Histoire de la Revolution francaise, III general.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
distribuaient des assignats pour entrainer le peuple dans les boutiques.
Enfin, apres plusieurs heures, la force
armee se trouva reunie; Santerre revint de Versailles; les ordres necessaires furent donnes; le bataillon des
Brestois, present a Paris, deploya beaucoup de zele et d'assurance, et on parvint a dissiper les pillards.
Le soir il y eut une vive discussion aux Jacobins.
On deplora ces desordres, malgre les cris des tribunes et
malgre leurs dementis.
Collot-d'Herbois, Thuriot, Robespierre furent unanimes pour conseiller la tranquillite,
et rejeter les exces sur les aristocrates et les girondins.
Robespierre fit sur ce sujet un long discours ou il
soutint que le peuple etait impeccable, qu'il ne pouvait jamais avoir tort, et que, si on ne l'egarait pas, il ne
commettrait jamais aucune faute.
Il soutint que dans ces groupes de pillards on plaignait le roi mort, qu'on y
disait du bien du cote droit de l'assemblee, qu'il l'avait entendu lui-meme, et que par consequent il ne pouvait
pas y avoir de doute sur les veritables instigateurs qui avaient egare le peuple.
Marat lui-meme vint conseiller
le bon ordre, condamner les pillages qu'il avait preches le matin dans sa feuille, et les imputer aux girondins et
aux royalistes.
Le lendemain, les plaintes accoutumees et toujours inutiles retentirent dans l'assemblee.
Barrere s'eleva avec
force contre les crimes de la veille.
Il fit remarquer les retards apportes par les autorites dans la repression du
desordre.
Les pillages en effet avaient commence a dix heures du matin, et a cinq heures du soir la force
armee n'etait pas encore reunie.
Barrere demanda que le maire et le commandant general fussent mandes pour
expliquer les motifs de ce retard.
Une deputation de la section de Bon-Conseil appuyait cette demande.
Salles prend alors la parole; il propose un acte d'accusation contre l'instigateur des pillages, contre Marat, et lit
l'article insere la veille dans sa feuille.
Souvent on avait demande une accusation contre les provocateurs au
desordre, et particulierement contre Marat; l'occasion ne pouvait etre plus favorable pour les poursuivre, car
jamais le desordre n'avait suivi de plus pres la provocation.
Marat, sans se deconcerter, soutient a la tribune
qu'il est tout naturel que le peuple se fasse justice des accapareurs, puisque les lois sont insuffisantes, et qu'il
faut envoyer aux Petites-Maisons ceux qui proposent de l'accuser.
Buzot demande l'ordre du jour sur la
proposition d'accuser monsieur Marat, La loi est precise, dit-il, mais monsieur Marat incidentera sur ses
expressions, le jury sera embarrasse, et il ne faut pas preparer un triomphe a monsieur Marat, en presence de
la justice elle-meme. Un membre demande que la convention declare a la republique qu'hier matin Marat a
conseille le pillage, et qu'hier soir on a pille.
Une foule de propositions se succedent; enfin on s'arrete a celle
de renvoyer sans distinction tous les auteurs des troubles aux tribunaux ordinaires.
Eh bien! s'ecrie alors
Marat, rendez un acte d'accusation contre moi-meme, afin que la convention prouve qu'elle a'perdu toute
pudeur! A ces mots, un grand tumulte s'eleve; sur-le-champ la convention renvoie devant les tribunaux
Marat et tous les auteurs des delits commis dans la journee du 25.
La proposition de Barrere est adoptee.
Santerre et Pache sont mandes a la barre.
De nouvelles dispositions sont prises contre les agens supposes de
l'etranger et de l'emigration.
Dans le moment, cette opinion d'une influence etrangere s'accreditait de toutes
parts.
La veille, on avait ordonne de nouvelles visites domiciliaires dans toute la France, pour arreter les
emigres et les voyageurs suspects; ce meme jour, on renouvela l'obligation des passe-ports, on enjoignit a
tous les aubergistes ou logeurs de declarer les etrangers loges chez eux; on ordonna enfin un nouveau
recensement de tous les citoyens des sections.
Marat devait etre enfin accuse, et le lendemain il ecrivit dans sa feuille les lignes suivantes:
Indigne de voir les ennemis de la chose publique machiner eternellement contre le peuple; revolte de voir les
accapareurs en tout genre se coaliser pour le reduire au desespoir par la detresse et la faim; desole de voir que
les mesures prises par la convention pour arreter ces conjurations n'atteignaient pas le but; excede des
gemissemens des infortunes qui viennent chaque matin me demander du pain, en accusant la convention de
les laisser perir de misere, je prends la plume pour ventiler les meilleurs moyens de mettre enfin un terme aux
conspirations des ennemis publics et aux souffrances du peuple.
Les idees les plus simples sont celles qui se
presentent les premieres a un esprit bien fait, qui ne veut que le bonheur general sans aucun retour sur
lui-meme: je me demande donc pourquoi nous ne ferions pas tourner contre des brigands publics les moyens Histoire de la Revolution francaise, III
CHAPITRE VI.
88.
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