Henri regarda vivement par la fenêtre.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
V
–Anagramme
Au milieu delarue Geoffroy-Lasnier venaitaboutir larue Garnier-sur-l’Eau, etau bout delarue Garnier-sur-
l’Eau s’étendait àdroite etàgauche larue des Barres.
Là, enfaisant quelques pasvers larue delaMortellerie, ontrouvait àdroite unepetite maison isoléeau
milieu d’unjardin closdehautes murailles etauquel uneporte pleine donnait seuleentrée.
Charles tiraune clefdesapoche, ouvritlaporte, quicéda aussitôt, étantfermée seulement aupêne ; puis
ayant faitpasser Henrietlelaquais quiportait latorche, ilreferma laporte derrière lui.
Une seule petite fenêtre étaitéclairée.
Charleslamontra dudoigt ensouriant àHenri.
– Sire, jene comprends pas,ditcelui-ci.
– Tu vas comprendre, Henriot.Leroi deNavarre regardaCharlesavecétonnement.
Savoix, sonvisage
avaient prisuneexpression dedouceur quiétait siloin ducaractère habitueldesaphysionomie, queHenri nele
reconnaissait pas.
– Henriot, luidit leroi, jet’ai ditque lorsque jesortais duLouvre, jesortais del’enfer.
Quandj’entreici,
j’entre dansleparadis.
– Sire, ditHenri, jesuis heureux queVotre Majesté m’aittrouvé dignedeme faire fairelevoyage duciel avec
elle.
–Le chemin enest étroit, ditleroi ens’engageant dansunpetit escalier, maisc’estpour querien nemanque
à la comparaison.
– Et quel estl’ange quigarde l’entrée devotre Éden, Sire ?
– Tu vas voir, répondit CharlesIX.
Et faisant signeàHenri delesuivre sansbruit, ilpoussa unepremière porte,puisuneseconde, ets’arrêta sur
le seuil.
– Regarde, dit-il.Henri s’approcha etson regard demeura fixésurundes plus charmants tableauxqu’ileût
vus.
C’était unefemme dedix-huit àdix-neuf ansàpeu près, dormant latête posée surlepied dulitd’un enfant
endormi dontelletenait entresesdeux mains lespetits piedsrapprochés deses lèvres, tandisqueseslongs
cheveux ondoyaient, épanduscommeunflot d’or.
On eût dituntableau del’Albane représentant laVierge etl’enfant Jésus.
– Oh !Sire, ditleroi deNavarre, quelleestcette charmante créature ?
– L’ange demon paradis, Henriot, leseul quim’aime pourmoi.Henri sourit.
– Oui, pour moi,ditCharles, carelle m’a aimé avant desavoir quej’étais roi.
– Et depuis qu’ellelesait ?
– Eh bien, depuis qu’ellelesait, ditCharles avecunsoupir quiprouvait quecette sanglante royautéluiétait
lourde parfois, depuisqu’ellelesait, ellem’aime encore ; ainsijuge.
Le roi s’approcha toutdoucement, etsur lajoue enfleur delajeune femme, ilposa unbaiser aussilégerque
celui d’une abeille surunlis.
Et cependant lajeune femme seréveilla.
– Charles !murmura-t-elle enouvrant lesyeux.
– Tu vois, ditleroi, elle m’appelle Charles.Lareine ditSire.
– Oh !s’écria lajeune femme, vousn’êtes passeul, monroi.
– Non, mabonne Marie.
J’aivoulu t’amener unautre roiplus heureux quemoi, cariln’a pas decouronne ;
plus malheureux quemoi, cariln’a pas une Marie Touchet.
Dieufaitune compensation àtout.
– Sire, c’estleroi deNavarre ? demandaMarie.
– Lui-même, monenfant.
Approche, Henriot.
Le roi deNavarre s’approcha.
Charlesluiprit lamain droite.
– Regarde cettemain, Marie, dit-il ;c’estlamain d’unbonfrère etd’un loyal ami.Sans cette main, vois-tu…
– Eh bien, Sire ?
– Eh bien, sanscette main, aujourd’hui, Marie,notreenfant n’aurait plusdepère.
Marie jetauncri, tomba àgenoux, saisitlamain deHenri etlabaisa.
– Bien, Marie, bien,ditCharles.
– Et qu’avez-vous faitpour leremercier, Sire ?
– Je lui airendu lapareille.
Henriregarda Charlesavecétonnement.
– Tu sauras unjour ceque jeveux dire,Henriot.
Enattendant, viensvoir.Etils’approcha dulitoù l’enfant
dormait toujours..
»
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