hésitant que la guillotine (dont il a prétendu dans ses factums qu'elle travaille trop lentement) exerce son office : out au plus deux ou trois misérables têtes par jour, ce qui est véritablement une bagatelle, en comparaison des récédentes fêtes nationales de la plaine des Brotteaux.
Publié le 30/10/2013
Extrait du document
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III
La lutte avecRobespierre
1794
Le
3avril, Joseph Fouché estinformé queleComité deSalut public luiordonne deserendre àParis pourse
justifier ; le5, ilmonte envoiture.
Seizecoups sourds accompagnent sondépart, seizedéclics delaguillotine
qui, pour ladernière fois,accomplit, surson ordre, sontranchant office.Etencore, cejour-là, deuxtoutes
dernières condamnations sontprononcées enhâte, deuxcondamnations trèsétranges, carlesdeux attardés du
grand massacre, quidoivent cracherleurtêtedans lepanier (suivant lajoviale expression dutemps), quisont-ils
donc ? Lebourreau deLyon etson aide enpersonne.
Ceux-làmêmesqui,surlesordres delaréaction, ont
guillotiné Chalieretses amis, qui,ensuite, surlesordres delaRévolution, ontguillotiné, avecsérénité, les
réactionnaires parcentaines, doiventmaintenant passer,euxaussi, souslecouperet.
Aveclameilleure volonté,
on nepeut découvrir clairement danslesdossiers dutribunal quelcrime leurestreproché ; probablement ne
sont-ils sacrifiés quepour qu’ils nepuissent raconter auxsuccesseurs deFouché etàla postérité tropdechoses
sur Lyon.
Lesmorts sontencore ceuxquigardent lemieux lesilence.
Puis lavoiture semet enmarche.
Fouchédoitréfléchir àtoutes sortesdechoses, avantd’arriver àParis.
Du
moins, ilpeut sedire, àtitre deconsolation, querien encore n’estperdu ; ilaà la Convention plusd’un ami
influent, surtoutlegrand adversaire deRobespierre, Danton :peut-être réussira-t-on àfaire échec àcet homme
terrible.
Maiscomment pourrait-il deviner,lui,Fouché, quedans cesheures fatidiques delaRévolution les
événements vontbeaucoup plusviteque lesroues d’une diligence surlaroute deLyon àParis ; quedéjà depuis
deux jours sonami intime Chaumette estenprison, quelagéante têtedelion deDanton aété laveille poussée
par Robespierre souslecouperet delaguillotine, qu’aujourd’hui mêmeCondorcet, lechef spirituel deladroite,
erre affamé danslesenvirons deParis, etque lelendemain, pouréchapper autribunal, ils’empoisonnera ? Tous
ont étéabattus parunseul homme etprécisément cethomme, Robespierre, estl’ennemi politique leplus
acharné deFouché ; cen’est qu’àsonarrivée àParis, le8au soir, quecelui-ci apprend toutel’étendue dupéril
au-devant duquelilvient d’accourir.
Dieusaitcombien iladû peu dormir, lapremière nuitdeson retour àParis,
le proconsul JosephFouché !
Dès lelendemain, ilse rend àla Convention, attendantavecimpatience l’ouverturedelaséance.
Choseétrange,
la vaste sallenesemble pasvouloir seremplir ; lamoitié, oui,plus delamoitié desplaces restent vides.Àcoup
sûr, ildoit yavoir plusieurs députésenmission ouoccupés ailleurs ; maisquelvidesingulier là-bas,àdroite, où
siégeaient autrefoisleschefs, lesGirondins, cesmagnifiques orateursdelaRévolution ! Oùsont-ils donc ?Les
vingt-deux plushardis, Vergniaud, Brissot,Piéton,etc.,ontfini surl’échafaud, oubien sesont réfugiés dansle
suicide, ouencore ontété, dans leurfuite, dévorés parlesloups.
Lamajorité aproscrit soixante-trois deleurs
amis quiavaient osélesdéfendre ; d’unseulcoup, d’uncoup terrible, Robespierre s’estdébarrassé d’une
centaine deses adversaires dedroite.
Maissonpoing n’apas frappé avecmoins d’énergie lespropres rangsdela
« Montagne », Danton,Desmoulins, Chabot,Hébert,Fabred’Églantine, Chaumetteetdeux douzaines d’autres,
– tous ceux quis’étaient levéscontre savolonté, contresavanité dogmatique, illes aprécipités danslafosse à
chaux.
Tous ontétésupprimés parcethomme sansapparence, cepetit homme maigre–àla figure terneetbilieuse, au
front basetfuyant, auxyeux myopes couleurd’eau,–qu’avaient cachélongtemps derrièreelleslessilhouettes
géantes deses prédécesseurs.
Lafaux dutemps luiaouvert lavoie : depuis queMirabeau, Marat,Danton,
Desmoulins, Vergniaud,Condorcetsonttombés, c’est-à-dire letribun, l’agitateur, leguide, l’écrivain, l’orateuret
le penseur delajeune république, ilest désormais toutcelaàlui seul ; ilest Pontifex maximus, dictatoret
triumphator.
Fouchéregarde avecinquiétude sonadversaire, autourduquel maintenant touslesserviles députés
se pressent avecunrespect ostentatoire etqui accepte ceshommages avecuneimpassibilité inébranlable ; drapé
dans sa« Vertu » quiluisert decuirasse, inaccessible, impénétrable, l’Incorruptible parcourtl’arèned’unoeilde
myope, aveclafière conscience queplus personne maintenant n’oseras’élever contresavolonté.
Mais quelqu’un l’ose,cependant ; quelqu’unquin’aplus rienàperdre, JosephFouché, etqui demande laparole
pour justifier saconduite àLyon.
Cette demande dejustification devantlaConvention estundéfi auComité deSalut public, carcen’est pasla
Convention, maisleComité, quidésire delui des explications.
Maisluis’adresse àl’Assemblée desreprésentants
de lanation, comme étantl’instance laplus haute etlaseule véritable.
L’audacedecette demande est
indéniable ; néanmoins,leprésident luidonne laparole.
D’ailleurs Fouchén’estpaslepremier venu ;onacité
trop souvent sonnom dans cette salle : sesmérites, sesrapports, sesactes nesont pasencore oubliés.
Fouché
monte àla tribune etlit un long exposé.
L’Assemblée écoute,sansl’interrompre, sansunsigne
d’applaudissement oudedésapprobation.
Mêmeàla fin dudiscours, pasune main nebouge, carlaConvention
est devenue timorée.
Uneannée deguillotine aôté tout courage moralàces hommes.
Ceuxqui,autrefois,
s’abandonnaient librementàleur conviction commeàune passion, quisejetaient bruyamment, hardimentet.
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