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Henri fit un pas vers la porte pour exécuter l'ordre de Catherine ; mais au même instant la tapisserie se souleva, et madame de Sauve montra sa tête blonde.

Publié le 04/11/2013

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Henri fit un pas vers la porte pour exécuter l'ordre de Catherine ; mais au même instant la tapisserie se souleva, et madame de Sauve montra sa tête blonde. - Madame, dit-elle, c'est René le parfumeur, que Votre Majesté a fait demander. Catherine lança un regard aussi prompt que l'éclair sur Henri de Navarre. Le jeune prince rougit légèrement, puis presque aussitôt pâlit d'une manière effrayante. En effet, on venait de prononcer le nom de l'assassin de sa mère. Il sentit que son visage trahissait son émotion, et alla s'appuyer sur la barre de la fenêtre. La petite levrette poussa un gémissement. Au même instant deux personnes entraient, l'une annoncée et l'autre qui n'avait pas besoin de l'être. La première était René, le parfumeur, qui s'approcha de Catherine avec toutes les obséquieuses civilités des serviteurs florentins ; il tenait une boîte, qu'il ouvrit, et dont on vit tous les compartiments remplis de poudres et de flacons. La seconde était madame de Lorraine, soeur aînée de Marguerite. Elle entra par une petite porte dérobée qui donnait dans le cabinet du roi et, toute pâle et toute tremblante, espérant n'être point aperçue de Catherine qui examinait avec madame de Sauve le contenu de la boîte apportée par René, elle alla s'asseoir à côté de arguerite, près de laquelle le roi de Navarre se tenait debout, la main sur le front, comme un homme qui herche à se remettre d'un éblouissement. En ce moment Catherine se retourna. - Ma fille, dit-elle à Marguerite, vous pouvez-vous retirer chez vous. Mon fils, dit-elle, vous pouvez aller vous amuser par la ville. Marguerite se leva, et Henri se retourna à moitié. Madame de Lorraine saisit la main de Marguerite. - Ma soeur, lui dit-elle tout bas et avec volubilité, au nom de M. de Guise, qui vous sauve comme vous l'avez sauvé, ne sortez pas d'ici, n'allez pas chez vous ! - Hein ! que dites-vous, Claude ? demanda Catherine en se retournant. - Rien, ma mère. - Vous avez parlé tout bas à Marguerite. - Pour lui souhaiter le bonsoir seulement, madame, et pour lui dire mille choses de la part de la duchesse de Nevers. - Et où est-elle, cette belle duchesse ? - Près de son beau-frère M. de Guise. Catherine regarda les deux femmes de son oeil soupçonneux, et fronçant le sourcil : - Venez çà, Claude ! dit la reine mère. Claude obéit. Catherine lui saisit la main. - Que lui avez-vous dit ? indiscrète que vous êtes ! murmura-t-elle en serrant le poignet de sa fille à la faire crier. - Madame, dit à sa femme Henri, qui, sans entendre, n'avait rien perdu de la pantomime de la reine, de Claude et de Marguerite ; madame, me ferez-vous l'honneur de me donner votre main à baiser ? Marguerite lui tendit une main tremblante. - Que vous a-t-elle dit ? murmura Henri en se baissant pour rapprocher ses lèvres de cette main. - De ne pas sortir. Au nom du Ciel, ne sortez pas non plus ! Ce ne fut qu'un éclair ; mais à la lueur de cet éclair, si rapide qu'elle fût, Henri devina tout un complot. - Ce n'est pas le tout, dit Marguerite ; voici une lettre qu'un gentilhomme provençal a apportée. - M. de La Mole ? - Oui. - Merci, dit-il en prenant la lettre et en la serrant dans son pourpoint. Et passant devant sa femme éperdue, il alla appuyer sa main sur l'épaule du Florentin. - Eh bien, maître René, dit-il, comment vont les affaires commerciales ? - Mais assez bien, Monseigneur, assez bien, répondit l'empoisonneur avec son perfide sourire. - Je le crois bien, dit Henri, quand on est comme vous le fournisseur de toutes les têtes couronnées de France et de l'étranger. - Excepté de celle du roi de Navarre, répondit effrontément le Florentin. - Ventre-saint-gris ! maître René, dit Henri, vous avez raison ; et cependant ma pauvre mère, qui achetait aussi chez vous, vous a recommandé à moi en mourant, maître René. Venez me voir demain ou après-demain en mon appartement et apportez-moi vos meilleures parfumeries. - Ce ne sera point mal vu, dit en souriant Catherine, car on dit... - Que j'ai le gousset fin, reprit Henri en riant ; qui vous a dit cela, ma mère ? est-ce Margot ? - Non, mon fils, dit Catherine, c'est madame de Sauve. En ce moment madame la duchesse de Lorraine, qui, malgré les efforts qu'elle faisait, ne pouvait se contenir, éclata en sanglots. Henri ne se retourna même pas. - Ma soeur, s'écria Marguerite en s'élançant vers Claude, qu'avez-vous ? - Rien, dit Catherine en passant entre les deux jeunes femmes, rien : elle a cette fièvre nerveuse que Mazille lui recommande de traiter avec des aromates. Et elle serra de nouveau et avec plus de vigueur encore que la première fois le bras de sa fille aînée ; puis, se retournant vers la cadette : - Çà, Margot, dit-elle, n'avez-vous pas entendu que, déjà, je vous ai invitée à vous retirer chez vous ? Si cela ne suffit pas, je vous l'ordonne. - Pardonnez-moi, madame, dit Marguerite tremblante et pâle, je souhaite une bonne nuit à Votre Majesté. - Et j'espère que votre souhait sera exaucé. Bonsoir, bonsoir. Marguerite se retira toute chancelante en cherchant vainement à rencontrer un regard de son mari, qui ne se retourna pas même de son côté. Il se fit un instant de silence pendant lequel Catherine demeura les yeux fixés sur la duchesse de Lorraine, qui de son côté, sans parler, regardait sa mère les mains jointes. Henri tournait le dos, mais voyait la scène dans une glace, tout en ayant l'air de friser sa moustache avec une pommade que venait de lui donner René. - Et vous, Henri, dit Catherine, sortez-vous toujours ? - Ah ! oui ! c'est vrai ! s'écria le roi de Navarre. Ah ! par ma foi ! j'oubliais que le duc d'Alençon et le prince de Condé m'attendent : ce sont ces admirables parfums qui m'enivrent et, je crois, me font perdre la mémoire. Au revoir, madame. - Au revoir ! Demain, vous m'apprendrez des nouvelles de l'amiral, n'est ce pas ? - Je n'aurai garde d'y manquer. Eh bien, Phébé ! qu'y a-t-il ? - Phébé ! dit la reine mère avec impatience. - Rappelez-la, madame, dit le Béarnais, car elle ne veut pas me laisser sortir. La reine mère se leva, prit la petite chienne par son collier et la retint, tandis que Henri s'éloignait le visage aussi calme et aussi riant que s'il n'eût pas senti au fond de son coeur qu'il courait danger de mort. Derrière lui, la petite chienne lâchée par Catherine de Médicis s'élança pour le rejoindre ; mais la porte était refermée, et elle ne put que glisser son museau allongé sous la tapisserie en poussant un hurlement lugubre et prolongé. - Maintenant, Charlotte, dit Catherine à madame de Sauve, va chercher M. de Guise et Tavannes, qui sont dans mon oratoire, et reviens avec eux pour tenir compagnie à la duchesse de Lorraine qui a ses vapeurs.

