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Henry James traduit

Publié le 30/11/2011

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Henry JAMES a longtemps vécu à Paris à la fin du siècle dernier et son oeuvre a été assez rapidement connue en France; mais, à peine découverte, elle y a été sujet d'incompréhension, ou du moins de malentendus. Paul BouRGET qui a soutenu l'écrivain admirait surtout en lui le représentant d'une psychologie « moderne «, tandis que les générations suivantes ont préféré voir dans l'Américain une sorte de double yankee de Proust. Est-ce que le souvenir ne tient pas en effet une place essentielle dans son oeuvre ? Tout cela n'est pas faux naturellement, mais c'est probablement ailleurs qu'il convient d'aller chercher le secret de cet homme dont la vie s'entoura justement d'une sorte de mystère.

« retardaient la sortie quand ils en avaient accepté l'édition.

L'écriture gênait, le contenu égale­ ment.

Est-ce que Joyce n'avait pas eu l'idée « de dénoncer cette hémiplégie ou paralysie que beaucoup prennent pour une cité ».

Où allait­ on avec un tel brûlot ? Joyce aime souligner, à plusieurs reprises, dans sa correspondance, ce.

qu'il a mis dans son livre, « une odeur parti­ culière de corruption ».

Ainsi, nous voilà pré­ venus et la description de ce monde frelaté, absurde qu'il a choisi de mettre en scène est à la hauteur de son ambition.

Moins qu'une pein­ ture de milieu, on s'en doute , c'est la descrip­ tion de la misère humaine qui a retenu Joyce, cette aliénation des êtres condamnés à vivre ensemble, cette destruction des consciences, cette oppression généralisée qui aboutit à l'impuis­ sance et à la mort.

Une sombre horreur se dégage de cette agonie dans laquelle chacun se débat.

Il n'y a que vice, mensonge, trahison, frustration et personne n'est là pour racheter personne.

Ce chant désespérant l'est peut-être moins pourtant que ce court récit intitulé : Les morts, où Joyce semble rechercher les souvenirs de sa vie, et ranimer ceux qui ont vécu autour de lui, dans une sorte de ronde macabre et dérisoire, tragique et ridicule où les détails sont d'une saisissante et grandiose beauté.

LITTERATURE ALLEMANDE Thomas Mann devant la critique Thomas MANN (1875-1955), aurait eu cent ans dans un an.

Il faut s'attendre à ce que cet anniversaire multiplie les études et les exé­ gèses .

L'écrivain allemand a compté dans la génération de l'entre-deux-guerres et sa place reste marquée parmi les hommes qui ont donné son visage à l'Europe de la première moitié du xx• siècle.

Les Cahiers de l'Herne, avec quel­ que avance, con sacrent une de leurs publications à l'auteur de la Montagne magiqu e.

(Thomas Mann, l'Herne, cahier dirigé par Frédéric Tris­ tan ).

Un visage neuf de Thomas Mann apparaît, celui d'un homme qu'obsède, à travers toute une œuvre, la nuit de l'âme et celle des sens, celle du corps également puisqu'il est hanté par la maladie, sorte de rongeuse qui, dans son tra­ vail infini, met l'homme en mesure de la vaincre en allant au-delà de ses possibilités, c'est-à-dire, en trouvant à se réaliser dans l'œuvre de génie .

On comprend par là pourquoi l'écrivain alle­ mand se situe dans la continuité d'une lignée qui compte tous les grands romantiques de sa race, lignée qui est celle de la folie, la folie étant comprise ici dans le sens presque théolo­ gique du mot, comme un inassouvissement de l'être, une nécessité de dépassement, un besoin d'ailleurs que seules les expériences occultes peu­ vent lui apporter.

Mann descend , dans sa recher_ che, vers les profondeurs inconnues de l'être, ce qu'il appelle les « eaux primordiales ».

C'est un véritable retour aux sources de la vie à travers l'irrationnel; le mythe conduit son œuvre comme il faisait d'Orphée dans les Enfers.

C'est du moins ce qu'il semble à une lecture rapide.

Marguerite Yourcenar, avec beaucoup d'intelli ­ gence, se demande si l'auteur cède à la tenta­ tion ou s'il la domine : « Les vérités qui sem­ blaient ineffables, écrit-elle, descendent volon­ tairement au niveau presque plat d'un encou­ ragement à bien vivre; au premier plan (Mann place), les vertus les plus esotériques et les plus simples, la bienveillance, l'honnêteté d'es­ prit, la modestie...

La sagesse hermétique est devenue tout simplement la sagesse ...

».

On dirait que son attirance instinctive ou volontaire pour la nuit est comme dépassée par sa décision de la vaincre et l'aspect fantastique de son œuvre, qui serait justement l'expression de cet aban­ don à la nuit, est à peine sensible au début, pour disparaître à mesure que les textes se mul­ tiplient.

L'humour ou l'ironie viennent à bout des mythes les plus déroutants.

Agnostique, au dire des témoins, Mann le fut aussi à l'égard de ses propres créations qu'il se plaisait à démon­ ter à l'instant même qu'il les écrivait.

LITTERATURE TCHEQUE L'écrivain tchèque Jan CEP est décédé à Paris Jan CEP est mort à Paris le 25 janvier 1974.

Cet écrivain tchèque, qui a compté dans l'his­ toire littéraire de son pays, était né le 31 décem­ bre 1902 dans un village de la Moravie septen­ trionale : Myslechovice.

Son enfance, passée au milieu d'une population paysanne extrême­ ment pauvre, lui fut l'occasion d'étudier de près les milieux ruraux qui devaient tenir une place importante dans ses écrits .

Ses premières œuvres datent de 1926, mais c'est avec La cen­ taurée (1931) qu'il commença à se faire remar­ quer, roman que suivirent La Pentecôte (1932) et Le manteau troué (1934).

Tous les héros de ces livres, dont l'action se situe à la campagne, sont, à côté de cultivateurs parfois un peu rustres, de jeunes intellectuels, originaires aussi de la campagne, mais que leurs études ont entraîné à la ville et qui tentent d'en échapper, lassés qu'ils sont par cet univers vain, vide et sans attrait, satisfait de sa propre insuffisance.

Jan Cep n'écrit que l'histoire d'une quête tou­ jours recommencée.

Il était catholique et l'ab­ sence de Dieu est un des thèmes les plus pres­ sants de son œuvre; ceux qui vivent sont ceux qui croient ou qui se convertissent.

Bon connaisseur des lettres françaises, Jan Cep a traduit en tchèque Balzac, Claudel, Berna­ nos et Henry Pourrat.

Il avait épousé la fille de l'écrivain français Charles du Bos.

Malgré la position sans ambiguïté qu'il avait prise à l'égard des Allemands, dès avant le diktat de Munich, il ne fut guère accepté dans son pays au lendemain de la Libération.

Il fallut atten­ dre le « Printemps de Prague » pour que ses œuvres fussent, pour un temps, de nouveau rééditées .

Il a été mis à l'index dès la norma­ lisation.. »

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