Histoire de la Revolution francaise, III son rapport sur la seance de la journee.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
De son cote Beurnonville, dont l'hotel etait cerne, franchit les murailles de son jardin, reunit le plus de monde
qu'il put, se mit a la tete du bataillon de Brest, et imposa aux agitateurs.
La section des Quatre-Nations, les
cordeliers, les jacobins, rentrerent chez eux.
Ainsi la resistance de la commune, la conduite de Santerre, le
courage de Beurnonville et des Brestois, peut-etre aussi la pluie qui tombait avec abondance, empecherent les
progres de l'insurrection.
D'ailleurs la passion n'etait pas encore assez forte contre ce qu'il y avait de plus
noble, de plus genereux dans la republique naissante.
Petion, Condorcet, Vergniaud, allaient montrer quelque
temps encore dans la convention leur courage, leurs talens et leur entrainante eloquence.
Tout se calma.
Le
maire, appele a la barre de la convention, la rassura, et dans cette nuit meme on acheva paisiblement le decret
qui organisait le tribunal revolutionnaire.
Ce tribunal etait compose d'un jury, de cinq juges, d'un accusateur
public et de deux adjoints, tous nommes par la convention.
Les jures devaient etre choisis avant le mois de
mai, et provisoirement ils pouvaient etre pris dans le departement de Paris et les qautre departemens voisins.
Les jures devaient opiner a haute voix.
La consequence de l'evenement du 10 mars fut de reveiller l'indignation des membres du cote droit, et de
causer de l'embarras a ceux du cote gauche, compromis par ces demonstrations prematurees.
De toutes parts
on desavouait ce mouvement comme illegal, comme attentatoire a la representation nationale.
Ceux meme qui
ne desapprouvaient pas l'idee d'une nouvelle insurrection, condamnaient celle-ci comme mal conduite, et
recommandaient de se garder des desorganisateurs payes par l'emigration et l'Angleterre pour provoquer des
desordres.
Les deux cotes de l'assemblee semblaient conspirer pour etablir cette opinion; tous deux
supposaient une influence secrete, et s'accusaient reciproquement d'en etre complices.
Une scene etrange
confirma encore cette opinion generale.
La section Poissonniere, en presentant des volontaires, demanda un
acte d'accusation contre Dumouriez, le general sur qui reposait dans le moment toute l'esperance de l'armee
francaise.
A cette petition, lue par le president de la section, un cri general d'indignation s'eleve.
C'est un
aristocrate, s'ecrie-t-on, paye par les Anglais! Au meme instant on regarde le drapeau que portait la section,
et on s'apercoit avec etonnement que la cravate en est blanche, et qu'il est surmonte par des fleurs de lis.
Des
cris de fureur eclatent a cette vue; on dechire les fleurs de lis et la cravate, et on les remplace par un ruban
tricolore qu'une femme jette des tribunes.
Isnard prend aussitot la parole pour demander un acte d'accusation
contre le president de cette section; plus de cent voix appuient cette motion, et dans le nombre, celle qui fixe
le plus l'attention, est celle de Marat.
Cette petition, dit-il, est un complot, il faut la lire tout entiere: on verra
qu'on y demande la tete de Vergniaud, Guadet, Gensonne...
et autres; vous sentez, ajoute-t-il, quel triomphe
ce serait pour nos ennemis qu'un tel massacre! ce serait la desolation de la convention... Ici des
applaudissemens universels interrompent Marat; il reprend, denonce lui-meme l'un des principaux agitateurs,
nomme Fournier, et demande son arrestation.
Sur-le-champ elle est ordonnee; toute l'affaire est renvoyee au
comite de surete generale; et l'assemblee ordonne qu'il soit envoye a Dumouriez copie du proces-verbal, pour
lui prouver qu'elle ne partage pas a son egard les torts des calomniateurs.
Le jeune Varlet, ami et compagnon de Fournier, accourt aux Jacobins pour demander justice de son
arrestation, et proposer d'aller le delivrer.
Fournier, dit-il, n'est pas le seul menace; Lasouski, Desfieux,
moi-meme enfin, le sommes encore.
Le tribunal revolutionnaire qu'on vient d'etablir va tourner contre les
patriotes comme celui du 10 aout, et les freres qui m'entendent ne sont plus jacobins s'ils ne me suivent. Il
veut ensuite accuser Dumouriez, et ici un trouble extraordinaire eclate dans la societe; le president se couvre,
et dit qu'on veut perdre les jacobins.
Billaud-Varennes lui-meme monte a la tribune, se plaint de ces
propositions incendiaires, justifie Dumouriez, qu'il n'aime pas, dit-il, mais qui fait maintenant son devoir, et
qui a prouve qu'il voulait se battre vigoureusement.
Il se plaint d'un projet tendant a desorganiser la
convention nationale par des attentats; il declare comme tres suspects Varlet, Fournier, Desfieux, et appuie le
projet d'un scrutin epuratoire pour delivrer la societe de tous les ennemis secrets qui veulent la compromettre.
La voix de Billaud-Varennes est ecoutee; des nouvelles satisfaisantes, telles que le ralliement de l'armee par
Dumouriez, et la reconnaissance de la republique par la Porte, achevent de ramener le calme.
Ainsi Marat,
Billaud-Varennes et Robespierre, qui parla aussi dans le meme sens, se prononcaient tous contre les
agitateurs, et semblaient s'accorder a croire qu'ils etaient payes par l'ennemi.
C'est la une incontestable preuve
qu'il n'existait pas, comme le crurent les girondins, un complot secretement forme.
Si ce complot eut existe, Histoire de la Revolution francaise, III
CHAPITRE VI.
96.
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