Histoire de la Revolution francaise, III puissance, et ne savait ni jouir de ses triomphes, ni se les faire pardonner.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
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Je repondis a ce discours pour retablir le calme, pour dissiper ces noires illusions, et ramener la discussion au
seul point qui dut occuper l'assemblee.
Robespierre et ses partisans entrainaient ainsi la commune dans des demarches inconsiderees, dans les partis
extremes.
Je ne suspectais pas pour cela les intentions de Robespierre; j'accusais sa tete plus que son coeur; mais les
suites de ces noires visions ne m'en causaient pas moins d'alarmes.
Chaque jour les tribunes du conseil retentissaient de diatribes violentes; les membres ne pouvaient pas se
persuader qu'ils etaient des magistrats charges de veiller a l'execution des lois et au maintien de l'ordre; ils
s'envisageaient toujours comme formant une association revolutionnaire.
Les sections assemblees recevaient cette influence, la communiquaient a leur tour; de sorte qu'en meme
temps tout Paris fut en fermentation.
Le comite de surveillance de la commune remplissait les prisons; on ne peut pas se dissimuler que si
plusieurs de ces arrestations furent justes et necessaires, d'autres furent legalement hasardees.
Il faut moins en
accuser les chefs que leurs agens: la police etait mal entouree; un homme entre autres, dont le nom seul est
devenu une injure, dont le nom seul jette l'epouvante dans l'ame de tous les citoyens paisibles, semblait s'etre
empare de sa direction et de ses mouvemens; assidu a toutes les conferences, il s'immiscait dans toutes les
affaires; il parlait, il ordonnait en maitre; je m'en plaignis hautement a la commune, et je terminai mon opinion
par ces mots: Marat est ou le plus insense ou le plus scelerat des hommes.
Depuis je n'ai jamais parle de lui.
La justice etait lente a prononcer sur le sort des detenus, et ils s'entassaient de plus en plus dans les prisons.
Une section vint en deputation au conseil de la commune le 23 aout et declara formellement que les citoyens,
fatigues, indignes des retards que l'on apportait dans les jugemens, forceraient les portes de ces asiles, et
immoleraient a leur vengeance les coupables qui y etaient renfermes...
Cette petition, concue dans les termes
les plus delirans, n'eprouva aucune censure; elle recut meme des applaudissemens!
Le 25, mille a douze cents citoyens armes sortirent de Paris pour enlever les prisonniers d'etat detenus a
Orleans, et les transferer ailleurs.
Des nouvelles facheuses vinrent encore augmenter l'agitation des esprits: on annonca la trahison de Longwy,
et, quelques jours apres, le siege de Verdun.
Le 27, l'assemblee nationale invita le departement de Paris et ceux environnans a fournir trente mille
hommes armes pour voler aux frontieres: ce decret imprima un nouveau mouvement qui se combina avec
ceux qui existaient deja.
Le 31, l'absolution de Montmorin souleva le peuple; le bruit se repandit qu'il avait ete sauve par la perfidie
d'un commissaire du roi, qui avait induit les jures en erreur.
Dans le meme moment, on publia la revelation d'un complot, faite par un condamne, complot tendant a faire
evader tous les prisonniers, qui devaient ensuite se repandre dans la ville, s'y livrer a tous les exces et enlever
le roi.
L'effervescence etait a son comble.
La commune, pour exciter l'enthousiasme des citoyens, pour les porter en
foule aux enrolemens civiques, avait arrete de les reunir avec appareil au Champ-de-Mars au bruit du canon.
Histoire de la Revolution francaise, III
NOTES ET PIECES JUSTIFICATIVES[1] DU TOME TROISIEME.
106.
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