Histoire de la Revolution francaise, III d'emettre le papier qui les representait, et on n'hesita pas a le faire: une nouvelle creation d'assignats fut donc ordonnee.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
Cette seance du 24 septembre avait cause une grande emotion dans les esprits; cependant aucun nom n'avait
ete prononce, et les accusations etaient restees generales.
Le lendemain, on s'aborde avec les ressentimens de
la veille, et d'une part on murmure contre les decrets rendus, de l'autre on eprouve le regret de n'avoir pas
assez dit contre la facon appelee desorganisatrice.
Tandis qu'on attaque les decrets, ou qu'on les defend,
Merlin, autrefois huissier et officier municipal a Thionville, puis depute a la legislative, ou il se signala parmi
les patriotes les plus prononces, Merlin, fameux par son ardeur et sa bravoure, demande la parole.
L'ordre du
jour, dit-il, est d'eclaircir si, comme Lasource me l'a assure hier, il existe, au sein de la convention nationale,
une faction qui veuille etablir un triumvirat ou une dictature: il faut ou que les defiances cessent, ou que
Lasource indique les coupables, et je jure de les poignarder en face de l'assemblee. Lasource, si vivement
somme de s'expliquer, rapporte sa conversation avec Merlin, et designe de nouveau, sans les nommer, les
ambitieux qui veulent s'elever sur les ruines de la royaute detruite.
Ce sont ceux qui ont provoque le meurtre
et le pillage, qui ont lance des mandats d'arret contre des membres de la legislative, qui designent aux
poignards les membres courageux de la convention, et qui imputent au peuple les exces qu'ils ordonnent
eux-memes.
Lorsqu'il en sera temps, il arrachera le voile qu'il ne fait que soulever, dut-il perir sous leurs
coups.
Cependant les triumvirs n'etaient pas nommes.
Osselin monte a la tribune et designe la deputation de Paris,
dont il est membre; il dit que c'est contre elle qu'on s'etudie a exciter des defiances, qu'elle n'est ni assez
profondement ignorante, ni assez profondement scelerate, pour avoir concu des projets de triumvirat et de
dictature; qu'il fait serment du contraire, et demande l'anatheme et la mort contre le premier qui serait surpris
meditant de pareils projets.
Que chacun, ajoute-t-il, me suive a la tribune, et y fasse la meme
declaration:Oui, s'ecrie Rebecqui, le courageux ami de Barbaroux; oui, ce parti accuse de projets
tyranniques existe, et je le nomme: c'est le parti Robespierre.
Marseille le connait, et nous envoie ici pour le
combattre.
Cette apostrophe hardie cause une grande rumeur dans l'assemblee.
Les yeux se dirigent sur Robespierre.
Danton se hate de prendre la parole pour apaiser ces divisions, et ecarter des accusations qu'il savait en partie
dirigees contre lui-meme.
Ce sera, dit-il, un beau jour pour la republique que celui ou une explication
franche et fraternelle calmera toutes ces defiances.
On parle de dictateurs, de triumvirs; mais cette accusation
est vague et doit etre signee.Moi je la signerai, s'ecrie de nouveau Rebecqui, en s'elancant au bureau.Soit,
repond Danton; s'il est des coupables, qu'ils soient immoles, fussent-ils les meilleurs de mes amis.
Pour moi,
ma vie est connue.
Dans les societes patriotiques, au 10 aout, au conseil executif, j'ai servi la cause de la
liberte sans aucune vue personnelle, et avec l'energie de mon temperament.
Je ne crains donc pas les
accusations pour moi-meme; mais je veux les epargner a tout le monde.
Il est, j'en conviens, dans la
deputation de Paris, un homme qu'on pourrait appeler le Royou des republicains: c'est Marat.
Souvent on m'a
accuse d'etre l'instigateur de ses placards; mais j'invoque le temoignage du president, et je lui demande de
declarer si, dans la commune et les comites, il ne m'a pas vu souvent aux prises avec Marat.
Au reste, cet
ecrivain tant accuse a passe une partie de sa vie dans les souterrains et les cachots.
La souffrance a altere son
humeur, il faut excuser ses emportemens.
Mais laissez la des discussions tout individuelles, et tachez de les
faire servir a la chose publique.
Portez la peine de mort contre quiconque proposera la dictature ou le
triumvirat. Cette motion est couverte d'applaudissemens.
Ce n'est pas tout, reprend Danton, il est une autre
crainte repandue dans le public, et il faut la dissiper.
On pretend qu'une partie des deputes medite le regime
federatif, et la division de la France en une foule de sections.
Il nous importe de former un tout.
Declarez
donc, par un autre decret, l'unite de la France et de son gouvernement.
Ces bases posees, ecartons nos
defiances, soyons unis, et marchons a notre but!
Buzot repond a Danton que la dictature se prend, mais ne se demande pas, et que porter des lois contre cette
demande est illusoire; que quant au systeme federatif, personne n'y a songe; que la proposition d'une garde
departementale est un moyen d'unite, puisque tous les departemens seront appeles a garder en commun la
representation nationale; qu'au reste, il peut etre bon de faire une loi sur ce sujet, mais qu'elle doit etre
murement reflechie, et qu'en consequence il faut renvoyer les propositions de Danton a la commission des six; Histoire de la Revolution francaise, III
Histoire de la Revolution francaise, III 10.
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