« – Çà, Margot, dit-elle,n’avez-vous pasentendu que,déjà, jevous aiinvitée àvous retirer chezvous ? Sicela ne suffit pas,jevous l’ordonne. – Pardonnez-moi, madame,ditMarguerite tremblanteetpâle, jesouhaite unebonne nuitàVotre Majesté. – Et j’espère quevotre souhait seraexaucé.

Bonsoir, bonsoir. Marguerite seretira toutechancelante encherchant vainement àrencontrer unregard deson mari, quinese retourna pasmême deson côté. Il se fit un instant desilence pendant lequelCatherine demeuralesyeux fixéssurladuchesse deLorraine, qui deson côté, sansparler, regardait samère lesmains jointes. Henri tournait ledos, mais voyait lascène dansuneglace, toutenayant l’airdefriser samoustache avecune pommade quevenait delui donner René. – Et vous, Henri, ditCatherine, sortez-vous toujours ? – Ah ! oui ! c’estvrai ! s’écria leroi deNavarre.

Ah !parmafoi ! j’oubliais queleduc d’Alençon etleprince de Condé m’attendent : cesont cesadmirables parfumsquim’enivrent et,jecrois, mefont perdre lamémoire.

Au revoir, madame. – Au revoir ! Demain, vousm’apprendrez desnouvelles del’amiral, n’estcepas ? – Je n’aurai garded’ymanquer.

Ehbien, Phébé ! qu’ya-t-il ? – Phébé ! ditlareine mèreavecimpatience. – Rappelez-la, madame,ditleBéarnais, carelle neveut pasmelaisser sortir. La reine mèreseleva, pritlapetite chienne parson collier etlaretint, tandis queHenri s’éloignait levisage aussi calme etaussi riantques’iln’eût passenti aufond deson cœur qu’ilcourait dangerdemort. Derrière lui,lapetite chienne lâchéeparCatherine deMédicis s’élança pourlerejoindre ; maislaporte était refermée, etelle neput que glisser sonmuseau allongésouslatapisserie enpoussant unhurlement lugubreet prolongé.

–Maintenant, Charlotte,ditCatherine àmadame deSauve, vachercher M. de Guise etTavannes, quisont dans monoratoire, etreviens aveceuxpour tenir compagnie àla duchesse deLorraine quiases vapeurs.. »

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