girondins, qui condamnaient tous ces moyens chez les
montagnards, ne pouvaient les employer eux-memes.
Les negociants bordelais croyaient avoir beaucoup fait
quand ils avaient parle avec un peu de vivacite dans les sections, mais il n'etaient pas sortis de leurs murs.
Les
Marseillais, un peu plus prompts, avaient envoye six mille hommes a Avignon, mais ils ne composaient pas
eux-memes cette petite armee; ils s'etaient fait remplacer par des soldats payes.
Les Lyonnais attendaient la
jonction des Provencaux et des Languedociens; les Normands paraissaient un peu refroidis; les Bretons seuls
ne s'etaient pas dementis, et avaient rempli eux-memes les cadres de leurs bataillons.
Histoire de la Revolution francaise, IV
CHAPITRE X.
68.
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